A peine la Coupe du monde terminée, les esprits se tournent déjà vers les prochaines éditions du Mondial. Celle qui se tiendra au Qatar en 2022 est particulièrement controversée à cause, notamment, des allégations de corruption planant sur la candidature qatarie et les conditions de travail des ouvriers opérant sur les chantiers. C’est ce dernier élément qui a été l’objet d’une étude réalisée par la Fondation du Qatar.
La recherche se concentre essentiellement sur les conditions de vie des ouvriers provenant de cinq pays : l’Inde, le Bangladesh, le Sri Lanka, le Népal et les Philippines. L’étude pointe du doigt le rôle des « agents de travail » censés garantir des emplois aux ouvriers dans le Golfe. Selon l’auteur de cette analyse, Dr Jay Jureidini, ces agents prélèvent aux ouvriers une somme estimée entre « 600 et 5 000 dollars » aux travailleurs provenant du sous-continent indien. Des frais qui poussent les travailleurs à vendre des biens familiaux et à s’endetter avant même d’arriver au Qatar. Le rapport qualifie même ces frais « d’extorsion de la part des agents afin d’assurer des emplois au Qatar ».
Contrats trompeurs
Les agents de l’emploi opérant au Qatar doivent payer aux employeurs une somme estimée entre 200 et 600 dollars par employé afin de garantir l’emploi à ces derniers. Cette somme se rajoute d’ailleurs aux frais que les agents prélève des futurs ouvriers.
Autre souci pour les ouvriers asiatiques, les contrats proposés par leurs employeurs. Les accords liant les deux parties sont des appâts pour les ouvriers qui se voient tout d’abord proposer des conditions et salaires attractifs. Une fois arrivés au Qatar, ils se voient généralement offrir des contrats de substitution qui « offrent » des salaires inférieurs aux contrats initiaux, ou davantage d’heures de travail. Ces documents sont écrits en arabe, une langue que les ouvriers ne comprennent pas. Selon l’étude de Jureidini, un tiers des ouvriers employés au Qatar se sont vus offrir ce type de contrat.
Discrimination salariale
Le rapport se concentre aussi sur les méthodes de paiement des ouvriers et critique les paiements en cash effectués sans attestation de paiement. Un procédé qui ne facilite pas la vie des ouvriers vivant au Qatar, qui doivent payer des frais supplémentaires afin d’envoyer une partie de leurs salaires dans leurs pays d’origines.
Autres critiques émises par la Fondation du Qatar, celles concernant la discrimination salariale. Selon l’étude, un maçon turc est payé 1 135 dollars par mois tandis qu’un Indien occupant la même fonction se voit reverser un salaire de 202 dollars mensuel.
Des passeports confisqués
L’étude de la Fondation du Qatar se penche également sur le système de la Kafala, selon lequel les employés doivent avoir un garant qui peut être un citoyen qatari ou une entreprise établie au Qatar. Le rapport dénonce les abus potentiels causés par le système du visa de sortie et de certificat de non-objection (à la sortie du territoire, ndlr). A ce sujet, la recherche de Jureidini recommande la délivrance automatique de ces deux documents afin que les employés qui voient leurs droits violés puissent quitter leur emploi et le territoire à leur guise. Les entreprises qataries ne sont pas exemptes de tout reproche et le rapport dénonce, notamment, la saisie des passeports des ouvriers par les employeurs.
Selon un article du quotidien britannique The Guardian, paru en mai 2014, plus de 1 000 ouvriers seraient morts durant la construction des stades destinés au Mondial 2022. A noter que la Fondation du Qatar est une organisation à but non lucratif créée par l’émir du Qatar, Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani.
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