Les jeunes ne sont pas assez représentés dans les partis politiques, et encore moins élus, en particulier au niveau local. C’est pour lutter contre ce déficit de représentation que l’Observatoire marocain de la jeunesse et de la politique (OMPJ) a été lancé la semaine dernière.
L’organisme constitué en association se compose pour le moment d’un bureau de 28 personnes « membres d’un parti ou pas, représentatifs de différents partis politiques et de différentes régions ». Alors que l’OMPJ ne peut pas encore recevoir d’adhésions en attente de l’agrément, une centaine de jeunes se seraient déjà manifestés pour participer. Pour eux, on parle de jeunes pour les moins de 45 ans.
Les partis font de la résistance
L’idée de la création de cet observatoire est parti d’un double constat : l’intérêt des jeunes pour la chose publique d’un côté, et le décalage entre le discours et la pratique des partis politiques à ce sujet de l’autre. « On ne peut pas dire que les jeunes se désintéressent de la chose publique mais ils le font à travers les associations et non les partis politiques », nous explique Mohamed Soloh, expert comptable membre du Conseil national du PAM et secrétaire général de l’OMPJ.
Pour Mohamed Soloh, les jeunes ne s’éloignent pas des partis par dégout ou par manque d’intérêt. Les principaux coupables seraient les partis et leur fonctionnement : « Les jeunes n’intègrent pas les partis parce qu’ils ne comprennent pas et que les gens ne font pas l’effort de leur expliquer. Ensuite, il n’existe pas de cours de démocratie à l’école pour expliquer le fonctionnement des institutions. » Il précise : « Il y a de la résistance [dans les partis] donc même s’il y a des jeunes, on ne les laisse pas prendre d’initiatives.»
Un problème au niveau local
Pourtant, Mohamed Soloh croit au pouvoir des partis et de la politique en général : « Je suis acteur associatif et j’ai vu que l’action des associations n’est pas suffisant. Les partis politiques peuvent davantage accélérer les réformes. »
Le manque de jeunes se fait ressentir surtout au sein des partis et aux postes électifs locaux. Au niveau national, il existe des quotas de représentation pour les jeunes, avec une loi qui instaure un nombre minimum de 30 candidats (masculins) âgés de moins de 40 ans à la Chambre des représentants. Mais d’après Mohamed Soloh, ces élus ne sont pas vraiment visibles puisqu’ils manquent d’expérience, au niveau local notamment.
Collecter des statistiques puis plaider au sein des partis
Première étape de l’OMPJ : connaitre le nombre de jeunes élus au niveau national et local et leur présence dans les partis (moins que sur l’abstention au moment des élections). L’association compte s’entourer de chercheurs pour réaliser ces études.
Après, l’organisation espère pouvoir s’appuyer sur ces informations récoltées pour influencer les partis et constituer « une sorte de lobby de jeunes ». « Nous allons faire du plaidoyer pour que la loi soit respectée. Il existe une loi organique qui oblige les partis politiques à avoir un certain nombre de jeunes. La loi ne précise pas le quota, c’est aux partis de l’instituer mais cette mesure n’est même pas respectée.»
Un problème qui incombe aussi à l’État
Mohamed Soloh attend déjà beaucoup de la loi électorale et espère bien qu’elle prendra en compte cette dimension. Son rêve est de voir l’instauration d’un quota. Pour lui, cela devrait déjà être le cas dans la charte communale. Il déplore aussi la suppression du minimum d’études pour être éligible. L’impératif d’un certain niveau d’études serait, indirectement, favorable aux jeunes.
Côté financement, l’OMPJ compte beaucoup sur l’aide d’ONG internationales s’intéressant au sujet et de l’État. L’OMPJ aime à rappeler que d’après l’article 33 de la constitution, ce dernier se doit de généraliser la participation politique des jeunes.
Moi je plaide pour un projet plus sérieux:dissoudre tous les partis politiques comme ça les marocains comprendront mieux