Lalla Soukaïna. La vie rêvée d’une princesse

Lalla Soukaïna fascine. Mais qui est donc cette jeune femme discrète, connue pour avoir été la petite-fille préférée de Hassan II ? Enquête.

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Photo : AFP

À chacune de ses apparitions officielles, Lalla Soukaïna crée le buzz. La presse ne peut s’empêcher de lui consacrer des articles fleuves, revenant sur son parcours, sa vie amoureuse, ou simplement faisant l’éloge de sa beauté. Les internautes n’hésitent pas non plus à partager leurs opinions sur son style, sa personnalité, ou à faire des spéculations sur son mariage. En effet, en avril dernier, lorsqu’un quotidien arabophone de la place annonce ses prochaines fiançailles avec Mehdi Regragui, un jeune homme d’affaires rbati, la Toile s’enflamme. Exactement comme en 2008, lorsque le Palais avait annoncé les noces de  Lalla Soukaïna avec Hicham Lakhmiri, finalement annulées sans aucune explication. Depuis, les yeux des Marocains sont rivés sur cette jeune femme, dont ils ne savent pas grand-chose en réalité. Il est vrai que les apparitions publiques de ce membre de la famille royale se comptent sur le bout des doigts. Contrairement à sa mère Lalla Meryem, à ses tantes Lalla Asmae et Lalla Hasnae, ou à l’épouse de son oncle, Lalla Salma, la jeune princesse préfère rester dans l’ombre.

Enfance princière

Lalla Soukaïna est née le 30 avril 1986, de l’union entre Lalla Meryem, fille aînée de Hassan II, et Fouad Filali, fils de Abdellatif Filali, ex-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères. Dès son plus jeune âge, la petite princesse prend une place importante dans la vie de Hassan II. Elle est sa première petite-fille, et il tombe tout de suite sous son charme. Elle est d’ailleurs la seule de ses petits-enfants à avoir reçu le titre de princesse. Il passe énormément de temps avec elle, plus qu’avec ses propres enfants quand ils avaient son âge. Le défunt monarque ne peut pas passer un week-end sans qu’elle soit présente à ses côtés. Ce qui pousse l’entourage royal à la surnommer “Kbidet Sidna” ou encore “Chrifa sghira”. Lorsqu’il se trouve dans l’un de ses palais à Fès ou Marrakech, une petite unité de motards de la gendarmerie se charge de l’amener auprès de lui chaque vendredi soir, et de la ramener à Rabat le dimanche après-midi. Un des témoins de cette époque affirme que la jeune princesse “était toujours accompagnée d’un grand van où étaient parqués ses jouets, en plus d’un poney, d’un petit carrosse et d’une brebis”. Hassan II supervise également chacune de ses fêtes d’anniversaire, qui se doivent d’être féériques. Pour l’occasion, il invite clowns et magiciens de l’étranger, et lui commande des montagnes de jouets, parfois même des Etats-Unis. Rien n’est trop beau pour sa petite-fille adorée. A l’époque, des dizaines de photos officielles prises lors de célébrations au palais royal le montrent souriant, Lalla Soukaïna dans les bras. Mohamed Maradji, un des photographes préférés de Hassan II, témoigne : “Lalla Soukaïna était le bijou vivant le plus cher du monde au yeux du défunt Hassan II. L’affection profonde qu’il portait à sa petite princesse était certainement due à la tendresse qu’il avait pour l’aînée de ses enfants”. Et d’ajouter : “Il la chérissait, il l’affectionnait en permanence, il faut dire aussi que Lalla Soukaïna est d’une tendresse et d’un attachement incroyables, c’est véritablement la chouchoute du Palais, ce qui la rend encore plus aimée auprès du peuple”.

