Attachés à leurs racines marocaines, ils sont dans leur majorité des partisans du dialogue israélo-arabe. Une fois atteint des postes de décisions, ils ont été sensibles aux positions défendues par le royaume.
David Lévy Ex-ministre
Le maçon devenu ministre
Né à Rabat en 1937 dans une famille modeste, il quitte le Maroc pour Israël à l’âge de 22 ans où il travaille comme maçon et ouvrier agricole. Dix ans plus tard, à 32 ans à peine, il fait son entrée à la Knesset sous les couleurs du Likoud (droite israélienne). Il cumule le poste de député avec celui de maire de la petite localité où il réside (Bet Shean). En 1977, il commence une longue carrière ministérielle dans différents gouvernements. Rien qu’entre 1990 et 2000, il a été nommé ministre des Affaires étrangères à trois reprises. Il est l’un des premiers responsables israéliens à être reçus par Mohammed VI qui lui déroule le tapis rouge en janvier 2000. David Lévy était venu au Maroc pour chercher un appui du souverain pour la relance du processus de paix. En 2002, il démissionne du gouvernement, mais reste l’une des figures de proue de la communauté séfarade.
Amir Peretz Ex-patron du Parti travailliste
Sur le front
Il est né en 1952 à Bejaâd, ville où son père dirigeait la communauté juive. Quatre ans plus tard, il immigre en Israël. C’est aujourd’hui l’un des hommes politiques d’origine séfarade les plus en vue à Tel-Aviv, notamment pour ses qualités de leader syndical capable d’organiser des grèves générales bloquant tout le pays. En 2005, il devient le chef du Parti travailliste en battant son concurrent Shimon Perès. Ses origines séfarades en tant que juif marocain contribuent à donner une image plus populaire au parti, jugé élitiste par les Israéliens originaires du Maghreb. En 2006, il est nommé ministre de la Défense, mais démissionne vite suite aux critiques qu’il essuie lors du conflit contre le Hezbollah au Liban. La même année, Amir Peretz est reçu en grande pompe par Mohammed VI, malgré les protestations des organisations marocaines de défense des Palestiniens. Aux yeux des officiels marocains, son image de « colombe » est restée intacte malgré son rôle dans le conflit israélo-libanais. En 2007, il claque la porte du Parti travailliste et fonde son propre mouvement : Hatnuah. En mars 2013, il renoue avec les responsabilités gouvernementales en occupant le poste de ministre de l’Environnement. Dans le gouvernement Netanyahu III, il est le deuxième ministre d’origine marocaine, l’autre étant le souiri Meïr Cohen.
Yehuda Lancry Diplomate
Le médiateur
Né à Bejaâd en 1947, il émigre en Israël en 1965. Il fait ses débuts aux côtés de David Lévy dont il a été le plus proche collaborateur. C’est d’ailleurs ce dernier, à l’époque où il était ministre des Affaires étrangères, qui le nomme ambassadeur à Paris (1992-1995), puis représentant d’Israël à l’ONU (1999-2001). Il est proche de plusieurs diplomates marocains dont l’ancien ministre des Affaires étrangères Mohamed Benaissa. Il est aussi ami avec l’ancien ambassadeur du Maroc à l’ONU, Ahmed Snoussi, un homme qui « n’oublie jamais que les Israéliens sont les cousins des Marocains », écrit Lancry dans ouvrage Le Messager meurtri. Il a révélé avoir facilité les contacts téléphoniques entre Mohammed VI et l’ancien premier ministre Ariel Sharon, en 2002 en marge d’un sommet de la Ligue arabe. Le roi l’a fait grand officier du Wissam al-Arch en 2008, suscitant une vive polémique chez les défenseurs marocains de la cause palestinienne.
Reuven Abergel
Cofondateur des Black Panthers
Le défenseur des arabes
Né à Rabat en 1943, il émigre en Israël dans les années 1950 avec sa famille. Il devient un activiste politique à partir de 1959, lorsqu’il assiste à un soulèvement des juifs marocains contre la domination et les discriminations infligés par les juifs ashkénazes à Wadi Salib, près de Haïfa. En 1971, il fonde les Black Panthers avec Saadia Marciano (autre juif marocain) et d’autres immigrés de la deuxième génération à Musrara, un quartier à Jérusalem vidé de ses habitants palestiniens en 1948 et remplacé par des juifs arabes. Crée pour protester contre le traitement réservé aux communautés juives arabes, le mouvement est construit sur le même modèle que les Black Panthers aux Etats-Unis (marche, campagne, travail communautaire). Si cette organisation s’essouffle peu à peu à cause de luttes intestines, Reuven Abergel a continué le militantisme auprès du mouvement Tarabut-Hithabrut contre le sionisme, le racisme, le mur de l’« apartheid », l’occupation israélienne et pour la défense des réfugiés palestiniens. Il a en outre rencontré Yasser Arafat et organisé des programmes de distribution d’eau et de nourriture pour les villages bédouins d’Israël. Au moment de la guerre de Gaza, en 2009, Reuven Abergel a créé le réseau international juif anti-sioniste (IJAN), qui a appelé à «affronter le sionisme, et à isoler et sanctionner Israël».
Shlomo Amar Grand rabbin
Un religieux qui compte
Né à Casablanca en 1948, il s’est installé en Israël dans les années 1960 et a été nommé rabbin après de longues études religieuses. Grand Rabbin de la communauté séfarade d’Israël de 2003 à 2013, il a été l’un des deux religieux les plus puissants de l’Etat hébreu – l’autre étant le représentant de la communauté ashkénaze. Son influence politique est claire : Rabbi Amar chuchote à l’oreille des premiers ministres et des présidents qui se succèdent, sur des questions comme le retour des juifs éthiopiens ou le mariage civil. Sur la scène internationale, son nom a été découvert par les musulmans en 2006, lorsqu’il a écrit une lettre au puissant ouléma égyptien Cheikh Youssef Qardawi, où il critiquait une déclaration du pape Benoît XVI relative à l’Islam. Le pouvoir de cet homme peut s’illustrer par cette anecdote : il était en deuxième ligne à l’aéroport, pour accueillir Barack Obama en mars 2013 à Tel-Aviv, juste derrière le président israélien et le premier ministre Benyamin Nétanyahou. Il est décoré en 2013 du Wissam Alaouite de classe exceptionnelle par Mohammed VI, qu’il avait déjà rencontré en 2003.
Meir Cohen Ministre
Le modéré de Mogador
Contrairement à son confrère Amir Peretz, ministre de la Défense et auteur, en 2006, du raid militaire contre le village libanais de Cana, qui avait fait 1200 morts, Meir Cohen est resté une « colombe » dans le cadre du conflit israélo-palestinien. Ce nâtif d’Essaouira au milieu des années 1950, prend en charge les Affaires sociales au sein gouvernement Netanyahu. À ses yeux, le réel danger pour Israël n’est pas tant le nucléaire iranien, mais plutôt le creusement des inégalités sociales. A la tête du parti Yesh Atid (il y a un avenir), ses positions politiques séduisant les couches moyennes, mais ne sont pas toujours bien perçues par l’establishment israélien, de plus en plus radical concernant le conflit israélo-palestinien. Il est convaincu que démocratie et dialogue sont les seules voies pour parvenir à une paix durable dans la région.
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