Bank Al-Maghrib"" href="http://telquel.ma/2014/12/17/nouveau-taux-historiquement-bas-taux-directeur-bank-al-maghrib_1426558" target="_blank">Bank Al-Maghrib (BAM), en baissant son taux directeur à 2,5 %, espère diminuer le coût du crédit pour les ménages et les entreprises. Et ainsi relancer une économie atone, où la croissance a pointé à 2,5 % en 2014 selon le HCP et BAM (en 2015, le gouvernement prévoit 4,4% et le HCP, 3,7%), tandis que l’inflation est si faible qu’on redoute de s’embourber dans la déflation.
Loin d’être un signal positif, cet abaissement historique du taux directeur de la banque centrale est plutôt le révélateur de la gravité de la situation, pour l’économiste Najib Akesbi, qui considère que « cet abaissement de taux est un bon indicateur du marasme dans lequel l’économie est actuellement plongée. », tandis que Mehdi Lahlou, professeur d’économie à l’Institut national de Statistiques et d’économie appliquée de Rabat considère que la déflation, dont Abdellatif Jouahri assure qu’elle ne menace pas le Maroc, est bel et bien là.
Tous deux doutent de l’efficacité de Bank Al-Maghrib d’injecter des liquidités dans l’économie. Pourtant, pour les banques, s’endetter auprès de la banque centrale n’aura jamais été aussi accessible.
Les banques répercuteront-elles la réduction du taux directeur à leurs clients ?
Najib Akesbi : Rien n’est moins sûr. Les banques fonctionnent en cartel, et elles pratiquent un taux d’intérêt auprès des ménages et des entreprises qui est généralement de 3 à 5 points plus élevés que le taux directeur auquel elles empruntent à Bank Al-Maghrib ; la différence, le taux d’intermédiation, est au Maroc à un niveau parmi les plus élevés au monde.
Par ailleurs, étant donné que les banques prêtent peu, cette baisse du taux directeur ne concernera qu’une faible part des ressources des banques, diluant d’autant l’effet de BAM auprès des ménages.
Mehdi Lahlou : Dans les faits, il y a toujours un délai pour que la réduction du taux directeur se transmette aux taux d’intérêts pratiqués dans les établissements bancaires. Les banques mettent beaucoup de temps à réagir.
Les investisseurs réagiront-ils en entreprenant davantage ?
Najib Akesbi : J’en doute. Cette mesure aurait dû être prise il y a belle lurette, mais elle est encore insuffisante. Notre taux directeur reste très haut : il n’y a qu’à comparer avec les taux pratiqués en Europe, qui se situent entre 0 et 1 %.
Mehdi Lahlou : Pour les investisseurs, c’est moins le prix de l’argent qui est déterminant que leur perception de l’état de la demande. L’état général de la conjoncture est aujourd’hui au plus mal, donc c’est plutôt une posture attentiste qui risque de prévaloir chez les banques comme les investisseurs.
En Europe, avec la crise de 2008 les taux sont descendus près de 0%, et pour autant les créances ne sont pas distribuées dans l’économie.
Ensemble, le taux directeur réduit de Bank Al-Maghrib et le projet de loi de finances 2015 peuvent-ils produire des effets ?
Najib Akesbi : Au contraire, les politiques monétaire et budgétaire prennent des directions opposées. Malheureusement c’est systématique. La politique d’indépendance de la banque centrale est complètement aberrante. Il n’y a aucune coordination des politiques économiques.
Mehdi Lahlou : Le gouvernement et la banque centrale sont dans deux approches totalement différentes. Du côté du gouvernement, depuis 2012 on est dans une logique de réduction des dépenses publiques, en partie pour des raisons objectives et en partie parce qu’avant 2012, les dépenses de compensation ou à destination des jeunes ont explosé, notamment pour acheter la paix sociale dans le contexte du Printemps arabe. Les déficits ont explosé. En plus, la ligne de précaution de 6,2 milliards de dollars accordée par le FMI en août 2012 au Maroc (complétée en juillet 2014 par 5 nouveaux milliards, ndlr) avait pour contrepartie la réduction des déficits.
De son côté, Bank Al-Maghrib est dans une posture différente, confrontée à une situation déflationniste, due notamment à une demande interne compressée (que ce soit par les hausses de prix des carburants, ou d’autres hausses de prix annoncées, comme avec la décompensation). Dans son optique, baisser les taux doit permettre le maintien de l’activité par le soutien à la consommation et à l’investissement, ce qui signifie la hausse des importations et donc in fine un déficit budgétaire en hausse.
Il n’est pas certain que ces deux approches, l’une financière et politique, l’autre économique et sociale, produisent les effets escomptés.
Franchement, je n’arrive pas à comprendre l’assertion « Déflation causée par la hausse des prix des carburants et produits décompensés »!
La déflation n’est-elle pas une baisse persistante et généralisée des prix?
Or, il me semble que nous sommes confrontés à l’inflation couplée à la stagnation de l’économie. Ceci a un autre nom: La stagflation et nom la déflation!
Je me trompe?