Elle est la prunelle de ses yeux, et beaucoup le comprennent rapidement. Il lui arrive même d’intercéder auprès de son grand-père en faveur d’un officier sanctionné, en obtenant toujours gain de cause. “Quand un agent ou un officier faisant l’objet d’une mesure disciplinaire recherchait laâfou (le pardon) du roi, il lui suffisait de guetter Lalla Soukaïna, la saluer et la prier d’intervenir auprès de son grand-père. Le résultat était garanti puisque le défunt monarque ne refusait rien à sa protégée”, affirme un ancien agent de la direction de la protection rapprochée, relevant de la DGSN. “Il faut comprendre qu’il la considérait comme sa fille, et qu’à ses yeux il était plus son père que son grand-père. Même avant le divorce houleux de ses parents en 1999, elle le voyait plus que Fouad Filali”, confie un ancien habitué des arcanes royaux.

Adolescente discrète

Mais tout bascule pour la petite fille en 1999. Quelques mois après le divorce de ses parents, Lalla Soukaïna perd brutalement son grand-père. Hassan II, avec qui elle a passé la plus grande partie de son enfance, n’est plus. Fouad Filali, son père, ne la voit plus aussi souvent qu’avant (lire encadré). Une période très difficile pour elle. “Comme tout enfant de son âge, elle a très mal vécu la séparation de ses parents, puis la mort de son grand-père. Son univers a basculé du jour au lendemain”, confirme une source. Mais la vie de la fillette de douze ans reprend petit à petit son cours normal. Elle est très proche de sa mère, Lalla Meryem, ainsi que de Mohammed VI, son oncle, encore célibataire à l’époque. En 2000, il tient à ce que sa sœur aînée et ses deux enfants l’accompagnent lors de sa première visite officielle en Espagne. A ses côtés, la jeune princesse rend visite à Juan Carlos et Sofia, et les Marocains réalisent alors qu’elle n’est plus une enfant, mais une jeune adolescente, ravissante, qui ressemble de plus en plus à sa mère. Pourtant, elle n’a pas l’air très à l’aise quand il s’agit de poser pour les photographes. Après cette première apparition, elle disparaît de la vie publique et poursuit tranquillement ses études au Collège royal de Rabat. A l’époque, ceux qui la croisent se rappellent d’une adolescente timide et polie. “Lalla Soukaïna était la gentillesse incarnée”, affirme un officier de la gendarmerie qui la conduisait, de temps à autre, entre sa résidence de l’avenue des Princesses et le Collège royal. “Elle était d’un calme incroyable et était très bien éduquée, tout comme son frère Moulay Idriss”, affirme notre interlocuteur. Durant toute sa scolarité, sa mère suit de très près son éducation. Elle est stricte, mais juste. Pendant la période scolaire, la princesse doit être totalement concentrée sur ses cours. Mais pendant les vacances, si elle a obtenue de bonnes notes, elle peut aller passer quelques jours à Disneyland Paris avec ses camarades de classe. “Sa mère tenait à être au courant de tout ce qui se passait en classe, et avait demandé à la direction de la convoquer au moindre petit problème”, se rappelle une ancienne camarade de Lalla Soukaïna. Et c’est ce qui va arriver un jour. “Après une dispute avec une camarade en plein cours, Lalla Meryem a été convoquée par le directeur. Mal à l’aise, ce dernier n’osait pas lui expliquer que c’était sa fille qui avait commencé les hostilités. Lorsqu’elle a compris la situation, elle a tenu à présenter personnellement ses excuses aux parents de l’autre adolescente, et a affirmé qu’elle allait punir sa fille pour son comportement. Tout le monde ne parlait que de ça dans l’établissement”, se rappelle notre interlocutrice. Lalla Soukaïna aurait compris la leçon et plus aucun incident du genre ne se serait reproduit au cours de ses années lycée.

Aventure parisienne

Son baccalauréat en poche, la nièce de Mohammed VI rêve de s’envoler pour la France pour poursuivre ses études. “A l’époque, elle a également pensé à étudier à New York, ville qu’elle aime énormément, mais son choix s’est finalement porté sur la capitale française”, se rappelle une ancienne fréquentation. Pas étonnant lorsqu’on sait qu’elle a toujours été passionnée de musique française et de haute couture. Ses créateurs français préférés ? Chanel, Dior et Jean-Paul Gaultier. Mais pour elle, Paris ce n’est pas juste la mode. C’est également Sciences Po, qu’elle rêve d’intégrer depuis plusieurs années. “Au Collège royal, elle était brillante. Elle lisait énormément et suivait régulièrement l’actualité. Elle était également très calée en histoire-géographie”. La jeune étudiante intégre donc en toute logique la prestigieuse école. Elle a alors 18 ans et est attirée par le journalisme, dont elle aimerait faire son métier (lire encadré).

