Exposition. La dessinatrice hors pair nous avait habitués à des compositions architecturales quelque peu apocalyptiques. Ses derniers travaux nous décrivent un certain éden.
Peu de plasticiens marocains peuvent s’enorgueillir d’avoir fait la couverture du prestigieux magazine d’art Dyptik. Chourouk Hriech y a eu droit dès 2010. Comment circonscrire le travail de cette trentenaire franco-marocaine, représentée à Paris par la Galerie Jean-Gabriel Mitterrand ? Art contemporain ? Art moderne ? Figuratif ? Surréaliste ? Graphique ? Tout cela à la fois, en fait. Ce dont nous sommes certains, c’est qu’il s’agit bel et bien de dessin. La plupart du temps, Chourouk Hriech travaille au rotring, au marqueur et à l’encre de Chine sur papier. Un univers exclusivement noir et blanc. Un univers de construction-destruction. Car le monde qu’elle nous donne à voir, aussi fortement géométrique que puissamment équilibriste, n’exclut pas, loin s’en faut, un sentiment récurrent de chaos, pour ne pas dire de fin du monde. Urbain, trop urbain. Les bribes de cités que Chourouk Hriech se plaît à échafauder créent souvent un sentiment de solitude et d’angoisse chez le spectateur. Malgré ou à cause de la finesse du trait, de la justesse des perspectives. C’est peut-être dû à l’absence flagrante de toute figure humaine dans ces compositions savantes où s’imbriquent des caissons, des escaliers, des grues, des hélices, des éboulements et autres machines plus ou moins identifiables.
Mais rien n’est jamais définitif en matière de représentation du monde chez un artiste en perpétuel mouvement. Les plus importantes pièces – des gouaches sur toile –, actuellement accrochées aux cimaises de l’Atelier 21, nous font entrer dans un monde bizarrement apaisé. L’architecture à l’équerre se retrouve – et c’est une nouveauté – au deuxième plan, derrière une végétation luxuriante, prétexte à des courbes et des volutes d’une féminité inattendue chez une Chourouk Hriech soudainement moins ardue. L’âge ? La maturité ? Ou, plus simplement, l’effet bienfaisant de la fréquentation du jardin Majorelle, que l’artiste a longuement arpenté durant une récente résidence à Marrakech.
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