Interview. Le goût de l’amour

Un bouquet de saveurs épicées, un mélange aigre-doux, un plat sans amertume ? Les chefs Choumicha, Norbert Tareyre, Mohamed Filali et Taki Kabbaj décryptent pour TelQuel tous ces grands et petits ingrédients qui font le sel de l’amour.

Des saveurs de vanille, la chair d’une figue bien mûre, la douce amertume du chocolat… l’amour a t-il un goût ? Si, dans ce domaine, le cœur est inconstant, certains ingrédients font recette. Quatre chefs chevronnés d’ici et d’ailleurs nous mettent en appétit.

Choumicha Chafay

Productrice et animatrice d’émissions culinaires, Choumicha ne s’active pas qu’en cuisine. Site Web interactif, gammes d’épices et de thé organiques à son nom, la présentatrice-star de la télévision marocaine a plus d’une recette à son arc.

Mohamed Filali

Ancien de L’Atelier des Chefs à Paris, Mohamed Filali a multiplié les expériences dans des restaurants français étoilés avant de revenir au Maroc en 2008 pour créer Cuisin’attitude, une agence en conseil culinaire qui officie notamment pour Cuisine & Confidences à Casablanca.

Norbert Tareyre

Révélé en 2012 par l’émission Top chef sur M6, ce fou de cuisine à l’esprit compétiteur et grande gueule est désormais l’un des chefs incontournables du paysage audiovisuel français. Côté actu, il sera de passage ce samedi 15 janvier à la Fnac Casablanca pour un cooking show et une séance de dédicaces à l’occasion de la sortie de son livre J’ai pas un radis. Les foodistos sont prévenus.

Taki Kabbaj

Ex-chef de partie au Fouquet’s à Paris, Taki Kabbaj est l’un des dignes représentants de la nouvelle garde de cuisiniers made in Morocco. Le meilleur moyen de s’en convaincre ? Booker une table au Rouget de l’Isle Villa Élise, le restaurant dont il a repris les rênes il y a bientôt deux ans.

Pour vous, ça a quel goût, l’amour ?

Choumicha Chafay : D’un plat qui respecterait l’équilibre des forces et dans lequel les parfums et les saveurs seraient en parfaite harmonie. Comme dans la recette de la soupe de pigeonneau aux petits oignons et aux amandes parfumée à la cannelle et au safran, un plat que l’on affectionne particulièrement chez moi. 

Norbert Tareyre : Celui du chocolat

Mohamed Filali : La douceur de la vanille, le sucré du miel, la force du chocolat et parfois l’amertume du pamplemousse.

Taki Kabbaj : Celui des plats sucrés-salés et bien équilibrés. Il s’agit de surprendre le palais comme on pourrait le faire avec l’être aimé et proposer des saveurs que tout oppose mais qui donnent naissance à de belles symbioses, comme en amour.

L’ingrédient tue-l’amour ?

C.C. : Je dirais qu’il y en a plusieurs et que cela dépend des tempéraments. Dans la vie, je pencherais pour l’ennui et le doute. En cuisine, exit les plats trop lourds, le risque de sieste post-dégustation est bien trop grand ! (rires)

N.T. : L’oignon.

M.F. : Zappez l’ail ! L’odeur est si persistante qu’elle risque de calmer même les plus beaux élans.

T.K. : Je ne suis pas sûr qu’il en existe. Aussi noble qu’il soit, un produit peut s’avérer rédhibitoire s’il n’est pas cuisiné avec amour, tout dépend de la façon dont on le travaille.

Les plats les plus sexy ?

C.C. : Sans hésiter, la figue noire, celle que l’on mange bien mûre et que l’on récolte entre fin juin et début juillet. Un fruit absolument divin à la fois parfumé, doux, sensuel et légèrement teinté d’un goût de miel. À chaque fois que j’en mange, j’ai les larmes aux yeux.

N.T. : Les noix de Saint-Jacques, le foie gras et la paëlla, pour son mélange terre et mer.

M.F. : Les langoureuses gambas en dentelle au sésame du chef Guy Martin. Côté dessert, le célèbre éclair au chocolat du pâtissier Christophe Michalak.

T.K. : Le ceviche, une marinade de poissons crus au citron vert, fruits exotiques et fleur de sel. Un des cocktails les plus 
explosifs que la cuisine sud-américaine ait engendrés. 

Et les plus romantiques ?

C.C. : Un chocolat grand cru ou alors un macaron framboise, deux choses que je ne peux m’empêcher de partager.

N.T. : Le canard aux dragées.

M.F. : Un plat dont les produits ont été choisis avec soin et cuisinés avec amour. Il faut aimer ceux pour qui on cuisine de façon à ce que cette tendresse se retranscrive à chaque bouchée.

T.K. : Les fruits rouges. Framboises, mûres, myrtilles, cerises, servis nature ou imbibés d’alcool : rien que leur couleur fait déjà la moitié du boulot… Leur forte teneur en sucre et leur brin d’acidité s’occupent du reste. Cela peut paraître cliché, mais pour moi, c’est le bon.

Le faux pas à éviter lors d’un dîner romantique ?

C.C. : Les plats à l’ail sont à bannir car il ne fait pas fuir que les vampires (rires). Et les fromages trop faits aussi. En amour, la mauvaise haleine, c’est terrible !

N.T. : Le bout de persil coincé entre les dents. 

M.F. : Oublier de dire « Je t’aime ».

T.K. : Le manque de naturel, vouloir en faire trop. Dans l’attitude comme dans l’appellation ou la composition des plats.

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