Les sociétés cotées désertent de plus en plus ?la place casablancaise. Analyse d’un phénomène anormal.
Après 18 ans d’existence à la Bourse de Casablanca, Fertima devra disparaître des lignes de cotation le 16 avril. L’Offre publique de retrait (OPR) initiée par son actionnaire principal, Charaf Corporation Holding, a connu un franc succès. Outre Asma Invest qui a cédé sa participation de 7,3%, les petits porteurs ont également pris part à l’opération. Et pour cause, le prix était alléchant : Les 214 dirhams offerts représentent une plus-value de 65% par rapport au cours affiché à la veille de l’annonce de l’offre (130 DH). Et, surtout, l’OPR permet aux gestionnaires de portefeuilles de « se soulager » d’un titre peu liquide. Tout au long de l’année 2013, les échanges sur Fertima se sont limités à une moyenne de 23 titres seulement par jour.
Le producteur d’engrais rejoint ainsi la longue liste des entreprises qui ont été radiées depuis l’avènement de Karim Hajji à la tête de la place casablancaise en 2009. Une liste dans laquelle on retrouve La Marocaine Vie, LGMC, SNI et ONA, Berliet Maroc, Branoma, Sofac, Société Chérifienne des Engrais ainsi que Diac Salaf. Une fois cette radiation effective, la place casablancaise aura perdu sa dixième société. « Mis à part l’ONA et la SNI qui, après leur fusion et pour des raisons purement stratégiques, ont décidé de déserter la cote, les autres valeurs avancent deux raisons principales : le manque de liquidité dont souffrent les petites capitalisations et le besoin stratégique d’une cotation qui n’est plus d’actualité », nous explique un opérateur du marché. Et l’hémorragie ne devrait pas s’arrêter là. «La Bourse de Casablanca devrait enregistrer de nouvelles radiations cette année, sachant que les critères de la Bourse sont difficiles à respecter par les émetteurs », alerte un trader.
En mal de recrutement
Depuis 2009, la cloche de la salle du marché casablancais n’a retenti que 6 fois. Il y a eu donc plus de radiations que d’introductions et la capitalisation boursière a fondu de 100 milliards de dirhams depuis début 2009. Pourtant, à cette époque, le nouveau directeur général, Karim Hajji, nourrissait de grandes ambitions. Ce dernier projettait de doubler le nombre de valeurs sur six ans. « Il faut agir sur l’offre de papier. L’objectif est d’attirer 75 nouvelles sociétés pour atteindre 150 sociétés cotées à l’horizon 2015. Nous avons identifié plus de 500 entreprises potentiellement cotables », déclarait à l’époque Karim Hajji dans les colonnes de la presse spécialisée. Aujourd’hui, nous sommes bien loin du compte. Et le patron de la Bourse tient un tout autre discours : « Le marché n’est que le reflet de l’économie. Il nous faut un regain de confiance pour intéresser et convaincre les 160 entreprises que nous sensibilisons chaque année », nous déclare-t-il. Il n’empêche, en 2013, la Bourse de Casablanca n’a enregistré qu’une seule introduction (JLEC) tandis que des marchés financiers comparables font nettement mieux. En Tunisie, pays qui vit pourtant des tensions politiques, pas moins de douze nouvelles sociétés ont rejoint la cote au courant de l’année dernière. Pour le Maroc, il faut attendre sans doute la réforme réglementaire des marchés pour assister à une nouvelle vague de recrutements. Dans les salles de marché, on parle déjà de plusieurs opérations en stand-by.
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