A l’occasion de son dixième anniversaire, l’ONG israélienne « Breaking the Silence » a organisé un événement durant lequel d’anciens soldats israéliens ont pu témoigner de leur expérience en terre palestinienne durant 10 heures. Certains de ces témoignages ont été retranscrits par le quotidien britannique The Guardian.
« Provocation et réaction »
Les soldats israéliens ont parfois pour ordre de provoquer gratuitement la population palestinienne. Ces opérations nommées « provocation et réactions » ont été décrites par un ancien sergent de la brigade régionale de Naplouse. Le but de ces missions « est d’entrer dans un village, faire beaucoup de bruit, et d’attendre que l’on vous jette des pierres dessus puis vous les (les jeteurs de pierre, ndrl) arrêter, en disant « ils nous ont jeté des pierres » ». Lors de ces missions, n’importe quel Palestinien peut constituer le coupable idéal : « Ça pourrait être la première fois qu’un enfant jette une pierre, mais du point de vue de l’armée nous avons attrapé le jeteur de pierres ».
Les provocations ont également lieu durant des opérations plus anodines comme les patrouilles. « L’un de mes commandants, parmi les plus anciens, a pris un vieil homme palestinien à partie, et a commencé à le tabasser […] à lui donner des coups de poings. Ils l’ont tabassé, et lui ont donné des coups de poings. Et ils l’ont giflé, tout ça sans aucune raison. Il n’a fait que passer par là, par erreur », raconte Gil Hillel, un ancien membre de la police militaire d’Hébron. En guise d’explication sur son action, le supérieur en question s’est contenté de dire : « C’est la manière dont les choses se passent. C’est soit lui soit moi. »
« On cherchait quelqu’un à tuer »
Le rang d’un soldat est attribué en fonction du nombre de meurtres qu’il a commis. C’est ce qu’affirme le sergent Avner Gvaryahu qui opérait dans l’unité anti-tanks à Naplouse. Le message des supérieurs hiérarchiques de Gvaryahu était clair : « Vous êtes le fer de lance, l’armée a investi durant des années sur vous, vous devez me ramener des terroristes morts ». Un discours qui pousse les soldats à créer le danger : « Nous sortions le soir, tirions des coups de feu, et empruntions des allées que nous savions dangereuses […] vous regardiez à travers les binoculaires et vous cherchiez quelqu’un à tuer. Et vous vouliez tuer cette personne », raconte l’ancien sergent qui décrit cette situation comme « complètement absurde».
D’autres soldats ont quant à eux assisté au meurtre de personnes pourtant inoffensives. « Nous avions pris nos positions et avions identifié un homme sur un toit […] je crois qu’il était à environ 50 ou 70 mètres, sans armes […] il marchait sur le toit, juste comme ça », raconte un ancien parachutiste opérant à Naplouse. Une promenade qui ne durera pas longtemps, suite aux ordres des supérieurs de cet officier : « Le commandant a ordonné, par radio, la condamnation à mort de cet homme. Un homme qui n’était pas armé ».
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