La jeune princesse ne débarque pas seule dans la capitale française. Elle est accompagnée de plusieurs de ses amies du Collège royal, venues également poursuivre leurs études. Comme les autres membres de sa famille, la jeune femme a un cercle d’amis très fermé qu’elle fréquente depuis plusieurs années, et avec qui elle voyage souvent. Une partie de cette “cour”, composée de Marocains de son âge, la suit donc naturellement à Paris. C’est avec eux qu’elle passe la majorité de son temps en dehors des cours. Leur lieu de prédilection lorsqu’ils veulent sortir dîner ? Le Quennie, un bar-restaurant chic situé sur les Champs-Elysées. “C’était un peu le quartier général de Lalla Soukaïna et sa clique. Tous les étudiants marocains de Paris savaient qu’ils allaient l’y croiser les week-ends”, affirme une ancienne étudiante qui a eu l’occasion de la fréquenter quelques fois. Mais les clients non marocains n’ont jamais réalisé qu’une princesse passait la soirée à côté d’eux. “Elle s’habillait toujours simplement et ne se baladait pas avec des gardes du corps comme on pourrait l’imaginer. Elle ne sortait pas spécialement du lot des étudiantes marocaines issues de milieux aisés qui étaient à Paris”, poursuit la jeune femme. A cette période, Lalla Soukaïna essaie de vivre une vie d’étudiante normale. Elle a même un compte Facebook (qu’elle finira par supprimer quelques années plus tard, contrairement à son frère toujours actif sur le réseau social), qu’elle utilise quotidiennement pour discuter avec ses amies. Elle y poste régulièrement des photos de sa vie quotidienne, où elle pose notamment avec sa mère lorsqu’elle vient lui rendre visite. A l’époque, son grand-père paternel, Abdellatif Filali, habite également dans la même ville. Mais ils ne se voient que très rarement. En 2004, il est interviewé par le quotidien Aujourd’hui le Maroc. Et lorsqu’on lui demande s’il fréquente sa petite-fille, il déclare “qu’il ne la voit pas souvent, mais que les problèmes familiaux, il faut éviter d’en parler”. Même en dehors des frontières du Maroc, la princesse a du mal à renouer les liens avec sa famille paternelle, écartée par l’entourage royal après le divorce de ses parents.

Cache-cache médiatique

C’est lors de sa première année d’études en France que Lalla Soukaïna fait sa première apparition officielle après quatre ans d’absence. En novembre 2004, elle accompagne sa mère en Jordanie, au sommet de la femme arabe. Elle est photographiée aux côtés de la reine Rania. Les médias marocains et internationaux se rappellent alors de son existence et sont subjugués par sa beauté et son élégance. Tout le monde veut en savoir plus sur cette belle princesse qui ne s’affiche pas autant que sa mère ou que Lalla Salma. Mais la jeune femme s’éclipse très vite des radars des médias et retourne à Paris. Au terme de sa première année à Sciences Po, elle préfère finalement s’inscrire à l’Université Panthéon-Assas, spécialisée en droit, en sciences politiques et en communication. Pendant quatre ans, elle poursuit ses études dans la capitale parisienne et fait des allers-retours réguliers au Maroc pour passer du temps avec sa famille. En janvier 2008, elle effectue un voyage en Thaïlande avec son frère, qui étudie à la même période à l’Université Al Akhawayn d’Ifrane. La presse locale la prend en photo alors qu’elle visite le célèbre temple Dusit Maha Prasat Throne Hall. Une apparition furtive, qui laisse les médias encore une fois sur leur faim. La jeune femme reprend sa routine dans sa ville d’adoption, et à la fin de la même année, le Palais annonce ses fiançailles avec le jeune ingénieur casablancais Hicham Lakhmiri, qu’elle a rencontré à Paris. Mais le mariage, annoncé pour le mois de mai, n’a finalement jamais lieu. Le couple se sépare et la princesse décide de changer d’air et de partir étudier un an aux Etats-Unis, dans le cadre d’un programme d’échange. Mais contrairement à son frère qui décide d’aller faire carrière à Londres à la fin de son cursus, Lalla Soukaïna rentre définitivement au Maroc en 2010, après avoir décroché un master en journalisme et communication.

