Le dimanche 22 juin au soir, l’équipe de football d’Algérie gagne son premier match en Coupe du Monde. À la suite de cette première victoire, des scènes de liesses ont lieu dans tout l’hexagone. Mais à Lyon ou encore en région parisienne, des débordements sont constatés, et des affrontements éclatent entre jeunes et forces de l’ordre. Au total ce soir là, la police procède à 28 interpellations de supporters sur tout le territoire.
Suite à ces débordements, plusieurs groupuscules d’extrême-droite dénoncent les actes de vandalisme et prévoient, notamment à Lyon, une manifestation « anti-racailles », qui sera par la suite interdite par la préfecture de police. A l’origine de cet appel, le « Bloc Identitaire », une formation d’extrême-droite majoritairement jeune, se défendant d’être « patriote » face à « la racaille », et contre « l’islamisation de la France ». Après l’interdiction de leur manifestation par la préfecture de police et le ministère de l’intérieur, les responsables du Bloc Identitaire appellent leurs militants à s’équiper de caméras et à filmer les débordements du prochain match.
Dans la nuit du 26 au 27 juin, après la qualification de l’Algérie pour les huitièmes de finale, de nouveaux débordements ont lieu à Lyon, Paris et Marseille. Ce soir là, les forces de l’ordre procèdent à 74 interpellations en marge des festivités.
Le vrai du faux
Mais sur les réseaux sociaux, l’extrême-droite et particulièrement le bloc identitaire ont surfé sur les quelques débordements pour les exagérer, sans se priver de mentir allègrement. A Lyon, après le premier match de l’équipe algérienne, une rumeur envahit les réseaux sociaux. Les supporters auraient mis le feu l’église de la Duchère, située dans le neuvième arrondissement. Immédiatement, les principaux twittos d’extrême droite reprennent l’information sans la vérifier, comme Fabrice Robert qui est à la tête du Bloc Identitaire.
Peu après, le maire de la commune dément cette rumeur, qui sera pourtant extrêmement partagée. Puis c’est au tour d’autres utilisateurs de Twitter de poster des photos comme si elles avaient été prises ce soir là. C’est le cas notamment de Felix de la Haye, un responsable local de l’UNI (Union Nationale Inter-universités), un syndicat de droite flirtant avec les idées de l’extrême-droite. Après avoir colporté la rumeur de l’église incendiée, celui-ci affirme que des voitures brûlent, et poste une photo.
Si en effet, des véhicules ont bien été incendiés ce soir là comme en témoignent plusieurs sources, la photo qu’il prend pour preuve se révèle dater de… 2008, et est tirée d’un article du Point parlant des incendies du nouvel-an.
Soupçons de violences policières
En marge des évènements qui ont succédé à la victoire de l’Algérie, une vidéo a indigné bon nombre des internautes. On y voit des personnes allongées sur le sol, tabassées par des policiers. L’homme ayant filmé cette scène a été interviewé par le Nouvel Observateur, et raconte : « J’ai vu un jeune homme courir en criant “qu’est-ce que j’ai fait ?”. Puis s’immobiliser en disant “ne me tapez pas ! Je n’ai rien fait !”. Là, des policiers l’ont jeté à terre et se sont mis à plusieurs pour le frapper à coups de pied et de matraques ». Pour l’heure, la version des policiers n’est pas connue, mais une enquête interne a d’ores été déjà été ouverte.
La fin de la double nationalité et l’interdiction des drapeaux
La présidente du Front National, Marine Le Pen, a demandé dimanche sur les ondes de la radio Europe 1 « la fin de l’immigration » et « la fin de la double nationalité ». Pour l’eurodéputée du front, « c’est clairement la volonté de la part d’un nombre non négligeable d’exhiber leur choix de l’Algérie plutôt que de la France ». A ses yeux, «il faut maintenant mettre fin à la double nationalité ». Puis conclut, « il faut choisir, on est algérien ou français, marocain ou français, mais on ne peut pas être les deux».
Une proposition qui a fait polémique lorsque le site internet de l’hebdomadaire français Le Point en a fait un sondage en ligne. Sous la pression des internautes qui trouvaient ce sondage scandaleux, l’hebdomadaire l’a très vite retiré.
Mais c’est au tour de Christian Estrosi, maire UMP de la ville de Nice située dans le sud-est de la France, de défrayer la chronique ce lundi. Dans un communiqué de la métropole niçoise, le maire a annoncé prendre un arrêté «interdisant l’utilisation ostentatoire de tous les drapeaux étrangers sur l’hypercentre », et ce tous les soirs de 18H à 4H du matin, jusqu’à la fin de la Coupe du Monde. Pour justifier sa décision, Christian Estrosi dit avoir pris cet arrêté « afin de donner les moyens juridiques aux forces de l’ordre pour intervenir et ainsi mettre un terme à ces (les débordements, ndlr) agissements ».
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer