Connected Walls: immersion dans le quotidien des femmes mules

Le projet Connected Walls continue d'étudier la barrière entre l'enclave espagnole de Sebta et le Maroc. Avec le mini-documentaire Women, on découvre le quotidien des porteuses, ces femmes qui transportent jusqu'à 80 kilos de marchandises sur leur dos.

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Entre l’enclave espagnole Sebta et le Maroc, une barrière, synonyme d’enfermement, d’exclusion, mais aussi d’humiliation. Si le projet Connected Walls s’est d’abord intéressé à la vie des Subsahariens qui vivent aux abords de l’enclave et qui essaient d’atteindre leur rêve d’Europe au péril de leur vie, cette fois, la caméra dirigée par le Marocain Youssef Drissi et l’Espagnole Irene Gutierrez zoome sur le calvaire quotidien des femmes mules. Habitant près des frontières, ces Marocaines transportent des ballots aux poids conséquents et ce, lors de plusieurs allers-retours quotidiens. Portant sur leurs dos des appareils électroniques, des produits alimentaires et cosmétiques, elles fournissent les commerçants de la région en produits venus d’Espagne vu qu’elles disposent d’un laisser-passer qui leur permet d’accéder aux enclaves espagnoles.

Humiliées quotidiennement, elles survivent pour s’assurer un revenu tout en faisant face à leur précarité. « Je me suis faite opérer à cause de ça« , témoigne une des femmes. Une autre avoue qu’elle n’a pas d’autre issue : « Je n’ai personne pour m’aider. Le père de mes enfants ne les prend pas en charge« .

Outre ce dur travail quotidien, la barrière s’érige comme un mur au sein des foyers et le rêve de traverser est insistant. « J’ai un fils qui vit seul à Sebta et une fille qui vit à Tanger, j’aimerais bien réunir ma famille une jour et pouvoir travailler décemment« , déclare une des porteuses. Une autre révèle des détails sur sa vie qui compliquent davantage son quotidien : « J’aimerais bien pouvoir vivre à Sebta, même dans une petite maison. Là-bas au moins, ils ont des droits. Je suis un cas spécial, je suis une femme célibataire. Là-bas les enfants vivent bien, ils ne subissent pas les conséquences de ce genre de détails« , confie à la caméra une jeune maman qui fait le même métier.

Pour rappel, le projet Connected Walls ne s’arrête pas là. Pendant deux mois, les deux réalisateurs impliqués doivent publier plusieurs mini-documentaires, se consacrant à chaque fois à une thématique précise. Après le quotidien des Subsahariens et des femmes mules, les internautes peuvent choisir les thématiques qui leur tiennent à cœur et qui sont ensuite le sujet de films réalisés par les deux artistes. Une approche participative et transmédia qui implique le spectateur et le place au cœur de Connected Walls.

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