Retour au bercail

De retour à Rabat, la nièce de Mohammed VI tente de s’habituer peu à peu à son nouveau mode de vie. Elle passe en général ses journées dans sa résidence à l’Avenue des princesses, en compagnie de sa mère. Elle profite de son temps libre pour lire et étudier de nouvelles matières, ne mettant que très rarement le nez dehors. A l’époque, très peu de gens savent qu’elle est de retour dans la capitale qui l’a vu grandir. Mais elle n’hésite pas à quitter sa résidence lorsqu’il s’agit d’aller voir un spectacle de Gad Elmaleh, qu’elle admire énormément, ou d’assister aux concerts de Mawazine. En effet, pendant la période du festival, la princesse est très souvent présente dans la “zone black”, aux côtés de Lalla Salma, Moulay El Hassan ou d’autres membres de la famille royale. L’année dernière par exemple, elle a assisté au concert de Pitbull à la scène de l’OLM-Souissi, artiste dont elle serait particulièrement fan. Quant à ses sorties nocturnes, elles sont rares. “Elle préfère recevoir son entourage chez elle, le plus loin possible des regards curieux. C’est quelqu’un qui n’aime pas s’afficher et qui préfère la discrétion en toutes circonstances”, explique un habitué des soirées huppées de la capitale. De temps en temps, il lui arrive de sortir dîner avec des amis. Parmi ses endroits favoris, le restaurant indien Le Bombay, situé au quartier Agdal, où elle a été aperçue plusieurs fois. Lors de ce genre de sorties, elle est très souvent accompagnée des mêmes personnes. “Elle est très fidèle et généreuse en amitié. Elle a les mêmes fréquentations depuis des années. Mais il y a souvent des frictions entre ses copines, qui se battent entre elles pour avoir le statut de meilleure amie de Lalla”, poursuit notre source. En juillet 2011, la jeune princesse crée encore une fois le buzz, lorsqu’elle apparaît aux côtés de sa mère lors du mariage du prince Albert de Monaco et de la Sud-africaine Charlène Wittstock. Cette fois-ci, ce ne sont pas seulement les médias marocains qui parlent d’elle, mais aussi les étrangers. Les publications people européennes évoquent toutes la “resplendissante nièce du roi du Maroc”. Le magazine britannique Hello ! la désigne personnalité la mieux habillée lors de cet événement royal, devant toutes les princesses du Vieux continent. Elle parvient même à éclipser Charlotte Casiraghi, la ravissante fille de Caroline de Monaco. Les photos de Lalla Soukaïna sont reprises par des centaines de sites de mode aux quatre coins du monde. Une apparition glamour, furtive, mais très remarquée, qui reste sa dernière en date. En ce moment, la belle jeune femme serait en train de préparer son mariage avec Mehdi Regragui, prévu cet été. En grande connaisseuse de la mode, elle suivrait personnellement les préparatifs de ses tenues et des festivités. Entre-temps, la presse marocaine spécule sur les invités de ce mariage et se demandent si Albert et Charlène de Monaco, ou encore Nicolas et Carla Sarkozy seront de la partie. Mais vu sa personnalité réservée, il ne faut pas exclure la possibilité que le mariage soit fêté en très petit comité. Wait and see. n

Vocation. Le journalisme, son rêve avorté ?

