La femme du jihadiste N.R arrêté à Casablanca, écrit au roi

Un candidat au jihad a été arrêté à l’aéroport de Casablanca mais ses deux filles restent dans la famille marocaine, contre la volonté de leur mère française.

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L'aéroport Mohammed-V, à Casablanca. Crédit: DR

L’épouse du candidat au jihad arrêté à l’aéroport de Casablanca le 15 octobre vient d’écrire au roi. Il avait quitté la France avec ses deux filles âgées de deux et quatre ans. Lors de son arrestation,  les autorités les ont remises à leurs grands-parents marocains qui ne veulent plus les rendre à la mère.

Dès l’arrestation de son mari, la mère a pris contact avec le Consulat général de France à Casablanca qui était prêt à organiser et prendre en charge le rapatriement.  » Mais le Consulat est bloqué parce que lorsqu’il a voulu récupérer les filles, le grand-père s’y est opposé en prétendant qu’il avait à leur garde « , nous explique Mireille, une membre du Comité de soutien mis en place. Elle ajoute :  » Au début la grand-mère était très favorable à la maman mais au bout de deux ou trois jours, elle a commencé à avoir un discours différent. Elle prétend que son fils l’appelle pour lui dire de ne pas lâcher les enfants. » La maman, qui a accepté de nous parler brièvement, précise :  » Ils me disent que c’est à moi d’aller à la police pour aider mon mari « .

La Française a eu plusieurs fois ses enfants au téléphone mais reste très préoccupée par l’état de santé de la plus jeune. Souffrant d’une cardiopathie, celle-ci reçoit habituellement des soins trois fois par semaine. Désespérée, la mère supplie Mohamed VI d’intervenir. « Je connais votre attachement à la famille et aux enfants et vous savez combien ceux-ci ont besoin de l’amour de leur mère » écrit-elle. Elle ajoute : « Je me bats depuis dix jours pour obtenir leur retour auprès de moi et je ne comprends pas pourquoi la situation est si complexe ». Elle a contacté par fax le procureur du roi dès le 17 octobre  » mais nous n’avons aucune réponse officielle de la part des autorités marocaines «  déplore le comité de soutien.

La justice marocaine devrait donner raison à la mère

Malgré le gel de la coopération judiciaire entre les deux pays, d’après maître Belkacem Chakouri, l’affaire devrait rentrer dans l’ordre rapidement, seulement en passant par la justice marocaine : « Elle n’a pas besoin de la justice française. Les faits se sont produits au Maroc, les enfants se trouvent au Maroc. La maman doit se présenter au procureur du roi et il ordonnera automatiquement qu’on lui rende ses enfants. De droit, la garde lui revient puisque le père étant arrêté, il perd automatiquement la tutelle de ses enfants ». Seulement, la venue de la mère au Maroc n’est pas évident. Ayant accouché le 1er octobre, elle allaite son bébé dont elle ne veut pas se séparer et qui n’a pour le moment pas de passeport. Elle ajoute que financièrement aussi il est difficile d’organiser ce voyage.

La France travaille tout de même pour résoudre l’affaire : « Nous sommes en contact avec les autorités marocaines sur ce dossier. Nous travaillons à la mise en œuvre d’une solution qui préserve l’intérêt des deux petites filles, avec pour objectif qu’elles puissent rentrer en France dans les meilleurs délais pour y retrouver leur mère. », nous précise Alexandre Diebolt, porte-parole de l’ambassade de France au Maroc.

« Il ne faisait que me mentir sans arrêt »

Au micro de France Info, la femme revient sur son histoire. Elle a rencontré son mari marocain en Espagne. Ils se sont ensuite mariés en France. Elle explique : « L’année dernière, j’ai vu qu’il changeait de comportement. Il voulait vendre toutes les affaires, qu’on aille vivre avec les enfants chez ses parents au Maroc et que lui aille faire le djihad tout seul. On est parti au mois d’octobre l’année dernière. Là-bas, il était très agressif avec moi, il voulait que je porte le voile, habillée entièrement, et puis je n’avais pas trop mon mot à dire non plus. ».

Elle ajoute : « Après on est rentré en France et il était très distant avec nous. Il était toujours au téléphone et sur l’ordinateur. Il était renfermé sur lui-même et parlait moins avec les gens ». Alors qu’elle a accouché le 1er octobre, son mari est parti le 3 octobre pour le Maroc. « Il a dit qu’il allait voir sa maman qui était très gravement malade. Ce que je pense n’était pas vrai non plus…  Il ne faisait que me mentir sans arrêt » explique-t-elle.

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