Depuis janvier 2014, la ville de Safi connaît plusieurs campagnes de protestation dénonçant la pollution. Les appels à manifester lancés sur les réseaux sociaux ont été suivis par des dizaines de citoyens. A la tête de ce mouvement de fronde, des écologistes, portant des masques anti-pollution et battant le pavé pour dénoncer le projet de centrale thermique à charbon. Leurs banderoles dénoncent une source de pollution supplémentaire qui vient se rajouter à celles causées par les usines de ciment, de plâtre et de phosphate.
C’est un site d’environ 100 hectares terrestres et 15 hectares maritimes, situé à quelques kilomètres au sud de Safi, qui se prépare à accueillir la centrale de la discorde. La construction, qui n’a pas encore débuté, est confiée au consortium constitué de GDF Suez, Mitsui & Co. et Nareva Holding pour le compte de l’Office national de l’électricité. Le consortium a obtenu une concession d’exploitation d’une période de 30 ans. Dans un contexte d’urgence énergétique, la centrale doit permettre de suivre la forte hausse de la demande en électricité au Maroc. L’un des volets stratégiques de la nouvelle station est l’utilisation de « charbon propre ». Une technologie qui permet d’augmenter de 50 % le volume d’électricité produite et ce pour une même quantité de matière première tout en réduisant les émissions de CO₂ émises dans l’atmosphère.
Initialement, la centrale thermique aurait dû voir le jour à Agadir, le Conseil de la ville s’y est opposé, arguant de l’impact négatif d’une telle installation sur le tourisme. Même chose à Tiznit, où le projet avait ensuite été redéployé. La mobilisation conjointe de la société civile et des parlementaires a mis un terme au projet d’implantation. La centrale verra donc le jour en 2017 à Safi. Deux points de litige principaux opposent les écologistes aux porteurs du projet.
- 1. Le rejet des eaux dans la mer
Le réseau de la défense de l’environnement, fer de lance de la mobilisation écologique à Safi, craint les conséquences du reversement dans la mer de l’eau utilisée pour la transformation du charbon, à l’image d’Abderrahim Zbida, membre du réseau de la défense de l’environnement : « Même si ce charbon est propre, il faut savoir qu’il est composé de plusieurs éléments radioactifs et chimiques, dont l’uranium, le thorium, l’arsenic, le mercure et le sélénium ».
Mais de son côté, Noureddine Serhir, le directeur général de Safiec, la société qui représente le consortium, explique que « l’eau qui sera rejetée dans l’océan Atlantique est en fait l’eau de refroidissement, qui provient de la mer et sert au refroidissement du circuit vapeur, les standards nationaux et internationaux seront respectés ».
- 2. L’enfouissement des cendres
Outre la problématique hydraulique, les écologistes évoquent un autre risque environnemental, celui de « l’enfouissement des cendres qui menace de contaminer la faune, la flore et la nappe phréatique de la région », s’alarme Farid Fritoun, membre de la section locale de l’Association marocaine des droits de l’Homme. Selon les résultats de l’étude d’impact environnemental et social réalisée par le bureau d’étude anglais Mott MacDonald pour le compte du consortium, les cendres provenant de la combustion du charbon seront enfouies dans les terres de deux communes, Ayir et Khtazakane. Cette nouvelle a mis en alerte une dizaine d’associations représentant les habitants des douars de la commune de Khtazakane qui ont signé une pétition adressée aux autorités locales. Ils exigent la protection de leurs terres, en dénonçant le désastre écologique que causeront les enfouissements des cendres à proximité de leurs terres agricoles et de leurs bétails.
Quelles garanties offrir aux habitants face aux menaces écologiques de ces enfouissements ? Selon Noureddine Serhir, « les cendres produites par la centrale de Safi ne seront enfouies que dans un site d’enfouissement… La centrale sera également munie d’équipements et moyens d’atténuation de pointe : unités de désulfurisation et dénitrification des gaz de combustion, brûleurs à bas-NOx et dépoussiéreurs électrostatiques ».