La passion de Lalla Soukaïna pour le journalisme serait loin d’être une lubie passagère. “Beaucoup ne voient en elle qu’une princesse fashionista et glamour, c’est totalement faux. Elle est aussi accro aux séries TV américaines comme Gossip Girl ou Desperate Housewives qu’aux émissions de débat qui parlent de la situation politique en Europe ou du conflit au Proche-Orient”, confie l’une de ses fréquentations. Lorsqu’elle intègre Sciences Po Paris en 2004, ce qui l’intéresse le plus, c’est effectivement le cursus qui pourrait faire d’elle une véritable journaliste. En particulier à la télévision. Quelques années plus tard, en 2008, elle va même jusqu’à faire un stage au sein de la chaîne d’informations LCI. “Elle est passée par le circuit normal pour décrocher ce stage, comme tous les étudiants en école de journalisme. Elle n’a pas été pistonnée, son CV suffisait. Pourtant les Bouygues sont des amis de la famille royale”, poursuit notre source. Mohammed VI, n’aurait d’ailleurs été informé qu’au dernier moment, quelques jours avant le début de son stage. “On a entendu dire qu’il l’avait un peu mal pris, mais finalement il a donné son accord après avoir été convaincu par Lalla Meryem”. A l’époque, l’information sur ce stage est reprise par les médias et en étonne plus d’un, en particulier sur la Toile. Sur les forums de discussion, les internautes se demandent comment la nièce de Mohammed VI pourrait effectuer un stage comme une étudiante lambda. D’autres se demandent tout simplement s’il ne s’agit pas d’une rumeur. Aucune information n’a filtré sur cette expérience professionnelle et personne ne sait en quoi consistaient exactement les tâches confiées à la princesse, ni combien de temps a duré sa mission. Mais en fin de compte, il semblerait que son amour pour le journalisme et le monde des médias soit condamné à se limiter à son cursus scolaire. “C’est normal, vous l’imaginez travailler à 2M ou à Al Aoula ? Ce serait insensé vu son statut de princesse et son mode de vie. Et elle ne se voit pas du tout devenir une sorte de version féminine plus jeune de Moulay Hicham”, poursuit la même source.

Fouad Filali. Un père en disgrâce

S­­i Lalla Soukaïna a droit aux feux des projecteurs à chacune de ses apparitions publiques, son père, lui, vit dans un anonymat presque total. Il a pourtant eu droit à son quart d’heure de célébrité suite à son mariage, en 1984, avec Lalla Meryem, moment où les Marocains l’ont découvert. Fils de Abdellatif Filali, ancien ministre des Affaires étrangères et Premier ministre de Hassan II, il avait toujours vécu à l’étranger, bourlinguant de la Chine aux Etats-Unis, en passant par la France, au gré des affectations diplomatiques de son père. Il était banquier à Wall Street en pleine période des golden boys, avant de rentrer au Maroc en 1984. Quelque temps après son union avec Lalla Meryem, Fouad Filali est nommé par Hassan II à la tête de l’ONA. Sa culture cosmopolite le fait passer pour un ovni dans le milieu fermé des affaires et des salons de la grande bourgeoisie, prisonnier des codes et des coteries.

“Il  maîtrisait très mal la darija et n’était pas du tout inhibé. Il était très américain dans sa manière de se comporter, aussi bien dans ses attitudes que dans sa façon de manager”, confie un de ses anciens collaborateurs à l’ONA. Fouad Filali sera pourtant rattrapé, en 1999,  par les conventions de cour au moment de sa séparation de Lalla Meryem. Il aurait été convoqué au palais de Rabat pour signer les papiers du divorce, sans avoir son mot à dire. Son statut de père d’une princesse ne l’empêchera pas de devenir persona non grata au sein de la famille royale. Peu de temps après son divorce, Fouad Filali est entendu par la justice française dans une affaire de blanchiment d’argent. Le porte-parole du Palais de l’époque, Hassan Aourid, monte au créneau pour lever toute ambiguïté. Il affirme en substance que Fouad Filali “ne peut être assimilable à la famille royale”. 

