Abécédaire illustré de nos coupes du monde

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Ahmed El Bahja. En Coupe du Monde 94, le Marrakchi fait un festival sur son aile gauche, délivre des caviars à la pelle que Nader et Chaouch transforment en drops. Mais il joue une autre compétition en parallèle, celle des petits ponts. Quatre au total, dont un double extraordinaire contre les Belges, suivi par une feinte de corps dans la foulée, un combo spécial. Mentionnons aussi la feinte de torero sur le but qu’il offre à Chaouch contre les Saoudiens. Génial et immature, le dernier joyau d’un football disparu.

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Barrages. Pour l’édition 1962, la FIFA accorde généreusement une place à l’Afrique, mais il faut pour cela affronter un pays européen en barrage aller/retour. Le Maroc sort des poules africaines, et doit se taper l’Espagne pour valider son ticket. Double défaite à l’arrivée : à Casablanca, au Stade d’honneur (0-1) et au Santiago Bernabeu (3-2). Un peu grognons, les Africains boycottent la Coupe du Monde 1966 pour protester contre ce mode de sélection et la FIFA supprime ce barrage en 1970. Résultat : Maroc qualifié

Centres. Les deux buts décisifs qui nous envoient aux Coupes du Monde 1994 et 1998 sont jumeaux : deux centres de la gauche et deux coups de boule dans les filets. Les buteurs changent (Laghrissi et Raghib), mais le centreur, exceptionnel, reste le même. Abdelkrim El Hadrioui, notre Beckham à nous. La Spice girl en moins.

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Dakar. Septembre 2001, c’est la journée finale des qualifications pour l’édition 2002. Le Maroc est dans un groupe impossible, avec l’Egypte, le Sénégal, l’Algérie et la Namibie, et bien sûr un seul qualifié. On se rend pourtant à Dakar pour le match décisif en leader du groupe, après une campagne interminable mais plutôt maîtrisée. Le Sénégal nous plante un but en première mi-temps et nous passe sous le nez au goal average : ils avaient mis 9 buts en deux matchs à la Namibie que nous n’avons pas su battre chez nous.

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Esfandiar Baharmast. Vous ne connaissez pas son nom et pourtant vous l’avez peut être insulté. L’arbitre américain siffle un pénalty à la dernière minute d’un dramatique Brésil-Norvège de 1998. But, élimination pour le Maroc. Le pays pleure de rage. Personne ne voit la faute, on crie à l’injustice jusqu’à ce que, deux semaines plus tard, une caméra des tribunes montre le tirage de maillot. La vidéo ne sert à rien, c’est démontré, à moins d’attendre des ralentis pendant deux semaines.

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Forfait. Edition 74, le Maroc sort le Sénégal, la Guinée et la Côte d’Ivoire, avant de tomber dans une poule finale à trois avec le Zaïre et la Zambie. Le Mountakhab sombre en Zambie 4 à 0, et remet ça au Zaïre 3 à 0. Grande première, ce match à l’extérieur est télévisé chez nous. La fédération refuse le match retour, et explique qu’elle est incapable d’assurer la sécurité des Zaïrois qui risquent leur peau face à des Marocains outrés par l’arbitrage de l’aller. Il n’est pas impossible que l’idée ait été plutôt de s’éviter une nouvelle débâcle devant un Zaïre déjà qualifié.

Gennaro Gattuso. En 2007, le champion du monde débarque au Maroc dans le cadre de son engagement associatif. Il rend visite aux jeunes footballeurs du quartier de Yacoub El Mansour, à Rabat, et prend la pose sur des photos avec la moitié de la ville. Aussi sympa dans la vie que dur sur un terrain, le bonhomme s’offre même quelques matchs de plage avec les footballeurs de Skhirate qui gardent tous un souvenir ému de leur affrontement avec le monstre milanais.

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Hassan II. Grand passionné de foot, le défunt souverain avait l’habitude de choisir les sélectionneurs, de contacter les joueurs à la mi-temps et de les recevoir avant leurs déplacements en Coupe du Monde pour leur prodiguer ses conseils éclairés. C’est ainsi qu’il a expressément demandé à El Biyaz en 1986 d’éviter de se prendre un carton rouge et à Dolmy de se couper les cheveux. En 1994, il leur distribue des chaînes porte-bonheur en or. Ceux qui en ont l’âge se souviennent même d’un de nos défenseurs à quatre pattes sur la pelouse, plus préoccupé à retrouver sa chaîne perdue que de marquer son attaquant.

