A l’occasion de la deuxième journée du sommet mondial de l’entrepreneuriat (GES en anglais), dont la 5e édition se tient cette année au Maroc, à Marrakech, la ville ocre a reçu un hôte de marque, avec tout le dispositif de sécurité que cela suppose, puisque le vice-président américain Joe Biden était l’invité vedette de l’événement. Si les présidents gabonais et guinéen Ali Bongo et Alpha Condé étaient également présents, toute l’attention de l’audience était captivée par le numéro 2 américain, qui, décontracté et séducteur, a réussi à faire chanter aux quelques 3 000 membres de l’audience un « Happy birthday » de circonstance à l’occasion de son anniversaire.
L’opération de séduction s’est poursuivie avec le rappel de la part de Joe Biden du fait que le Maroc a été le premier État à reconnaitre l’indépendance américaine, en 1777. Information partiellement vraie (lire ici et là), qui a eu le mérite de faire plaisir à l’audience.
Place aux femmes
Dans un vibrant hommage aux femmes et à leur contribution à l’économie, le vice-président de Barack Obama a déclaré que « si la moitié de la population ne contribue pas à la prospérité, le pays ne peut pas s’imposer dans la compétition internationale ». Lyrique, il a insisté, en proclamant que les « femmes soutiennent la moitié du ciel ».
De quoi rappeler que le taux d’activité des femmes, encore en berne au Maroc, où seules 26 % des femmes contribuent à la création de richesse selon l’Office international du travail, est l’un des principaux obstacles du Maroc sur la route vers le statut de pays émergent.
L’économie, réponse de fond face au terrorisme
Mais pour Joe Biden, l’enjeu de l’entrepreneuriat, dont la capitale mondiale est durant ces trois jours Marrakech et le Maroc tout entier, est encore plus large. Resituant très vite le Maroc en tant que pays musulman au carrefour des continents africains, européens et du Moyen-Orient, le vice-président américain a relié dès le début de son intervention le GES à la question de la lutte contre le terrorisme. Faciliter la création d’entreprises, lutter contre la faim et créer des opportunités économiques, sont autant de réponses de fond à une thématique qui déborde du seul cadre sécuritaire, a-t-il expliqué en filigrane. « Avoir un travail c’est bien plus qu’avoir un salaire », a-t-il argué, « c’est avoir une place dans la communauté ». Pour ceux qui ne suivent pas, a-t-il rajouté, le risque est tout simplement d’être « laissés sur le bord du chemin ».
Favoriser la création de richesses, « aider tous ces jeunes esprits brillants qui créent », du point de vue de Joe Biden, passe par « l’instauration d’un climat favorable à l’innovation et à l’entrepreneuriat ». Le GES y contribue déjà en lui-même, s’est-il félicité : « des événements comme celui-là aident à promouvoir la culture de l’entrepreneuriat ».
Et cette culture de l’entrepreneuriat, il s’est attelé à en tracer les contours. Dont tous ne vont pas forcément de soi sur le sol marocain.
L’acceptation de l’échec
Reprenant à son compte la conception américaine de l’échec comme source d’apprentissage, Joe Biden a appelé à l’adoption d’un système de valeurs qui permette de réussir… comme d’échouer. « Dans la Silicon Valley, on dit ‘’fail forward’’ (échouer en progressant) », a-t-il fièrement expliqué.
Liberté de religion
Révolution des valeurs, culture d’ouverture… Pour Joe Biden, le climat général favorable à l’entrepreneuriat passe nécessairement par la liberté de parole… et de religion.
Bonne gouvernance
L’idée est plus consensuelle. Joe Biden a tenu à fustiger la « kleptocratie et la corruption », qui peuvent gangrener une économie et tirer un pays vers le bas. Les combattre, a-t-il plaidé, « c’est de l’autodéfense, c’est du patriotisme ! ».
La fuite des cerveaux
« Notre diversité est la cause de notre force », a-t-il rappelé, non sans humilité, imputant directement la puissance des Etats-Unis à leur capacité à attirer les talents les plus divers des quatre coins du monde. Dont une communauté de Marocains aux effectifs estimés de 40 000 à 150 000 personnes.
Le secteur privé
« Les gouvernements ne peuvent gérer la croissance ou la catalyser eux-même », a-t-il assuré. Partisan assumé de la « croissance à la base », Joe Biden ne croît guère aux politiques industrielles et encore moins aux entreprises publiques, si fréquentes au Maroc.
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