Chaque été, des milliers d’étudiants sont à la recherche de stages souvent obligatoires pour compléter leur cursus universitaire. Une tâche ardue autant pour les stagiaires potentiels que les entreprises qui ont souvent du mal à trouver les profils adéquats. « Le constant est toujours le même, les attentes des deux côtés sont en grande inadéquation« , explique Youssef El Hammal, directeur fondateur de Stagiaires.ma, portail spécialisé dans la recherche de stages. Pourtant, le problème n’est pas dans le manque de disponibilité de postes. D’après ce même rapport, 91% des entreprises manifestent un besoin de recruter de stagiaires, mais seulement 41% d’eux franchissent le pas (voir graphique plus bas). Le problème est donc à diagnostiquer ailleurs.
L’inadéquation des domaines recherchés par les entreprises et les futurs stagiaires est un premier point à relever. Si les managers cherchent en majorité des commerciaux (57%), ce créneau n’est pas dans la priorité des étudiants qui sont uniquement 9% à aspirer à ce poste. De leur côté, ces derniers sont une minorité à chercher des stages en finance et gestion (3%), secteur hautement convoité par les entreprises (31%). Ce qui illustre clairement un écart entre stages demandés et profils recherchés.
Les indemnités de stage ne sont toujours pas monnaie courante. Seulement 42% des entreprises interrogées disent avoir attribué des rémunérations à leurs stagiaires. Ce chiffre est pourtant en hausse, vu que ce chiffre ne représentait que de 33,5% en 2013. Cette somme se situe généralement entre 1600 et 2000 dirhams d’après les chiffres de l’enquête. Seulement 2% des étudiants ont reçu une rémunération de plus de 3000 dirhams.
Parmi les chiffres significatifs révélés par l’étude de Stagiaires.ma, on notera une percée non négligeable d’Internet. Les entreprises ayant recours à la toile pour recruter leurs stagiaires sont désormais 43%, contre 29% l’année passée. La presse écrite a tendance à disparaître, puisqu’elle ne représente plus qu’1% auprès des étudiants à la recherche d’un stage. Ces derniers restent une majorité à trouver un stage grâce à leurs écoles, pendant que les entreprises puisent essentiellement dans leur CVthèque interne (59%).
Le quiproquo perdure au niveau des durées de stages proposées, si les entreprises privilégient les longues durées (21% à proposer des stages de six mois et plus), 59% des étudiants cherchent un stage qui durerait entre un et deux mois.
La satisfaction est donc toujours aux abonnées absents. De manière globale, plus de la moitié des stagiaires et des managers se disent insatisfaits. « Les passages en entreprise ne sont souvent pas en harmonie avec la formation des étudiants. Aussi, on a le même comportement avec un employé de l’entreprise qu’avec un stagiaire. Alors que ce dernier a besoin d’accompagnement et d’encadrement durant sa période de stage« , note le fondateur de Stagiaires.ma. L’insatisfaction pourrait s’expliquer aussi par le fossé entre les attentes des employeurs et des étudiants, l’inadéquation des périodes proposées et le manque de valorisation du travail accompli par les stagiaires.
A quand une réglementation ?
Tous ces dysfonctionnements peinent à être réglés en l’absence d’un cadre légal maîtrisé. « Aujourd’hui, le travail du stagiaire n’est pas du tout valorisé, ce qui ne le motive pas pour s’investir en entreprise« , explique Youssef Hammal. Si en France, recruter un stagiaire suppose des obligations de l’employeur explicitement citées dans la loi (obligation de la convention, conditions de recours à un stagiaire et rémunération), on peine toujours à mettre en place une loi permettant de réglementer le secteur au Maroc.
Les stages rémunérés sont rares. les statistiques sont erronées