Sur les côtes de l’Atlantique, à 60 kilomètres au sud d’Essaouira, la baie de Tafedna est le domicile de quelques 200 petits pêcheurs. À l’entrée du village, quelques dizaines de barques bleues sont stationnées sur le sable et attendent leur tour pour prendre le large. L’une d’elle vient d’accoster sur la plage après plus de 8 heures en mer. A son bord, Larbi accompagné de trois autres pêcheurs. A peine sorti de l’eau, Larbi négocie déjà les prix de sa pêche. Ce jour-là, il gagnera 100 dirhams en vendant du calamar et de la sole. Destination « Lahri » comme il l’appelle, une petite chambre où il passe l’autre moitié de sa journée avant de retourner au « bled ». Le lendemain ? « La même chose, je me réveille à 4 heures, et je commence une autre pêche », répond-il.
Tafedna a beau être un havre de paix, plusieurs problèmes minent le moral des habitants et des pêcheurs. Au centre du village, Ahmed, fils de pêcheur, tient l’unique café du coin. Il rêve de faire de son village natal une destination touristique de qualité et milite pour la préservation d’une pêche artisanale durable. « Sans propreté, notre village ne pourrait jamais bénéficier des revenus touristiques, malheureusement, les pêcheurs n’y accordent aucune importance », explique-t-il.
Le métier de pêcheur peut s’avérer particulièrement dangereux, difficile, exposé à de nombreux risques : conditions de navigation, conditions de travail, manœuvres, matériels… Pour prévenir les risques, le programme de mise à niveau de la pêche artisanale, intitulé Pack Mawarid, lancé en 2008 au Maroc dans le cadre du projet Ibhar, prévoit notamment l’équipement des barques par des caissons isothermes, des sondeurs et des gilets de sauvetage. « Ils les ont mais ils les laissent chez eux et partent en mer sans être équipé », signale pourtant le jeune homme.
Les pêcheurs de Tafedna font de la résistance. Partout au Maroc, les petits pêcheurs quittent leurs villages d’origine et partent plus au sud, à Dakhla, où se concentre 65 % de la production halieutique du Maroc. Entre modernisation et tradition, Tafedna tente, pour sa part, de trouver son équilibre.
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