Seulement 3% des handicapés mentaux au Maroc sont pris en charge

Les associations qui s’occupent des personnes en situation de handicap mental dénoncent le retard dans le versement des subventions et demandent plus de moyens.

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Association Basama. Reproduction autorisée.

Les associations qui viennent en aide aux personnes en situation de handicap mental sont remontées. Retard dans le versement des subventions, silence du ministère malgré leurs propositions, manque de moyens : la coupe est pleine. Organisées autour de l’Union nationale des associations œuvrant dans le domaine du handicap mental (UNAHM), elles ont prévu de réaliser un sit-in devant le parlement ce 21 décembre.

De l’annonce du handicap jusqu’à la fin de vie, en passant par l’éducation et la formation professionnelle, l’assistance des personnes handicapées mentales est assurée presque exclusivement par ces associations. Elles gèrent des instituts, des unités médico-pédagogiques, des centres d’aide d’action par le travail… une dizaine de statuts existe. Mais faute de moyens suffisants, elles ne s’occupent que d’une minorité de personnes: on recense 347 000 handicapés mentaux au Maroc, environ 5 000 sont encadrés par les associations, et 5 000 sont dans des classes intégrées financées par l’Etat. Il y a donc un peu plus de 3% de malades qui sont pris en charge.

Retard dans le versement des subventions

Une prise en charge globale coûte entre 3 000 et 4 000 dirhams par mois. Les mutuelles ayant passé des conventions avec certaines associations remboursent 700 dirhams, mais seulement jusqu’à 21 ans. Or, « il faut au moins lui (le malade, ndlr) assurer une prise en charge du côté médical parce que s’il reste chez lui, il va développer d’autres maladies : psychiatriques, des problèmes de psychomotricité, bref le handicap va s’aggraver », regrette Sabah Zemmama, présidente de l’UNAHM.

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L’Etat apporte aussi son aide, (800 dirhams par mois par bénéficiaire en moyenne), en passant une convention annuelle avec les associations, sur la base d’une liste établie de bénéficiaires. L’UNAHM aimerait que cette convention ait une durée plus longue, pour que les associations puissent davantage anticiper. Elle réclame aussi que ces aides soient élargies à tous les handicapés, et pas seulement aux plus pauvres. « Quelqu’un qui gagne le smig ne peut pas bénéficier de cette aide, alors qu’il reste pourtant handicapé », s’attriste Sabah Zemmama. Mais surtout, l’UNAHM dénonce un retard dans la signature des conventions (celle de 2015 n’a toujours pas été signée) et dans les versements.

Une méfiance de la part de la ministre

D’après les associations, elles pâtissent d’une méfiance de la part de la Ministre de la Solidarité Bassima Hakkaoui. « Elle doute de la bonne utilisation des subventions, ses services nous disent qu’on paye trop nos éducateurs alors qu’ils sont payés 3 000 dirhams, il nous disent qu’il faut revoir la prise en charge à la baisse », nous raconte Sabah Zemmama.

Parmi les nombreuses revendications du collectif : la mise en place d’une carte d’invalidité (en projet depuis une quinzaine d’années), l’élargissent du rôle du juge de tutelle ou bien l’instauration de postes chargés de suivre les handicapés qui perdent leurs parents, ou encore la création d’un module spécialisé dans l’annonce du handicap aux parents.

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