Politique. La fragilité de la coalition gouvernementale et l’hostilité des partenaires sociaux réduisent la marge de manœuvre du Chef du gouvernement.
Sahara. L’audace politique lui manque pour s’inviter dans la gestion de ce dossier pour lequel le CESE a déjà balisé le terrain.
Economie. Des mesures impopulaires s’imposeront de facto dans ce contexte de crise. Et sa popularité en subira les conséquences.
Peut-être que j’étais naïf quand j’ai cru qu’il était facile de mener des réformes ». Les paroles sont de Abdelilah Benkirane. Il les a prononcées devant la Chambre des conseillers à la fin de l’année. Un aveu d’impuissance on ne peut plus clair de la part du Chef du gouvernement, le premier de l’ère de la nouvelle Constitution. Preuve s’il en fallait que le relifting de la loi fondamentale n’a pas vraiment changé grand-chose. Mais ce n’est pas uniquement par manque d’audace ou d’incompétence de l’Exécutif. C’est la configuration institutionnelle du royaume qui favorise une atomisation politique et entrave l’émergence de pôles puissants. « N’importe quel autre Chef de gouvernement ou n’importe quel autre parti n’aurait pu faire mieux », affirme un analyste politique. Cela se voit à travers l’incapacité du gouvernement et du parlement à promulguer les lois organiques permettant l’application effective de la nouvelle Constitution. Cela se voit aussi à travers la défaillance de la coalition gouvernementale qui a abouti à un remaniement forcé.
Abdelilah Benkirane donne l’impression d’un homme abattu. La realpolitik l’a dompté, le pouvoir l’a rongé et ses limites sont apparues au grand jour. Le leader du parti islamiste, qui promettait monts et merveilles, s’est retrouvé embourbé dans une guerre d’usure avec les caciques du régime. Ceux-là mêmes qu’il n’ose plus nommer, se contentant de les qualifier de tamasih ou âfarit. Que ce soit sur le plan politique, économique ou diplomatique, il se retrouve complètement dépassé par la tournure des événements. Les grands dossiers lui échappent complètement, les réformes qu’il tente d’engager restent bloquées, les lois que son gouvernement propose sont généralement adoptées dans la douleur ou dans la précipitation. L’illustration parfaite est sans doute la dernière Loi de Finances, et particulièrement l’épisode de l’amnistie sur les avoirs des Marocains détenus à l’étranger, passée au forcing après avoir été rejetée en deuxième chambre.
Survivre avant tout
Dans tout ce micmac, Benkirane navigue à vue et surtout veille à limiter les dégâts. Il se montre alors agressif avec ses adversaires politiques : il est désormais assez expérimenté pour savoir que les offenses entre politiciens peuvent vite être oubliées dès lors qu’il s’agit de prise de pouvoir. Il suffit de rappeler sa passe d’arme avec son principal partenaire d’aujourd’hui, Salaheddine Mezouar. Mais Benkirane s’atèle aussi à rester dans les bonnes grâces du sérail et, pour ce faire, il laisse tout passer et n’ose même plus prendre les devants. Bref, le scénario classique d’un homme qui goûte au pouvoir et qui en devient accro…
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