Le tribunal de première instance de Casablanca a acquitté, mercredi 17 décembre, Amadou Sadio Baldè, Guinéen résidant légalement au Maroc. Il était accusé d’avoir participé à la « falsification d’une attestation émise par l’administration », c’est-à-dire son passeport, et d’en avoir fait « l’usage ».
Retour en arrière. Le 17 novembre dernier, Amadou Sadio Baldè, qui est président de l’association Conseil des migrants subsahariens au Maroc est arrêté à l’aéroport de Casablanca alors qu’il se rend à une conférence à Bordeaux sur la migration et l’esclavage moderne, à laquelle il a été invité par une association française, le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran).
Mais à l’aéroport Mohammed V, le militant, qui était accompagné du président du Cran et de la délégation (composée de 8 Marocains) qui se rendait à la conférence, est bloqué par un commissaire de police au motif que son « passeport n’est pas valide ». Pourtant, l’ambassadeur de Guinée au Maroc, contacté par Amadou Sadio Baldè, accepte de se porter garant de la validité du passeport. Son passeport a passé les contrôles du service des visas de l’ambassade de France. En vain. Le militant ne peut prendre son vol, puis est placé en garde à vue et inculpé.
Soupçons d’intimidations policières
Un mois plus tard, la Cour a conclu que le passeport était authentique et n’avait jamais été falsifié, et a ordonné que le document soit rendu à son propriétaire. Après son arrestation, Amadou Sadio Baldè avait confié à Telquel.ma : « Le seul motif de cette arrestation, c’est mon militantisme pour la défense des droits des migrants au Maroc depuis 2007 ». Et malgré le verdict favorable, son avocat El Kbir Lemseguem, joint par Telquel.ma, ne cache pas son exaspération au sujet de la procédure :
Comment la police a-t-elle pu se moquer du magistrat en lui présentant un dossier visiblement incomplet, et surtout, comment celui-ci a-t-il pu décider de l’inculpation de mon client sur des bases si minces ?
Ce dernier explique qu’il a été confronté à un cas similaire en septembre dernier. Une Anglaise d’origine congolaise qui avait rendu visite à un membre de sa famille à Casablanca avait failli subir la mésaventure de Amadou Sadio Baldè. Cependant, quand la police a commencé à mettre en doute la validité de son passeport, elle l’a appelé. « Quand ils ont vu qu’elle avait appelé un avocat, ils l’ont laissée partir », raconte Me Lemseguem, qui dénonce « des pratiques d’intimidation envers les personnes subsahariennes et les Noirs en général ».
L’avocat explique que son client et lui-même envisagent de lancer des poursuites et de demander des indemnisations pour préjudice moral et physique, « mais on verra ça dans 10 jours, le délai au cours duquel le parquet peut faire appel de la décision du juge ».
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