Saïd Mahrouf : « Les Casablancaises m’inspirent »

Smyet bak ?

Mokhtar Mahrouf.

Smyet mok ?

Rahma Al Himmou Bettioui.

Nimirou d’la carte ?

NM807253. Je l’ai appris par cœur exprès pour vous.

Vous venez de participer à la Fashion Week d’Amsterdam. C’était la première fois ?

Non, la deuxième. Je suis assez chanceux parce qu’à chaque fois j’ai été invité. Beaucoup doivent payer pour y participer.

Comment expliquez-vous votre succès ?

Je suis l’un des rares à montrer mes créations un peu partout en Europe, notamment en France ou en Italie. J’espère que c’est avant tout pour mon travail et pas seulement parce que je suis Marocain.

En tout cas vos créations ne sont pas typiquement marocaines. Quelles sont vos influences ?

Je suis plutôt inspiré par le design hollandais, un style très minimaliste. Sinon, j’ai eu le privilège de voyager. J’ai grandi aux Pays-Bas, puis j’ai  étudié aux Etats-Unis. Tout au long de ma vie, j’ai eu accès à la culture. Forcément, ça nourrit l’esprit et l’imagination.

Pourtant, vous  écoutez toujours Drake et Beyonce ?

J’aime la street culture, le hip hop et le R’n’B.  J’ai grandi là-dedans et je ne risque pas de changer.

Est-ce que les Marocains s’habillent mieux qu’avant d’après vous ?

Globalement, je trouve que les femmes suivent beaucoup la mode. Mais lorsqu’on regarde les photos des années 1950, on s’aperçoit que les Marocains s’habillaient de façon très moderne. Après la colonisation et le protectorat, les gens ont ressenti le besoin de revenir aux traditions. C’est pour cela qu’on célèbre autant le caftan.

C’est pour cela que tout le monde en fait ?

Oui, et c’est la garantie de gagner de l’argent. Il y a un vrai marché pour le caftan et il n’est pas nécessaire d’être un grand styliste pour en confectionner. Et puis c’est très difficile de concurrencer toutes les marques étrangères qui se sont installées au Maroc.

Selon la styliste Fadila El Gadi, les Marocains n’aiment pas acheter marocain. Vous êtes d’accord ?

Non. Simplement, il faut arrêter de se confiner au style oriental et s’ouvrir davantage à l’universel. Lorsque mes clientes m’achètent une robe, elles sont fières de porter une griffe marocaine.

Vous ne faites que des vêtements pour femmes, pourquoi ?

La mode féminine permet plus de possibilités. Les Casablancaises m’inspirent vraiment. Elles sont très expressives et adorent montrer leur rang social à travers leurs tenues. Et ça, c’est bon pour le business (rire).

La « mode islamique », vous en pensez quoi ?

Vous parlez du hijab avec un jean moulant ? C’est contradictoire. Je crois que le voile permet de s’habiller de manière plus sexy.

Vous n’en avez pas marre des squelettes sur les podiums ?

Ce sont elles qui défilent, mais ce sont les autres qui achètent. Je crée d’abord pour les vraies femmes.

Antécédents

1973 : Voit le jour à Asilah.

1994 : Intègre la Rietveld Art Academy, une école de design à Amsterdam.

1996 : Perd son grand frère.

1998 :  Part à New York et étudie au Pratt Institute.

2011 : Rentre définitivement au Maroc. 

 

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