Chaque soir, depuis deux semaines, une série bien particulière tourne sur les écrans de télévision irakiens. L’État arabe de la superstition a pour but de ridiculiser les jihadistes de Daech. Produite par la chaîne publique Iraqyia, elle est diffusée sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones contrôlées. Le scénario, rédigé après la conquête de Mossoul, relate l’histoire d’une ville fictive, dérangée par l’irruption des jihadistes.
Le pari de l’humour
L’objectif des réalisateurs est clair : casser la propagande extrémiste et aider la population à dépasser ses pires angoisses. Souligner les invraisemblances de la façon la plus caricaturale possible, pour dédramatiser. On peut ainsi voir le calife autoproclamé Abou Bakr Al-Baghdadi éclore d’un œuf en plein milieu du désert, comme par magie. Les concepteurs de la série espèrent remporter la bataille médiatique par l’humour. « Chaque enfant, chaque téléspectateur pourra rire de l’État islamique », s’exprime le réalisateur de la série, Ali Kassem.
« Notre objectif est d’éduquer le public, notamment celui qui soutient Daech. Nous voulons montrer que cette organisation ne sont que des criminels, qu’ils ne sont pas musulmans et qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes » explique Kassem. En banalisant et en désacralisant les jihadistes de Daech, les auteurs cherchent à détruire un idéal fondé sur l’hypocrisie et l’absurdité.
Si certains acteurs ont refusé le rôle, d’autres l’ont accepté à la condition de ne pas apparaître dans le générique, par peur d’éventuelles représailles. Le tournage, dont le budget s’élève à 600 000 dollars, s’est effectué à Bagdad, dans l’enceinte du ministère de la Jeunesse et des sports.
Laure Van Ruymbeke
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