Troisième anniversaire du M20 : les plus beaux souvenirs des militants

A l’occasion du troisième anniversaire du mouvement du  20 février, nous remontons le temps en compagnie des certains acteurs de ce mouvement qui partagent  leurs meilleurs moments depuis le début de cette lutte, pour un Maroc plus démocratique.

Abdelhamid Amine, ancien président de l’AMDH

Je dois distinguer les bons moments et le meilleur moment. Le premier bon moment était la conférence de presse organisée au siège de l’AMDH le 17 février à Rabat. Pour la première fois on voyait de visu, ces jeunes qui, jusque-là, ne s’exprimaient que sur les réseaux sociaux et on réalisait que ce mouvement était vraiment sérieux, concret. Le 17 février le virtuel est devenu réel.

Le 20 février me vient aussi à l’esprit avec tout d’abord ce sentiment de stress car nous ne savions pas si nous allions être réprimés et si les manifestants allaient être présents. Puis, il y’a eu le soulagement à midi lorsque j’ai vu des milliers de personnes défiler dans les rues scandant des messages forts réclamant une meilleure justice, plus de liberté, de  dignité, et la fin de la corruption.

Je pense également à la manifestation du 3 juillet 2011, qui a eu lieu  deux jours après l’adoption de la nouvelle constitution. C’était un sentiment extraordinaire car on a cru que tout allait s’arrêter le 1 er juillet.  J’ai ressenti un grand soulagement et j’étais fier de ces jeunes (ndlr : militants du 20 février).

Trois ans plus tard ce mouvement politique de masse existe toujours et représente toujours l’espoir démocratique du peuple marocain. C’est une prouesse dont on ne peut être que fier. Le meilleur moment sera celui où le M20 atteindra son but : un Maroc où la dignité, l’égalité, et la liberté sociale règneront et c’est pour ce moment que nous continuons à lutter.

Nourredine Ayouch, publicitaire

Mon plus beau souvenir est sans doute les premières journées de manifestation. Ces journées m’avaient rappelé les protestations de mai 1968 quand j’étais étudiant à Paris.  J’étais fier de la jeunesse marocaine car je la croyais perdue pour la politique. Les jeunes du 20 février ont manifesté avec force et intelligence. Mon seul regret est que ces manifestations ont été instrumentalisées par des mouvements comme «  Al Adl Wal Ihsane ».

Nizar Benamate, journaliste et militant

Le meilleur moment  était le 20 février.  Voir le résultat de trois semaines de travail, et  toutes ces villes  qui manifestaient  ainsi que la passion des manifestants était vraiment fantastique. C’est la première fois que le régime cède à la pression de la rue.

Je pense également aux préparatifs des manifestations. L’ambiance était vraiment bonne lors des premières réunions de groupe lorsqu’on préparait les banderoles, les tracts et les slogans. Il y’avait également ce vent de liberté qui venait d’Egypte et de Tunisie. Les gens donnaient le meilleur d'eux-mêmes. Certains manquaient de sommeil tandis que d’autres ont carrément quitté leur travail. C’était une belle aventure.

Montasser Drissi, étudiant

Le meilleur moment du 20 février est pour moi la manifestation du 24 avril 2011 au quartier Yacoub El Mansour à Rabat. C’était vraiment impressionnant de voir autant de gens répondre à l’appel, et de voir ces personnes reprendre les slogans du M20 et y ajouter leurs propres slogans. Pour moi c’est sans doute le meilleur moment car on a vraiment senti l’implication de la population de ce quartier.

Nabila Mounibsecrétaire général du Parti Socialiste Unifié

J’ai deux moments en tête. Tout d’abord le premier sit-in du mouvement. J’étais fière d’entendre qu’il y’avait partout au Maroc des jeunes qui réclamaient du changement, la mise en place d’une démocratie, la justice sociale, la dignité et la liberté. Il flottait dans l’air un sentiment d’espoir renouvelé, un début de renaissance au Maroc et dans la région.  Je me disais que le changement était à portée de mains

Le 20 mars 2011 était un autre moment particulièrement marquant.  C’est à ce moment-là  que le mouvement avait une véritable conscience politique et ce malgré le discours du 9 mars. La manifestation du 20 mars était l’illustration de la détermination de la lutte. Ces jeunes voulaient que ce mouvement continue jusqu’à ce que l’on réponde à leurs aspirations.

Khadija Riyadi, lauréate du prix des Nations Unies pour la cause des droits de l’homme

Trois moments me viennent à l’esprit. Le premier est la manifestation du 24 avril 2011 à Yacoub El Mansour. Ce jour-là, j’ai senti que les personnes qui habitaient dans ce quartier populaire de Rabat étaient dignes.  Elles ne marchaient pas toutes avec nous, mais applaudissaient depuis leur fenêtre et faisaient le signe de la victoire. On se sentait acceptés. C’était une découverte pour eux. On pouvait être actif et exprimer ses idées librement.

Le deuxième, est l’anniversaire du 20 février en 2012. Il régnait ce jour-là, un sentiment de retrouvaille et on pouvait clairement voir que ces jeunes étaient toujours prêts à combattre bien que le mouvement ait perdu en nombre. J’étais à la fois fière et surprise.

Le dernier moment qui m’a marqué est la manifestation du 26 janvier 2014. Il y’avait bien eu des manifestations en 2013, mais peu de gens étaient venus. Tout d’un coup à la fin janvier de plus en plus de personnes ont rejoint les manifestations. J’étais heureuse. C’était une journée très spéciale, car certaines manifestations qui s’étaient tenues durant cette période ont été réprimées mais les gens ont montré leur courage.

 

 

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