Injustice. Ces deux buteurs nous ont envoyé en Coupe du Monde 1994 et 1998, mais ils n’ont disputé aucun match en phase finale. Chez nous, être décisif pour un attaquant ne suffit pas. Laghrissi marque contre la Zambie et disparaît aussitôt de la formation. Et Raghib, lui, fait encore mieux puisqu’après son but contre le Ghana, il n’est même pas dans les 23 sélectionnés pour la France.

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José Faria. Il est notre football des années 1980. Brésilien inconnu chez lui, il débarque au Maroc en provenance du Qatar, prend en charge les FAR et l’équipe nationale. Il gère le Mountakhab en père de famille, fin psychologue et tacticien rusé. Il fabrique une équipe prudente, défensive, mais pleine de confiance et explosive en contre. Disparu en octobre dernier, il mériterait qu’on donne son nom à un stade.

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Kalusha Bwalya. Le 27 avril 1993, l’avion qui transporte la sélection zambienne vers le Sénégal s’écrase en vol, aucun survivant. Mais un miracle, celui de voir le capitaine de la sélection, Kalusha Bwalya, échapper à la catastrophe. Retenu pour un match avec son club du PSV Eindhoven, il était prévu sur un autre vol. Une nouvelle équipe est construite autour de lui, et elle se présente à Casablanca pour le match décisif en leader du groupe, un point devant le Maroc. La suite – victoire et qualification du Maroc – ne doit pas nous faire oublier que Kalusha est un héros. En 2010, devenu président de la fédération zambienne, il dédie la victoire de son équipe aux disparus de 1993.

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Louzani. Entraîneur réputé compétent mais un peu rigide, Abdelkhalek Louzani mène la campagne de qualification pour 1994 tranquillement. Il s’extirpe d’un premier tour difficile en forme de poule ou rôde la Tunisie, attaque la seconde phase sur le même rythme en battant le Sénégal à l’extérieur et à Casablanca. Mais un simple faux pas en Zambie va déclencher la tempête. Il réussit l’exploit de se mettre à dos les Casablancais en se brouillant avec les chouchous Daoudi et Azmi et les militaires en écartant Hadrioui. La presse s’acharne contre lui, il est débarqué à quelques jours du décisif Maroc-Zambie, et c’est Blinda qui ira à la Coupe du Monde, avant de subir les mêmes attaques à son retour.

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Mohamed Houmane. 1970, tout le monde est devant la télé pour le premier match du Maroc en Coupe du Monde, avec la monstrueuse RFA en face. C’est un évènement considérable, les paroles de notre hymne national ont été écrites pour l’occasion. A la 21e minute, quand Houmane ouvre le score, tout le pays est traversé d’une vibration de joie. Elle se poursuivra jusqu’à l’égalisation de Seller, à la 56e. Et c’est Gerd Muller qui scelle notre sort dix minutes plus tard. On retiendra donc que nous avons dominé l’Allemagne pendant une bonne demi-heure. Et Mohamed Houmane (21), Uwe Sellers(56), Gerd Muller(68), ça fait une sacrée feuille de match.

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Non. C’est ce que nous a répondu la FIFA à chaque fois que nous avons demandé l’organisation de la Coupe du Monde. Quatre fois, rappelons-le, pour les éditions 1994, 1998, 2006 et 2010. La première demande était un coup de génie qui a permis d’imposer une idée a priori farfelue, celle d’une Coupe du Monde africaine. Les trois autres étaient des raids vains et coûteux, en l’absence de stades pour accueillir la compétition.

Oui. Juste pour équilibrer avec ce qui précède. Rédigez le paragraphe vous- même, et merci.

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Palerme. Le Maroc affronte la Tunisie pour l’édition 62. 2-1 pour les Marocains au Stade d’honneur, même score pour les Tunisiens au Menzah. Les pénos ne sont pas encore instaurés, alors on organise un match d’appui… à Palerme le 22 janvier 1961. 1-1 après prolongations et toujours pas de pénos. Tirage au sort et le Maroc passe ce tour, dans le fief de la famille Corleone, donc.

Quatre. On aurait pu parler de nos quatre participations aux phases finales, mais le Cameroun en a joué six. On aurait pu se plaindre d’avoir été éliminés dès les poules en 1998 malgré nos quatre points, mais ce n’est pas non plus exceptionnel. Non, là où nous avons posé des standards infranchissables, c’est le jour où nous avons nommé quatre entraîneurs pour l’équipe nationale lors de la douloureuse campagne 2010. Les quatre en même temps, précisons-le. Leurs noms : Messieurs Ammouta, Moumen, Sellami et Naciri. Applaudissements.

