Maroc - Arabie saoudite: qu'est-ce que la mort du roi Abdallah va changer?

Le roi Abdallah d'Arabie saoudite est mort le 22 janvier. Son demi frère Salmane lui a succédé sur le trône.  Nabil Mouline, chercheur au CNRS et spécialiste de l'Arabie saoudite, répond à nos questions.

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Mohammed VI et son homologue saoudien Abdallah (photo de 2012). Crédit photo : AFP

Est-ce que la mort du roi Abdallah va changer quelque chose dans les relations entre l’Arabie saoudite et le Maroc ?

A court et moyen terme il ne va y avoir quasi aucune modification. Le nouveau roi va s’inscrire dans la continuité. A cause de la baisse du prix du pétrole, il va peut-être y avoir moins d’aides directes et indirectes, mais la coopération va continuer.

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Comment peut-on qualifier les relations qui unissent le Maroc à l’Arabie saoudite ?

Je ne sais pas si nous pouvons les qualifier de relations privilégiées mais il s’agit au moins de relations étroites. Entre monarchies, les relations sont étroites, à défaut d’être amicales, parce qu’elles s’estiment liées par une destinée commune. Ce lien qui existait depuis des décennies s’est renforcé après 2011 (le printemps arabe, ndlr) quand le camp monarchique s’est senti visé et a voulu assurer une forteresse autour de lui.

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Que savons-nous du prince Salmane ?

Il a environ 80 ans mais on ne connaît pas exactement sa date de naissance. C’est un vieux routier de la politique, il a été gouverneur de la province de Ryad, fief du wahhabisme, pendant presque cinquante ans de manière ininterrompue. Il a donc des liens étroits avec les élites (militaires, religieux etc.) puisqu’elles se concentrent à 75 % dans cette région.

Il a été ministre de la Défense (depuis 2011) et pendant plusieurs décennies il a présidé le conseil de la famille royale où se prennent des décisions privées et politiques qui concernent la famille : mariages, divorces, héritages etc. Cela lui donne beaucoup d’influence dans le processus de décision puisque la royauté en Arabie saoudite est différente de la monarchie marocaine : c’est la famille royale qui gouverne, c’est une collégialité, le roi doit donc être à la tête d’une faction large. Ce n’est qu’un primus inter pares.

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  • cette contrée désertique n’a jamais cessé d’arabêtiser le Monde depuis le la fin du VI siècle après Jesus Christ… Mais un jour viendra que le piège se refermera sur eux ! Déjà ils se protègent par un mur de 900km, 5 épaisseurs bourrées de gadgets électroniques…

  • La dynastie Wahhabite, détournant les Arabes et les Musulmans de leur principal champ de bataille, la Palestine, dans de furieux combats en Afghanistan, n’a jamais tiré un coup de feu contre Israël, au point que le meilleur allié arabe des Etats Unis apparaît, rétrospectivement, comme le principal bénéficiaire des coups de butoir israélien contre le noyau dur du monde arabe, et Israël, comme le meilleur allié objectif de la monarchie Wahhabite Saoudienne.

  • Le plus riche pays arabe, membre de plein droit du G20, le directoire financier de la planète, a dilapidé une part de sa fortune à d’extravagantes réalisations de prestige et à la satisfaction d’invraisemblables caprices de prince, sans jamais songé à affecter sa puissance financière au redressement économique arabe ou au renforcement de son potentiel militaire, bridant au passage toute contestation, entraînant dans son sillage le monde arabe vers sa vassalisation à l’ordre américain.

  • Il est important de noter la nature exitentielle qui lie les monarchies Alaouite au Maroc et celle des Al Saoud en Arabie Saoudite. La première jouie de son statut de descendante d’une lignée chérifienne, donc du Prophete de lIslam; la seconde est préserve le titre de gardienne des Lieux Saints de la même religion. La première représente la face moderne des monarchies Arabo-musulmanes, et la deuxième est vue comme la face de la monarchie puritaine, conservatrice de la tradition. Elle doit gouverner selon les normes tribales, seul système capable de garantir l’unité d’un pays si grand, ethniquement et socialement complexe. Quant au volet politique de cette relation, elle tient ses origines des fondements cimentés par la proximité qu’il y avait entre feu Hassan II et feu Abdelaziz Ibn Saud. En effet, dit-on, les deux hommes se connaissaient tellement bien et se vouaient un respect exceptionnel au point de se consulter mutuellement et constamment sur les affaires internes et externes concernant leurs deux pays. Le roi Abdelaziz avait une fascination particulière envers un roi du Maroc sur qui il pouvait compter pour recevoir les meilleurs conseils, et jouissant d’une intelligence Inouïe et d’une culture faisant pâlir même les monarques occidentaux et et la plupart des chefs d’Etats a travers le monde. Hassan II quant a lui, avec son génie politique, se savait limité par le peu de moyens financiers dont le Maroc disposait pour répondre a ses ambitions politiques; surtout au niveau international. Le monarque saoudien offrait son soutien financier. L’alliance ne pouvait qu’être naturelle entre les deux monarchies qui voyaient la nécessite de protéger, inconditionnellement, leurs intérêts mutuels. Comme dans une famille élargie, les bonnes relations finissent par créer un environnement de confiance au point de ne plus oser même remettre en question la loyauté d’une partie comme de l’autre. C’est pour ces raisons que même les monarchies du Golf reconnaissent sa spécificité et exceptionalisme a la relation qui existe entre les monarchies marocaine et saoudienne.