Pour de nombreux automobilistes, c’est souvent un motif de tension et d’énervement. Les prix pratiqués par les gardiens de voitures ne semblent obéir à aucun règlement et varient selon l’emplacement et la tête du client. Quand deux dirhams suffisent pour payer cette prestation dans un quartier, il faut en débourser dix dans d’autres endroits touristiques ou branchés. Le fameux Guide du routard consacre même un paragraphe pour donner des conseils aux touristes qui se rendent au Maroc, afin de déjouer les magouilles de certains gardiens. Pour mettre fin à cette anarchie, la commune urbaine de Marrakech a trouvé la parade en lançant une campagne inédite pour informer les usagers. Sur les artères principales de la ville ocre, de grandes affiches indiquent les prix réels des parkings et les tarifs à appliquer. « Nous avons préféré ne pas placer de panneaux de tarification dans les rues et artères concernées parce que nous savions qu’ils allaient être enlevés par ceux qui s’opposent à cette clarification. Nous avons donc décidé de faire appel au réseau d’affichage urbain », explique Abdelmajid Demnati, vice-président de la commune urbaine de Marrakech. Quatre numéros de téléphone sont mis à la disposition des usagers qui veulent s’informer ou déposer plainte. Malgré ce dispositif, aucune plainte n’a été enregistrée jusqu’à aujourd’hui. « Les seuls appels que nous avons reçus étaient des messages de remerciements ou pour vérifier qu’il y avait bien quelqu’un derrière ces numéros », confie Demnati. Les gardiens se sont-ils tous alignés sur les nouveaux tarifs ou les citoyens n’osent-ils pas porter plainte ? Trop tôt pour en juger.
Une gestion chaotique
Cette expérience est-elle applicable dans d’autres villes, comme Casablanca, où une véritable confusion règne dans cette activité ? Pour les gardiens de voitures casablancais, l’accueil est plutôt enthousiaste. « Cette une démarche intelligente que nous aimerions voir à Casablanca pour mettre fin à l’informel », affirme Abdelaziz Essalmi, secrétaire général du syndicat des gardiens de voitures de Sidi Belyout. Pour ce syndicat, affilié à l’UMT, la véritable raison de cette anarchie des tarifs réside dans le phénomène de la sous-location. « Il existe une catégorie de bénéficiaires qui cumulent les autorisations pour les louer à d’autres gardiens, trop démunis pour participer aux appels d’offres qui exigent des cautions importantes », avance le secrétaire général.
Un business bien rodé qui profite à un petit groupe de rentiers. Certains d’entre eux auraient fait de ce créneau leur business principal. Plusieurs autorisations en poche, ils chargent leur « personnel » de ramener 120 à 400 dirhams par jour. « Les vrais gardiens, ceux qui travaillent avec leurs autorisations, respectent les termes des contrats », se défend un membre du syndicat. En attendant une prise de conscience de la part des élus, certains gardiens essayent de survivre par tous les moyens possibles, y compris le lavage de voitures. « Même cela devient de plus en plus difficile, en raison des interventions plus fréquentes de la police environnementale », affirme un gardien, membre du syndicat.
L’invasion de l’horodateur
La gestion déléguée des lieux de stationnement à Casablanca est également pointée du doigt. « Sur le papier, la société qui gère ces lieux dispose de 10 000 places réparties sur trois arrondissements (Anfa, Maârif et Sidi Belyout, ndlr). Mais sur le terrain, elle s’accapare de beaucoup plus d’espace et de places », affirme Essalmi. Une perte pour les gardiens éjectés sans motifs valables, mais aussi un manque à gagner pour les arrondissements concernés. Pour ces syndicalistes, il est hors de question de céder leur territoire. « La seule manière que la société gestionnaire a trouvé pour nous dédommager est de nous proposer d’intégrer son personnel. Nous avons décliné l’offre, car nous refusons de mettre le sabot aux automobilistes qui ne payent pas. On ne peut pas, par exemple, empêcher un médecin de prendre sa voiture et d’aller soigner des gens, car il n’a pas payé son ticket de stationnement. Nous refusons de détruire la relation de confiance que nous avons mis des années à bâtir avec les clients », souligne Essalmi. Pour les membres du syndicat, l’activité doit être assainie et organisée, avec une véritable mise à niveau de ses hommes. Quelques pistes ont été lancées : intégrer l’Initiative nationale pour le développement humain, former les gardiens aux langues vivantes ou activer l’association des œuvres sociales pour aider ses membres qui sont dans le besoin. Autant de chantiers sur lesquels les gardiens comptent s’appuyer pour redorer l’image de cette « profession » et se réconcilier avec des citoyens excédés par des pratiques douteuses.
Procédure. Tarifs et sanctions
Obtenir une autorisation de gardiennage obéit à une procédure précise et réglementée. À l’origine, il y a des appels d’offres régis par un cahier des charges qui détermine les tarifs à appliquer aux véhicules. Chaque bénéficiaire doit déposer une caution de 30 000 dirhams et payer par anticipation toutes les taxes et redevances communales. « Malheureusement, les adjudicataires oublient rapidement les termes du cahier des charges et du contrat qui les lie avec la commune et commencent à pratiquer des prix qui n’ont rien à voir avec la réalité », explique Abdelmajid Demnati, vice-président de la commune urbaine de Marrakech. En cas de plainte, la commune fait appel à un huissier de justice qui se rend sur place en compagnie de fonctionnaires municipaux. L’automobiliste el le gardien fournissent chacun sa version des faits. « Lors de la première infraction, un procès-verbal est dressé et l’adjudicataire perd 15 000 dirhams de sa caution », explique Demnati. En cas de récidive, le gestionnaire perd son autorisation et le reste de la caution de garantie. « Dans ce cas, la zone en question devient gratuite au stationnement jusqu’à la date d’échéance du contrat. Une pancarte est dressée à cet effet dans la zone concernée par laquelle nous informons le public », affirme cet élu communal.
C’est la première fois que j’entends parler d’autorisation donnée à une personne physique. Et selon quelle logique? Qu’une gestion déléguée soit confiée à une société de parking avec horodateur et tickets, oui. Mais que l’usager soit imposé par n’importe quel prétendu gardien occasionnel qui ne peut justifier d’aucune autorisation, communale ou autre, c’est de la simple arnaque.