Hamid Chabat fait encore parler de lui. Le secrétaire général de l’Istiqlal ainsi que tous les députés de son parti ne participent pas, ce mardi 13 janvier, à la session mensuelle de questions orales au chef du gouvernement qui se tient à la Chambre des représentants. L’absence des responsables du parti de la balance s’explique par le nouvel an amazigh, célébré ce 13 janvier.
Le parti indique qu’une demande écrite pour faire de ce jour une fête nationale a été envoyée aux présidents des deux chambres lors de la dernière célébration de Yennayer, en 2014. Interrogé par Telquel.ma, Lahcen Falah, membre du bureau politique du parti de la balance, a déclaré :
Cette décision a été prise par l’ensemble des instances du parti de l’Istiqlal. Nous souhaitons que ce jour devienne une fête nationale. Il faut une application complète de la constitution (qui reconnait la culture amazighe, ndlr) et Abdelilah Benkirane refuse de le faire. Nous prenons donc l’initiative.
Du coup, l’Istiqlal a organisé une marche à Ajdir (dans la province de Khénifra). Rappelons que c’est à Ajdir que le roi Mohammed VI a prononcé son discours du 17 octobre 2001 dans lequel il a reconnu la culture amazigh comme composante de la culture marocaine. A l’heure où nous publions ces lignes, Hamid Chabat prononce un discours.
Que l’initiative
vienne d’un parti connu pour son passé d’opposant farouche aux aspirations d’au
moins la moitié de la population marocaine, c’est-à-dire les Amazighs, on ne
peut que douter de sa sincérité. Ce geste a bien l’air d’une autre manœuvre politiquement
opportuniste de son chef, converti en spécialiste de la polémique et du
populisme à rabais. Ceci n’est pas pour autant dire que le parti de Benkirane veillerait
inlassablement à ce que l’héritage socio-culturel Amazigh soit officiellement
institutionalisé conformément à la norme juridique suprême qu’est la nouvelle
constitution. Mais l’histoire et malheureusement le présent aussi, prouvent que
ces deux formations politiques aux idées conservatrices et souvent dépassées ont
la réputation de ne voir le pays qu’arabe et musulman dans son identité. Hypocrisie
politico-idéologique exige! Elles ne tiennent pas compte de ses autres
spécificités et composantes culturelles qui ont toujours fait la force de ce
pays et renforcé l’image historique d’un Maroc uni dans la diversité en tant
que carrefour de cultures, religions et groupes ethniques divers.
Il faut se souvenir des erreurs faites par l’Istiqlal qui, pendant des décennies passées
au parlement, en sa capacité de « contre-pouvoir » pour protéger
les intérêts de sa minorité dirigeante, a contribué par son idéologie
pan-arabiste importée au déclin de secteurs fondamentaux de l’État marocain. L’allusion
est faite surtout à l’Enseignement public qui a été victime d’enchères qu’ont
ouvert bien volontairement les istiqlaliens dans les années quatre vingt. Ce
faisant, ils ont fini par vendre l’avenir de générations de marocains. Ceux qui
représentent aujourd’hui la majorité de diplômés-chômeurs, parce que non
employables. Oui, la langue arabe allait à elle seule vous sauver et vous apporter
le progrès et la prospérité tant espérés, criaient jusqu’à hier les leaders de
ce parti. Quant au PJD, version accidentelle et vingtième et unième siècle de l’Istiqlal,
il continuera à chercher ses propres excuses pour que le Maroc reste à l’image
toute-faite que les pétrodollars lui ont dessiné et l’ont forcé à porter :
membre du trompe-l’œil qu’est la Ligue Arabe, en attendant un certain Maghreb
Arabe, l’autre folie de grandeurs qui, heureusement, ne verra jamais le jour
parce que mal conçue dès le départ!
Le roi l’a si bien compris et dit à bon entendeur : Le Maroc est avant tout et
pour tout souverain mais membre de la communauté internationale. Ses intérêts
sont en Afrique parce qu’africain il est et c’est dans ce continent que se
trouve l’avenir de la planète. Justement, c’est grâce à son héritage à la fois Amazigh,
arabe et africain qu’il se positionnera mieux et gardera son avantage dans ce
qui est devenu le nouvel Eldorado : l’Afrique et ses richesses interminables. Alors politiciens du Maroc, faites-vous peau neuve ou vous serez voués à l’extinction. Croyez-moi, personne ne se rappellera même pas que vous avez existé parce qu’après tout, pour exister, il faut penser! Le rebranding ne serait pas une mauvaise démarche à condition que le processus de restructuration ou même de fusion puisse apporter effectivement les changements dont rêvent vos « jeunesses militantes »!