Contrôler à distance ses volets, réguler le chauffage des pièces ou encore éteindre la lumière dans la pièce voisine sans se déplacer ne relèvent plus de l’impossible. La technologie, qui s’est introduite dans notre quotidien grâce aux ordinateurs, smartphones, tablettes et autres gadgets high-tech, s’invite également dans nos maisons pour les rendre « intelligentes ». Cette petite révolution, qui permet de gérer toutes les fonctionnalités de sa maison à partir d’un terminal, a un nom : la domotique.

« L’objectif principal de cette solution est de faciliter la vie des propriétaires en leur permettant de contrôler à distance leur logement », explique Younes Berrada, patron de Madomotique, une jeune entreprise marocaine spécialisée. Concrètement, la domotique combine des techniques et des technologies électroniques, informatiques et de télécommunications dans le but d’automatiser les tâches au sein d’une maison. Grâce à cela, le réfrigérateur, par exemple, est désormais capable de nous indiquer les produits manquants, les volets peuvent coulisser automatiquement dès que le soleil se couche et bien plus encore. « Une fois que le système est mis en place, il devient possible de configurer des scénarios permettant de programmer des tâches répétitives », indique Younes Berrada.

Le secteur se démocratise

L’engouement que suscite la domotique à travers le monde n’épargne pas le Maroc. Elle a fait son apparition chez nous au début des années 2000, mais il a fallu attendre plusieurs années pour qu’elle commence à connaître un certain essor. Seule une vingtaine d’entreprises, réellement spécialisées, opèrent sur le marché marocain. Ce sont principalement des franchises, des importateurs- revendeurs de solutions prêtes et d’intégrateurs issus de domaines adjacents. La cible reste malgré tout assez restreinte. « Le recours à la domotique est devenu presque systématique, principalement pour les résidences haut standing », confirme Yasmine El Kasri, architecte à Casablanca. En effet, les promoteurs immobiliers surfent sur cette vague et proposent des packages intégrant la domotique dans chaque appartement ou villa, pour la lumière, la climatisation, le chauffage, les volets roulants, ou encore la sonorisation. « On ressent dernièrement un intérêt croissant pour nos solutions. Certes, ce sont essentiellement les catégories sociales aisées qui les réclament, mais la démocratisation de la demande se fait ressentir de plus en plus », confirme Younes Berrada.

Cette démocratisation s’explique par la baisse des tarifs d’installation induite par la maturité du marché et la concurrence. Actuellement, un propriétaire peut équiper sa maison en domotique à partir 12 000 dirhams. Bien entendu, plus on intègre de modules, plus l’installation est onéreuse. « L’équipement en domotique peut atteindre 250 000 dirhams, voire plus pour des solutions intégrant la sécurité, la vidéosurveillance et le multimédia », détaille le patron de Madomotique. Nous sommes bien loin des barèmes faramineux pratiqués au début de l’aventure domotique, qui ont aujourd’hui diminué de moitié selon les spécialistes. « En termes de coût, l’offre est devenue plus accessible, ce qui encourage les gens à franchir le pas », constate Yasmine El Kasri.

Fini le gaspillage

Les solutions diffèrent et se développent grâce aux fabricants qui, comme dans toutes les branches technologiques, rivalisent d’inventivité pour faire évoluer les appareils. Et le prix à payer peut s’avérer justifié quand on sait que la domotique a pour principal but le confort, la sécurité, mais surtout l’économie d’énergie. Grâce à ses scénarios et à l’ensemble de ses fonctionnalités, elle permet d’éviter une facture énergétique salée. « Le bénéficiaire peut éviter tout gaspillage d’électricité en éteignant les lumières lorsqu’une pièce est inoccupée, arrêter le chauffe-eau lorsqu’il est en voyage ou encore ne déclencher le chauffage, grâce aux détecteurs de mouvement, que quand une pièce est visitée », explique le dirigeant de Madomotique. Les installations domotique et électrique communiquent alors entre elles pour piloter et automatiser l’ensemble des équipements électriques et électroniques via un ordinateur central préalablement programmé. Le système se charge d’exécuter les ordres liés aux scénarios prédéterminés par l’utilisateur.

Globalement, la domotique analyse nos faits, nos gestes et nos habitudes, afin d’optimiser nos consommations qui, d’après les études réalisées, baissent d’au moins 30%. Elle agit aussi pour la protection des personnes et des biens. L’installation peut être couplée à une vidéosurveillance, qui peut allumer les lumières intérieures pour simuler une présence, avertir en cas d’intrusion dans la maison, ou encore enregistrer et stocker les images numériques. Ainsi, il est désormais possible de visualiser sa maison depuis n’importe quel endroit dans le monde.

Contrairement aux idées reçues, la domotique peut être installée dans une maison déjà construite. Elle s’intègre aussi bien à une villa qu’à un appartement. En fait, il existe deux types d’installation : les solutions filaires et celles sans fil. « L’installation filaire, plus fiable et plus pérenne, nécessite un câblage électrique particulier. Elle est donc beaucoup plus adaptée aux logements en cours de construction », avance Younes Berrada, qui ajoute : « Les solutions sans fil, qui sont plus facilement intégrables, sont recommandées pour une maison finie ». Une installation domotique peut nécessiter entre un et trois jours lorsqu’il s’agit de solutions sans fil. Pour les solutions filaires, le temps d’installation est beaucoup plus important étant donné qu’elles sont directement intégrées à l’installation électrique de la maison qui, précisons-le, diffère du câblage électrique habituel. « C’est pour cette raison que nous conseillons à nos clients de nous solliciter tant que leur logement est toujours en chantier », avance Berrada. En cas de panne du système domotique, la maison ne tombe pas en ruines. Tous les appareils commandés à distance peuvent toujours être actionnés manuellement.