Les grands défis de 2014

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Plusieurs hauts commis de l’Etat sont attendus sur des chantiers cruciaux. Ils figureront parmi les personnalités qui seront très suivies au cours de cette année.

Se réconcilier avec la société civile

Des portes qui claquent, des démissions, un boycott… le dialogue sur la société civile, entamé en mars 2013, a démarré sous de mauvais auspices. Une centaine d’associations ayant du poids, à l’instar de Transparency Maroc ou des organisations féministes et amazighes, ont accusé le gouvernement de dirigisme et de mainmise sur le dialogue, en voulant pour preuve la désignation sans concertation des membres de la commission chargée d’organiser les débats. « Peut-être que le ministre en charge du dialogue, Lahbib Choubani, assume une certaine responsabilité dans la mesure où il a polémiqué avec une grande partie de la société civile », déclarait récemment dans nos colonnes Ismaïl Alaoui, le président de la commission du dialogue national. Une manière à peine voilée de souligner que Lahbib Choubani est devenu la bête noire de nombreux acteurs associatifs en bisbilles avec lui. Les conclusions finales du dialogue sont prévues pour la mi-mars 2014. Mais quelle qu’en soit la teneur, elles seront rejetées par une bonne partie des associations qui ont opté pour la politique de la chaise vide. La promulgation d’une loi organique pour permettre la participation des ONG au processus législatif sera laborieuse.

Un capitaine pour le football

« Tous les problèmes du football national devront être réglés au cours du mois de janvier ». La déclaration est de Mohamed Ouzzine, le ministre des Sports. Il l’a prononcée dans l’euphorie de l’arrivée du Raja en finale du Mundialito, un parcours exceptionnel qui a réconcilié le Marocain avec le football local. Il est néanmoins difficile de croire le ministre sur parole, tant il semble impuissant devant la ruine du ballon rond marocain. Après l’annulation de la scandaleuse assemblée élective de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), la FIFA est revenue à la charge en recommandant de ne plus recourir au scrutin par listes et de créer deux ligues seulement (professionnelle et amateur). Cela suppose la modification des statuts de la FRMF avant d’organiser de nouvelles élections où les petits arrangements entre les patrons de clubs ne seront plus possibles. C’est seulement après cela que l’on pourra espérer la désignation d’un coach pour l’équipe nationale, alors que le Maroc abrite la Coupe d’Afrique en 2015. En attendant, la fédé a sauvé la face en confiant in extremis à Hassan Benabicha l’équipe nationale locale qui disputera la CHAN 2014.

Le bazar des hôpitaux

Le ministre de la Santé a marqué des points à la fin de l’année 2013 en gagnant son bras de fer contre les industriels pharmaceutiques. Dans ce combat pour la baisse des prix des médicaments, El Hossein El Ouardi a été soutenu par le Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. Mais la question de la santé n’est pas close pour autant, loin s’en faut. Le projet d’ouvrir le capital des cliniques privées aux non-médecins sera l’un des dossiers chauds de l’année. Et il s’accompagnera certainement d’une âpre confrontation avec les syndicats de professionnels, déjà largement remontés contre leur ministre de tutelle. L’accès aux soins dans les régions reculées ainsi que la généralisation du Ramed sont aussi des volets sur lesquels le ministère est attendu. C’est d’ailleurs pour progresser dans ces chantiers que son budget a connu une hausse de 600 millions de dirhams.

Un logis pour la classe moyenne

Pour pallier les déséquilibres du marché de l’immobilier, tourné soit vers le social soit vers le luxe, sans offre intermédiaire, le gouvernement Benkirane avait promis d’accoucher d’un dispositif dédié à la classe moyenne. Au bout
de deux ans, le ministre de l’Habitat, Nabil Benbdallah, a compris qu’il ne pouvait réussir qu’en associant les promoteurs immobiliers à ce projet. Leur lobbying a fini par payer et Benbdallah a dû revoir ses calculs à la hausse. Au lieu de 6000 DH le mètre carré, le prix est passé à 7200 DH. Une concession très chère mais qui fera de 2014 la véritable année de lancement de ce dispositif tant attendu et sur lequel le ministre joue son mandat. « Le défi sera de concrétiser les conventions déjà signées et d’attirer les grands promoteurs privés, seuls capables de couvrir la demande du marché », tient à rassurer un haut cadre du ministère de l’Habitat. Pour l’heure, les grands promoteurs ne se bousculent pas au portillon : seule une dizaine de conventions ont été ratifiées, notamment une avec le holding public
Al Omrane pour 38 000 unités.

Avant la rentrée des classes

Discours royal offensif, débat houleux sur la langue de l’enseignement, changement de ministre… l’éducation nationale, dans le coma, a connu quelques sursauts épars en 2013. L’urgence de la réforme, devenue un marronnier depuis plus d’une décennie, a été prise à bras-le-corps par Mohammed VI lui-même. Le soir même de son discours dédié à l’éducation, le 20 août dernier, le roi a nommé Omar Azziman, son conseiller, à la tête du Conseil supérieur de l’enseignement. Pour appuyer l’effet de changement et faire table rase du passé, Rachid Belmokhtar a pris les commandes du département de l’Education nationale. L’ancien président de l’université Al Akhawayn et de l’observatoire de l’INDH devra faire ses preuves avant la rentrée scolaire 2014.

Combien sommes-nous ?

Cette année verra l’organisation du recensement général de la population et de l’habitat. Le sixième du genre du Maroc indépendant et qui aura lieu en septembre prochain. Au sein du Haut commissariat au plan (HCP), le département piloté par Ahmed Lahlimi, les préparatifs ont déjà commencé. En gros, il s’agit de former les 15 000 contrôleurs et 46 000 superviseurs qui couvriront sur le terrain quelque 42 000 districts. Le budget de ce recensement est fixé à 600 millions de dirhams, contre 428 en 2004. Et son enjeu est encore plus important. Au-delà de connaître la situation générale du pays, il s’agit de fournir des statistiques cruciales pour élaborer des politiques publiques d’une extrême importance. Les programmes Tayssir, Ramed ainsi que l’octroi d’aides directes aux démunis, en lieu et place du système de subvention des denrées de base, dépendent d’une connaissance approfondie du niveau de vie des Marocains et de leurs besoins.

Obtenir un consensus numérique

On l’attendait depuis 2009. Le projet de loi du code numérique, entamé par l’équipe d’Ahmed Reda Chami, a été dévoilé en décembre 2013, avant d’être retiré illico presto du site du secrétariat général du gouvernement. C’est que la première mouture, mise en ligne pendant quelques jours, a fait des vagues. Décevant, répressif, imprécis, ce texte, censé rassurer et protéger les internautes, a provoqué l’effet inverse chez les militants, consommateurs et professionnels du domaine. A l’irritation engendrée par le projet de loi s’est greffée la confusion entourant sa gestion : l’actuel ministre du Commerce et de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, s’est dédouané de toute responsabilité quant au contenu du document, avant de justifier son retrait : sur Twitter, il tonne que « le code du numérique est trop important et structurant pour ne pas faire l’objet d’un large consensus ». A lui donc de trouver le moyen d’obtenir ce consensus auprès des internautes gonflés à bloc contre toute restriction de la liberté sur Internet.   

 

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