Abou Hafs: «Mes anciens compagnons me désapprouvent»

Photo : Rachid Tniouni

Smyet bak ?

Mohamed Abdelwahab.

Smyet mok ?

Fatima.

Nimiroud’la carte ?

BE 644252.

Pourquoi ce nom, Abou Hafs ?

Contrairement à ce que croient certains, ce n’est pas un pseudonyme, un « ism haraki ». Mon fils, Hafs, est né en Arabie Saoudite, et là-bas, ça se fait beaucoup d’appeler un homme en référence au nom de son fils.

Avant d’avoir connu la prison, auriez-vous soutenu les jihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ?

Non, je ne pense pas. Car derrière ce qu’il se passe en Syrie, il y a trop d’enjeux géopolitiques, de grandes puissances à l’œuvre… Et aujourd’hui, je demande aux jeunes Marocains de ne pas partir se battre en Syrie. Cela m’attriste de voir une jeunesse naïve et enthousiaste mourir pour des enjeux qu’elle ne maîtrise pas.

Que pensez-vous des salafistes égyptiens de Hizb Al Nour qui soutiennent le nouveau régime ?

Je désapprouve ce soutien. Mais pour bien connaître certains cadres de Hizb Al Nour, leur position ne m’a pas vraiment étonné. Et puis, les salafistes ont une longue tradition d’allégeance au pouvoir en place, quel qu’il soit.

Vos anciens amis chouyoukh vous en veulent-ils pour vos nouvelles positions plutôt ouvertes ?

Hassan Kettani, dont j’étais très proche, s’est éloigné de moi. Je pense que plusieurs de mes anciens compagnons désapprouvent mes propos. Mais je ne me suis 
pas départi de ma foi, bien au contraire, je ne fais que l’ancrer plus profondément, en acceptant le dialogue avec tous les Marocains, y compris les laïcs.

Lorsque vous étiez en prison, vous vous imaginiez finir chroniqueur radio et membre du Parti renaissance et vertu (PRV) ?

En prison, je lisais beaucoup, je changeais. Et je me disais qu’à ma sortie, je n’attendrai pas, je prendrai ma vie en main et je foncerai. Aujourd’hui, j’ai un emploi du temps chargé, entre la direction d’une petite école de formation, des activités politiques et une émission hebdomadaire. Ce qui me comble de plaisir, c’est surtout la radio. Parler de sujets de société, de religion, faire des propositions à des millions d’auditeurs, c’est fantastique.

Pourquoi vous êtes-vous énervé contre les retransmissions payantes de la Coupe du Monde ?

Je suis un supporter de l’équipe d’Argentine. J’avais l’habitude, depuis la Coupe de 1982 en Espagne, de regarder gratuitement le Mondial. Et ce jusqu’à mon entrée en prison. A ma libération, je découvre avec stupéfaction qu’il faut payer pour regarder du sport !

Vous avez un diplôme en économie islamique. Economiquement, l’islam est-il libéral ou socialiste ?

Je dirai qu’il est entre les deux. Il approuve la propriété privée mais prône le partage et s’oppose à une concentration trop importante du capital.

Vous comptez vous présenter aux élections avec le PRV ?

Je ne sais pas encore. Ni mes amis du parti ni moi-même ne sommes encore fixés. Mais ça se pourrait.

Antécédents

1974 :  Naissance à Casablanca

1994 : Part en Arabie Saoudite suivre des études religieuses

2003 : Est arrêté et emprisonné pour ses prêches jugés trop radicaux

2012 : Sort de prison

2014 : Anime une émission de radio sur MFM et milite au sein du Parti renaissance et vertu[/encadre]

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