Parution. Le dixième roman de Duong Thu Huong est une fresque splendide sur la liberté individuelle et la levée des tabous.
Pourquoi Thanh est-il parti du jour au lendemain, fuyant sa ville natale de Lan Giang, dans le nord du Vietnam, et abandonnant des parents aimants ? Maîtresse Yên et maître Thy ne le sauront que bien plus tard, après que Thanh, piégé dans une passion mortifère et perverse, a commis l’irréparable et s’est retrouvé au bagne. La cinéaste et romancière Duong Thu Huong s’est inspirée d’une histoire réelle, la disparition de son neveu, et du sentiment d’« avoir échoué dans la mission » que les parents de l’adolescent lui avaient confiée. Les collines d’eucalyptus est le deuxième volet d’un diptyque consacré à cette histoire après Sanctuaire du cœur (2011), une autre hypothèse pour comprendre. Ici, Thanh, élève modèle issu d’une famille respectée, n’ose pas avouer son homosexualité à sa famille et s’enfuit avec Phu Vuong, un voyou qui le manipule et vit à ses crochets.
Le roman commence au bagne, où les forçats s’estiment heureux de ne pas être sur l’autre rive du torrent, réservée aux condamnés à mort. Dans cet enfer que la romancière décrit magistralement, et où six crevettes valent la vie de deux hommes, Thanh repense à sa vie, à ses illusions perdues, à sa mère qu’il pensait épargner en partant. Comme le brouillard envahit tout puis se déchire pour laisser apparaître la lumière, la vie n’est pas linéaire, et l’espoir n’est pas vain… Si on regrette quelques clichés sur les homosexuels (attachement à la mère, sensibilité artistique) et une fin heureuse amenée de façon un peu superficielle, Duong Thu Huong nous offre une magnifique fresque sur le Vietnam des années 1980, sur la possibilité de vivre ses choix malgré les pesanteurs sociales.
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