« Avant d’avoir mon bac, une seule idée me hantait : ne pas finir, à 30 ans, assise derrière un bureau ». A présent qu’elle a mis un pied dans la trentaine, Meryem Zaïmi, comédienne de théâtre hors pair, est heureuse d’avoir échappé à sa vision adolescente de l’enfer. Bien moins épatante en héroïne du petit écran, qu’elle investit dans Kenza F’douar, sitcom convenue du ramadan, la jeune actrice n’est pas là pour plaire. Alors que d’autres de ses confrères se cachent derrière l’excuse alimentaire pour justifier l’appel de la télévision, Meryem Zaïmi assume son envie de découvrir de nouveaux horizons et de travailler sous la direction de Hicham Lasri (The End, C’est eux les chiens). Si on le préfère au cinéma et elle au théâtre, le produit livré à 2M est pourtant champion de l’audimat. Celle qui incarne Kenza, citadine en exil rural à l’accent fassi forcé et aux manières affectées, est contente que la sitcom « plaise à la cible ». « Il y a aussi ceux, plus élitistes, qui ont regardé parce que j’y étais, et à qui ça n’a pas plu, explique-t-elle. Ils pensaient peut-être que j’allais changer un genre, alors que je n’ai fait que m’y conformer ». Meryem Zaïmi est franche, sans ego ni chichis. Elle accepte une fois, de temps en temps, de verser dans le divertissement cathodique, qu’elle ne trouve pas dégradant. Peut-être aussi parce qu’elle sait au fond d’elle que ce sont les planches qu’elle préfère.
D’une interprète à l’autre
Elle monte pour la première fois sur scène lors du concours d’entrée à l’ISADAC (Institut supérieur d’arts dramatiques et d’animation culturelle), qu’elle intègre en 2004. Avant cela, elle a arpenté, pendant trois longues années, les couloirs de la faculté de lettres de Rabat, branche anglais. « Je m’imaginais devenir interprète, suivre des ambassadeurs », se souvient Zaïmi. Sauf que les perspectives sont monotones. Elle manque les cours, gagne des amitiés, découvre les artistes en herbe de sa génération, leur institut et leurs spectacles. « Je pensais que le métier de comédien n’en était pas un, qu’il fallait avoir une autre source de revenu à côté », dit-elle. Avant ses vingt-trois printemps, âge limite pour le concours de l’école, elle troque ses rêves d’interprétariat pour l’interprétation, et fonce tête baissée dans une passion qui finira par l’habiter. Après avoir vécu son baptême théâtral avec la troupe Aquarium, c’est Dabateatr, autre compagnie de la capitale, qui offre à Meryem Zaïmi son plus beau rôle. En 2010, elle se rend à la première de Hadda, pièce écrite et mise en scène par Jaouad Essounani, avec lequel la jeune comédienne a déjà travaillé. L’histoire en miroir de cette femme au destin déchiré, étrillée par un Maroc totalitaire et fanatique, la transporte. A un détail près : la langue utilisée est le français. « A la fin de la représentation, raconte Meryem Zaïmi, j’ai été dire à Jaouad que sa pièce se devait d’être jouée en arabe. Il a éclaté de rire, m’a rétorqué « ewa ? ». Ewa je l’ai traduite. Et puis, je l’ai jouée. » Interprète, par deux fois.
Merci, mais non merci
« Quand je joue Hadda, je suis en transe. Je voudrais répéter ce texte et ce jeu à l’infini, et finir par mourir sur scène ». Pourtant, Meryem ne se considère pas comme une tragédienne. « Au théâtre, j’ai rarement refusé des rôles. A la télévision et au cinéma, ça m’est souvent arrivé ». Deux mondes « qui ont leur charme », mais qui peuvent se résumer à « 4 heures de stand-by pour une action de 2,3 minutes ». A la télé, avant Kenza f’Douar, elle se fait connaître du grand public dans la deuxième saison de Bnat Lalla Mennana, qu’elle joue aussi au théâtre. « Après la série, j’ai reçu pas mal de coups de fil de réalisateurs. On me disait : on a un rôle de belle jeune fille, grande de taille, et qui sait jouer la séduction. Merci, mais non merci. » En attendant, Meryem continue de jouer Hadda. Elle s’apprête aussi à tourner une série avec Yassine Fennane, « l’un des seuls réalisateurs, avec Lasri et Mouftakir, avec qui je rêve de jouer au cinéma ». La jeune comédienne prend son temps, et surtout celui de pouvoir dire non : « Je ne veux pas être de ceux qui franchissent la porte de la télé et qui ne sont plus capables de faire marche arrière, par manque de patience et de force. La télé, ça peut faire rouiller. »
Personnellement j’ai apprécié son rôle dans Bnat Lalla Menana ! D’ailleurs c’est elle qui donnait du piment à la série … Pour cette année, en revanche, c’est d’une platitude, tellement surjoué, aucun naturel… J’ai pas adhéré du tout !