Portrait. Le prince charmant de Soukaïna

Mais qui est donc Mehdi Regragui, cet homme d’affaires rbati que s’apprête à épouser la princesse cet été ? Les Marocains sont restés sur leur faim depuis l’annonce de leurs fiançailles. En effet, la Toile ne donne aucune information sur le jeune homme, à part qu’il a obtenu son baccalauréat au Lycée Descartes en 1995. “Il avait un compte Facebook et figurait sur plusieurs sites professionnels et scolaires. Mais depuis l’annonce du mariage, il n’y a plus aucune trace de lui, ni de ses parents, ni de sa petite sœur sur Internet”, explique un ancien camarade de classe, qui le croise souvent à Rabat. D’après ce dernier, le futur marié, âgé de 33 ans, connaîtrait Lalla Soukaïna depuis déjà plusieurs années. En effet, le jeune homme est issu d’un milieu proche depuis des décennies de l’entourage royal. Ses parents, en particulier son père, ont grandi dans une famille très liée au sérail. Abdelmoutalib Regragui est le fils de Fquih Regragui, qui était l’un des plus proches conseillers de Hassan II, mais également son ancien professeur au Collège royal. Son épouse aurait également été toute sa vie l’amie intime de Lalla Malika, la sœur du défunt monarque. Quant à la mère de Mehdi Regragui, il s’agit de Samia Fizazi, la fille d’Ahmed Fizazi, ancien wali du Grand Casablanca. Le couple fait connaissance au début des années 1970, sur les bancs de la Faculté de droit de Rabat. C’est le coup de foudre et ils se marient en 1975. “Après avoir décroché tous les deux leurs diplômes en sciences politiques, ils ont directement intégré le cabinet royal”, se rappelle l’une de leurs anciennes connaissances. A la même époque, Samia Fizazi, passionnée d’histoire, publie plusieurs articles dans Le Mémorial du Maroc. Quelques années plus tard, ils décident de changer de carrière. Après avoir travaillé à la Sonasid, puis à la primature dans les années 1980, Abdelmoutalib Regragui se lance dans le privé et intègre le groupe General Tire, avant de devenir exploitant agricole. Son épouse, elle, a finalement suivi sa vocation pour le journalisme, et fonde en 1998 le magazine Le Reporter, avec son amie Bahia Amrani. Quant à Mehdi Regragui, il aurait des parts dans deux sociétés : Act’Twice, qui fait dans le négoce de matériel informatique, et Win technologies, un centre d’appel. Les deux sociétés semblent avoir été mises en veilleuse depuis trois ans déjà. Il vivrait toujours chez ses parents dans le très huppé quartier des Ambassadeurs à Souissi (Rabat), dans une avenue hyper-sécurisée où beaucoup de hauts responsables ont élu domicile. Approcher le futur mari de Lalla Soukaina relève quasiment de la mission impossible.

Mode. Princesse fashionista

Au fil des apparitions de Lalla Soukaïna, les magazines féminins s’enflamment pour ses caftans et ses accessoires, et les Marocaines aussi. “Elle est devenue malgré elle prescriptrice dans le domaine de la mode traditionnelle. Dès qu’elle apparaît avec un caftan, toutes mes clientes veulent le même, ou une tenue qui s’en inspire. Et je ne suis pas le seul à avoir remarqué ce phénomène”, affirme un couturier rbati réputé. Pas étonnant lorsqu’on analyse de plus près le style de la jeune femme. “Elle a un style raffiné et une allure distinguée. Respectant les traditions du trône alaouite et le protocole de son rang, ses apparitions publiques représentent le summum de l’élégance de la haute couture marocaine, avec juste ce qu’il faut d’ostentation et de modernité”, affirme Sylvie Richoux, historienne de l’art et de la mode, et directrice de Casa moda academy. La princesse semble avoir hérité du goût de sa mère, Lalla Meryem, elle aussi considérée depuis plusieurs années par les Marocaines comme une icône de la mode traditionnelle. Pour le mariage du prince Albert de Monaco, par exemple, mère et fille semblaient avoir choisi leurs tenues ensemble. “Lalla Soukaïna portait un caftan rose poudré ton sur ton en satin de soie fluide orné de broderies d’argent. Sa mère arborait un caftan coordonné, une tenue en riche dentelle d’un ton plus soutenu”, poursuit Sylvie Richoux.

Dossier paru dans le numéro 587 de TelQuel, en kiosque du 17 au 23 mai 2013.

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