Un passif écologique déjà chargé
Safi subit depuis plusieurs années déjà la dégradation de son écosystème. Les écologistes tirent la sonnette d’alarme et alertent sur plusieurs phénomènes tels que la pollution de l’air, l’apparition de nouvelles maladies chroniques et la migration des poissons.
Plusieurs militants accusent le complexe chimique de Safi d’être l’un des responsables de cette dégradation environnementale, à l’image d’Abderrahim Zbida :
Il y a un tuyau venant du complexe de phosphate qui reverse des déchets liquides dans la mer. On remarque l’augmentation de l’acidité, ce qui provoque la disparition des poissons et la transformation radicale du milieu écologique marin.
Si auparavant, Safi était un emblème national de la pêche et de l’exportation de poissons, aujourd’hui « les pêcheurs quittent Safi, et parfois changent carrément de métier, sans oublier les nombreuses usines de poissons qui ont fermé », ajoute-t-il.
La relation entre la pollution et la santé à Safi est un fait scruté à la loupe depuis de nombreuses années. « Les habitants sont victimes de suffocation, d’ostéoporose, de crise d’asthme et d’allergies », explique Salaheddin Abir, militant écologiste et journaliste. En 1997 déjà, les problèmes de santé dû à la pollution faisaient l’objet d’un rapport étatique. Plusieurs pathologies respiratoires liées à la pollution atmosphérique ont été enregistrées, comme l’indiquait le rapport :
Des corrélations significatives apparaissent entre le total des maladies respiratoires et les particules en suspension.
Le traumatisme de la fuite de gaz toxique échappé du complexe chimique de phosphate, en mars 2014, à l’occasion de laquelle plusieurs personnes ont été hospitalisées, est encore vivace. Un événement aux nombreux précédents, puisque l’on ne compte pas moins de 6 incidents de ce type depuis 2001.
A ce titre, l’année 2011 reste dans toutes les mémoires. Plus de 20 cas d’intoxication suite à l’inhalation de soufre et d’acide phosphorique provenant du complexe de phosphate de l’OCP avaient été recensées, ainsi qu’une centaine d’évanouissements. Interrogé sur le phénomène, Mohamed Soual, conseiller du PDG de l’OCP, explique que 99 % des fumées dégagées sont à base de vapeur d’eau :
Quand il y a des vents nord-ouest, ils ramènent les fumées vers la ville, surtout quand elle est soufrée, il se peut que les âmes sensibles s’évanouissent, mais ce n’est pas dangereux.
L’OCP semble être consciente de ce fléau, plusieurs efforts ont été entrepris par la présidence, notamment l’arrêt du transport de l’ammoniac en 2009 malgré son importance pour l’économie marocaine, comme ne manque pas de le souligner Mohamed Soual :
L’ammoniac est nécessaire à la production de certains types d’engrais très demandés au marché international, mais les conditions du transport n’assuraient pas la sécurité nécessaire.
En la matière, un nouveau projet baptisé Safi Phosphate Hub (SPH) a été lancé, qui sera situé à 17 km au sud de la ville de Safi, à coté du nouveau port en cours de construction. « Ce projet réduira les émissions de quelques dizaines de millions de mètres cubes de CO₂ », argumente Mohamed Soual. Quant au complexe de phosphate actuel, il sera transformé en technopole de recherche mondiale.
Safi espère plus d’initiatives afin de réduire la pollution de son écosystème. De fait, la conscience environnementale s’accentue chez les Safiots. Mais, une question se pose, parviendront-ils à se faire entendre sans le support franc et massif des élus ?
Safi ressemble à un cratère de volcan qui dégage nuit et jour des gaz toxiques ; ça sent le souffre , en plus des intoxications par inhalation , il faut s attendre à des malformations congénitales chez les nouveaux nés ! consommer son poisson chargé de radium et c est la leucémie ! Safi agonise . les ouvriers OCP , très exposés sujets à une toux chronique incurable souvent s évanouissent sans raison apparente , tombent comme des mouches sur le lieu de travail .la mort lente insidieuse! pour un salaire misèrable.