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Rachid Taoussi. Lorsqu’il prend l’équipe nationale, les qualifs 2012 sont déjà plombées par un affreux match nul en Gambie. Gerets avait fait appel à une soixantaine de joueurs en deux ans, Taoussi en convoquera autant en une seule année. C’est un tourbillon de joueurs et de systèmes de jeu différents, un festival de nouvelles têtes qui surgissent et disparaissent aussitôt. Bizarrement, l’ogre ivoirien ne nous bat ni à l’aller ni au retour, ce qui ne l’empêche pas d’aller tranquillement à la Coupe du Monde pendant que nous préparons une énième reconstruction.

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Salaheddine Bassir. Héros de l’édition 98. Trois buts, des célébrations glorieuses et des larmes pour une élimination cruelle à l’arrivée. Reprises de volée, tirs de loin, face-à-face, tout est réussi. L’état de grâce total. Tout ceci est également valable pour son compère de l’attaque, Camacho.

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Thomas N’kono. 1981, le Cameroun vient à Kénitra chercher sa victoire, sa qualification pour la Coupe du Monde, et les Marocains découvrent ce gardien exceptionnel. On a l’impression qu’il pourrait jouer seul en défense. Dans la foulée, nos clubs recrutent Diallo et Gouamené avant qu’une loi, toujours valable, ne réserve le poste de gardien aux seuls Marocains.

Unique. Comme notre seule qualification aux huitièmes de finale, en 1986. Une première pour un pays africain. Et sans goal average, s’il vous plaît, juste en passant devant la Pologne, l’Angleterre et le Portugal. La performance est considérée comme un véritable exploit à l’époque. Depuis, le Cameroun a disputé un quart de finale et traîné l’Angleterre en prolongations en 1990, tout comme le Sénégal en 2002 qui a fait souffrir la Turquie pendant 120 minutes et, au même stade de la compétition en 2010, le Ghana a obligé Suarez à s’improviser gardien de but.

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Vautour. Sinistre rapace qui s’est posé sur la pelouse d’un encore plus sinistre Kenya-Maroc comptant pour les qualifications de 2006. 0-0 à l’arrivée, et tout le monde pense encore que l’élimination s’est jouée à Tunis quelques mois plus tard. Non, c’était à Nairobi, et c’est bien le vautour qui est venu nous l’annoncer. Ça doit être la définition d’un oiseau de mauvais augure.

Werner Olk. Sélectionneur allemand de l’équipe nationale entre 1990 et 1992. N’a laissé aucune trace majeure dans notre histoire. Ça n’a aucun rapport avec la Coupe du Monde, puisqu’il n’a même pas disputé de qualifications, mais vous croyez que c’est facile de trouver une idée qui commence par W ?

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X. Il est inconnu, il n’existe sans doute pas encore. C’est lui, X, le joueur qui nous permettra de gagner un jour une Coupe du Monde. En finale face à l’Allemagne, X marque en prolongations d’un tir de 35 mètres pleine lucarne, juste après un petit pont sur un Allemand qui tacle de rage dans le vide. Ça fait un bien fou d’écrire ça. Oui, vous avez raison, on aurait aussi pu mettre X comme X-files mais c’est un peu pareil.

Yaghcha. Mustapha de son prénom, footballeur professionnel marocain de son état. A l’époque où les dates FIFA n’existent pas encore, il faut négocier avec son club suisse pour pouvoir l’aligner. Pour les qualifs de 78, il égalise à Tunis d’une splendide tête pleine lucarne face à Attouga. 1-1 à la fin des prolongations, comme à Casablanca. Pas de tirage au sort cette fois mais des tirs au but, et c’est le malheureux Faras qui loupe le péno décisif. La Tunisie élimine ensuite l’Algérie, la Guinée, l’Egypte et le Nigeria pour décrocher la seule place africaine, la première de son histoire.

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Zaki. En 1986, le gardien du mountakhab est sur un nuage. Héroïque en phase qualificative où le Maroc élimine la Sierra Leone, le Malawi, l’Egypte et la Libye, il est encore plus fort en phase finale. Son tour d’honneur avec un maillot bleu et un drapeau à la main est une des images fortes du sport marocain. Depuis, une sorte de malédiction plane sur ce poste, et personne ne semble capable de nous remplir les yeux. Aujourd’hui, le sélectionneur est sommé de reproduire cette magie. On lui souhaite bon courage.

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  • well done & great to see this type of article. The sadness these days is that new Lmountakhab fans they never watched their national team play in world cup & that they scored 12 goals in their 5 participation wish none of the Arabic nation reach that number & that we are the last Arabic national team to win in world cup game … its going to be hard for us (again) to watch a World Cup without Lmountakhab . …