Suite à leur soutien à la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, victime d’une attaque, le 7 janvier, au cours de laquelle 12 personnes ont été tuées, quatre figures médiatiques marocaines ont fait l’objet de menaces de mort sur les réseaux sociaux. Il s’agit de la députée du PAM Khadija Rouissi, de la journaliste à Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui, de son mari l’écrivain et chroniqueur Jaouad Benaïssi et de la militante associative de Bayt Al Hikma, Najwa Koukouss. Ils ont tous en commun de défendre la liberté d’expression et d’avoir exprimé leur soutien à la rédaction de Charlie Hebdo.
Tout a commencé le 12 janvier quand Zineb El Rhazoui, militante marocaine et membre de la rédaction de Charlie Hebdo, témoigne dans une émission de France 24. Elle exprime son choc après la tuerie et déclare « On continuera à faire le journal tel qu’il est ». Trois jours plus tard, la journaliste reçoit des menaces de mort via sa boite email et son Facebook.
De même, un hashtag « L’obligation de tuer Zineb El Rhazoui » a circulé sur Twitter. « Zineb a toujours fait l’objet de ce genre de menaces. Depuis les événements de Charlie Hebdo, elle a commencé à recevoir des menaces sur sa boîte email directement, qui ne sont plus des spams », nous confie Jaouad Benaïssi. Concernant les personnes qui envoient des menaces de mort, celui-ci nous confie qu’ils « se revendiquent clairement de l’État islamique ». « Vous peuple du Maroc musulman, vous êtes les combustibles du jihad » commence un tweet qui appelle ensuite à « tuer cette impie» (Zineb El Rhazoui, ndlr).
Benaïssi a lui aussi fait objet de menaces de mort, le 15 janvier. Tout de suite après, il est parti déposer plainte auprès du commissariat du quartier Bourgogne, à Casablanca. Le lendemain, il a été convoqué par le bureau de lutte contre le terrorisme, affiliée à la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) qui lui a assuré que toutes les mesures vont être prises pour le protéger. « Je fais confiance à cette brigade et je me sens rassuré car elle prend ces menaces au sérieux. De même une enquête a été ouverte », nous explique-t-il. Mais Benaïssi a reçu un coup de fil anonyme, le jeudi 22 janvier vers 22 heures, au cours duquel on lui avait dit : « On va te liquider toi et ta femme ».
« Combattre les extrémismes et défendre les libertés »
Après avoir exprimé son soutien à Zineb El Rhazoui et Jaouad Benaïssi, et avoir affirmé que « ces menaces d’assassinat sont un acte terroriste », la députée du PAM Khadija Rouissi s’est retrouvée elle aussi menacée.
« Depuis le 19 janvier, je reçois des messages de menace, presqu’une cinquantaine de personnes qui se disent de l’État islamique. Ça continue jusqu’à aujourd’hui », nous révèle Rouissi. Le 22 janvier, la députée a porté plainte auprès de la BNPJ de Rabat. La députée a également reçu un coup de fil anonyme. La personne au bout du fil a déclaré qu’il « est chargé par Daech de (la) tuer ». Un autre message qu’elle a reçu sur Twitter : « Que dirais-tu si on te rajoutait à la liste des égorgés ? ».
Face à ces messages, la députée nous a confirmé que « ce genre de menaces doit nous interpeler pour combattre l’extrémisme et défendre les libertés ». Pour la députée, « la lutte contre le terrorisme passe par un combat pour les libertés ». Face à ces menaces de meurtre, le bureau politique du PAM demande aux autorités d’assurer « une totale protection » à la députée.
La dernière personne qui a été menacée est la militante associative Najwa Koukouss. « Du 19 au 22 janvier, j’ai reçu une dizaine de tweets avec des photos de tête coupées et des menaces d’assassinat. Je n’ai pas porté plainte, c’est Khadija Rouissi qui a joint à sa plainte mon nom, mais si cela continue, je vais déposer plainte personnellement », déclare Najwa Koukouss. Sur la nationalité des personnes qui lui ont envoyé des menaces, la militante affirme que ce sont des profils d’Algériens, de Marocains et de Syriens. « Une personne algérienne m’a même dit qu’elle était prête à se déplacer au Maroc pour m’égorger », nous raconte-t-elle.
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