Benabdallah veut améliorer le standing des logements sociaux

Des logements sociaux trop petits et chers, ou le désaccord du gouvernement sur le problème de l'habitat menaçant ruine : Mohamed Nabil Benabdallah évoque les défis de son ministère -presque- sans langue de bois.

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Le minitre de l'Habitat et de la Politique de la ville
Nabil Benabdallah, SG du PPS. Crédit: Yassine Toumi/TELQUEL

Lors d’une conférence organisée le 18 décembre par l’Association pour le progrès des dirigeants (APD) à Casablanca, le ministre de l’Habitat et de la politique de la ville Mohamed Nabil Benabdallah est revenu sur les différents défis que son administration doit relever.

Des logements sociaux en mauvais état…

A commencer par le -toujours- épineux dossier des logements sociaux. Le ministre a ainsi annoncé qu’il aimerait avant la fin de son mandat « revoir le cahier des charges des logements sociaux » en ajoutant que les promoteurs devaient « faire des efforts ». Il aimerait leur imposer d’améliorer le « standing » des logements construits et a regretté qu’ils ne fassent que le strict minimum.

Nabil Benabdallah a ainsi expliqué que ces derniers sont censés construire des appartements de 50 à 100 m2 mais que les surfaces dépassant les 55 m2 sont très rares. Enfin, il a reconnu que les immeubles sont parfois en très mauvais état : « Il y a des fissures, des malformations, qui apparaissent au bout d’un ou deux ans seulement  ».

De même, le ministre a reconnu que de nombreux habitants de bidonvilles étaient très réticents à s’installer dans des logements sociaux: « Certaines familles vivent dans des logements de 100 m2, en mauvais état et dans un bidonville, certes, mais 100 m2 tout de même.  Et on leur demande d’aller s’installer dans 50 m2 » a-t-il expliqué. En plus de la réduction de leur foyer, ces familles, dont l’environnement rappelle celui d’un douar, se retrouvent dans de grands immeubles excentrés et mal adaptés à leur mode de vie. Mais si Nabil Benabdallah concède que les autorités se heurtent à de nombreux refus, il assure que « petit à petit, nous allons faire en sorte qu’ils acceptent ce mode de vie ». Sans préciser comment.

Trop chers…

Enfin, avec des logements sociaux vendus 140 000 ou 250 000 dirhams, le ministre a reconnu qu’il n’y avait pas d’offre qui ciblait les plus défavorisés, ceux qui n’avaient aucun revenu. Pour lui, l’une des solutions à privilégier doit être d’augmenter l’offre locative.  « Développer le locatif est essentiel. Surtout que lorsque les gens achètent un appartement, ils ne bougent plus, cela n’incite pas à la mobilité » a t’-il expliqué.

Et pas assez nombreux

Quant au bilan du plan « Villes sans bidonvilles », le ministre a rappelé que 240 000 ménages sur les 260 000 initiaux avaient été relogés à ce jour. Comment se fait-il alors que tant de bidonvilles existent encore, notamment à Casablanca ?  Le ministre pointe l’exode rural du doigt. 100 000 ménages supplémentaires doivent désormais être relogés et l’objectif zéro bidonville est très difficile à atteindre, explique Nabil Benabdallah. Et d’ajouter que la tendance n’est pas prête de s’inverser: « Aujourd’hui, 65 % de la population est urbaine contre 35 % rurale. Dans les quinze prochaines années cette proportion va passer à 80 % et 20 %. Sept millions de personnes supplémentaires vont donc arriver dans les villes ».

Mais maintenant accessibles aux étrangers

Une perspective qui  n’a pas empêché le gouvernement de combler un vide juridique sur l’accès des logements sociaux aux étrangers résidant au Maroc, désormais inscrit dans le projet de loi de finances 2015. Une mesure que Nabil Benabdallah qualifie d’ « extraordinaire ». « Pour qu’ils [les étrangers, ndlr] puissent s’intégrer, il faut qu’ils aient accès à certains services réservés aux nationaux ».

50 millions de dirhams pour reconstruire le Sud ?

Cette conférence a aussi été l’occasion pour le ministre de donner une estimation des coûts de la reconstruction des milliers de maisons ravagées par les inondations de cet automne. « 2 000 maisons en terre ont complètement été emportées. Nous sommes en train de faire le calcul mais à 20 ou 30 000 dirhams par logement, imaginez ce que cela va donner » a-t-il déclaré.  Et de préciser qu’il faudrait éviter « les pièges qui peuvent entraîner des gouffres financiers » en faisant allusion aux fraudeurs. Nabil Benabdallah a assuré que « lorsqu’on met en place des plans d’urgence, il y en a toujours qui viennent s’inscrire même si leur maison est encore debout. Ils peuvent même faire en sorte que la maison ne tienne plus debout, c’est triste à dire mais c’est une réalité ».

Une agence pour combattre l’habitat menaçant ruine ?

Le ministre a enfin évoqué l’importance d’adopter une loi consacrée au problème de l’habitat menaçant ruine et de la rénovation urbaine, afin de régler les problèmes de propriété notamment, ainsi que la mise en place d’une instance dédiée. « Il y a une discussion au sein du gouvernement, le ministère des Finances ne veut pas créer d’agence mais nous avons besoin d’un outil » a-t-il affirmé en assurant que « la rénovation urbaine est un métier ». Pour illustrer son propos, il a donné l’exemple des effondrements de 2012 dans la médina de Casablanca : « Lors des effondrements, les entreprises en bâtiments n’ont pas voulu intervenir à cause des risques d’affaissement des maisons voisines ».

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