Balle au centre. Sur la pelouse Moutouali, Iajour et les autres ont été les artisans des victoires du Raja qui ont fait vibrer le Maroc. Dans les coulisses de la fédération, d’autres chercheront à récolter les lauriers…
Mohamed Boudrika
Le président de la rupture
Natif de Derb Soltane, quartier le plus rajaoui du Maroc, ce trentenaire est un pur produit du club. Et à peine installé, il prouvait à ses anciens copains du virage qu’ils avaient le droit de rêver en grand : web TV du club, match contre le FC Barcelone… Il ne s’est privé de rien. Il faut dire que cet offensif a les moyens de ses ambitions. Economiquement, il pèse lourd puisqu’il est propriétaire d’un groupe immobilier qui a connu une croissance fulgurante. L’arrivée de Boudrika à la tête de ce club mythique des syndicats bidaouis se veut comme une rupture avec le passé. « Traditionnellement soutenu par des bailleurs de fonds soussis, qui répondaient ainsi au capital fassi du Wydad, le club est aujourd’hui entre d’autres mains. Ce qu’on peut appeler le capital 3aroubi », analyse un connaisseur des arcanes footballistiques.
Certains voient par ailleurs, dans l’ascension fulgurante de Boudrika, la main secrète du PAM qui voudrait réitérer l’expérience des années 1980 où le Raja était entre les mains de l’UC, un parti de l’administration. Ils avancent comme argument l’appartenance du frère de Boudrika au parti fondé par El Himma.
Tarik Najem
Le guide de la FIFA
Même si son nom n’est pas plus connu que ça des foules, il a l’oreille des puissants. Lorsqu’il a été nommé secrétaire général de la fédération, on a insisté, du côté des officiels, sur sa proximité avec le monde du football. Najem était certes passé par la direction de Arriyadia, mais il n’était pas aussi proche du foot qu’on aimait à le prétendre. Il s’occupe durant cette Coupe du monde des clubs des « ressources supplémentaires » du staff de la FIFA. Comprenez, il répond à leurs exigences de dernière minute, les dorlote et s’assure de leur confort. Des attentions qui sont autant de ballons plantés au fond des filets pour le Maroc et resteront dans les mémoires pour de futures négociations avec la plus puissante fédération du monde.
Karim Akari
L’homme de l’ombre
Il évolue dans la maison « ministère des Sports » depuis des années. Le secrétaire général ne fait pas tant dans les soirées bling-bling que dans les rencontres aux titres ronflants, comme ce « séminaire international de formation des directeurs de centres de jeunes portant sur la gestion des infrastructures socio-éducatives en vue d’en assurer leur rentabilité ». Reconnu pour son savoir-faire, s’il était footballeur, il serait du genre assidu à l’entraînement, évitant les frasques inutiles. On le dit en froid avec le top management de la fédération et sa volonté de s’introduire dans les affaires des sociétés sous la tutelle du département a fait plus d’un mécontent. D’ailleurs, c’est lui qui assure la direction par intérim de la Sonarges, société de gestion des stades.
Mohamed Ouzzine
On oublie la cérémonie
Le surréalisme de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde des clubs (voir p.34) a nourri la polémique qui s’est vite transformée en bataille politique. Et c’est le ministre de la Jeunesse et des Sports qui en a fait les frais. Hamid Chabat, patron de l’Istiqlal, s’est indigné, ainsi que des membres de l’USFP et de l’UC, qui ont tous visé le ministre. Le groupe parlementaire du PAM est allé jusqu’à déposer une demande pour le questionner à ce sujet, arguant que l’argent dépensé pour le show devait être justifié, au vu du spectacle. Et quand il a voulu s’expliquer, Ouzzine a tenté des passements de jambes pas des plus réussis. La Coupe s’ouvrait donc sous des auspices bien sombres pour le ministre, qui était déjà largement brouillé avec les plus hauts décideurs de la fédération et qui avait dû se justifier devant le parlement et nier toute ingérence de son département dans les affaires de la fédé. Il a des soucis aussi avec la fédération internationale de basket, qui risque de réitérer son refus de reconnaître la commission provisoire de la fédération marocaine qu’il a constituée. Il se peut que la victoire des Verts offre à Ouzzine une trêve hivernale.
Abdelilah Akram
L’indéboulonnable président
Sur un mur sur deux, de Kénitra à Casablanca, vous trouvez son nom suivi d’un « Irhal » peu amène. Les supporters wydadis ne le portent pas dans leur cœur. Et récemment, il s’est illustré : il est pour beaucoup dans les prolongations – un brin ennuyeuses – que nous ont infligées les membres de la fédération. Pourtant, Abdelilah Akram, proche du PAM en politique, reste aujourd’hui dépositaire de la signature de la fédération en tant que son vice-président. A ce titre, il est un pivot par qui le ballon passe forcément durant la partie. Le départ de Ali Fassi Fihri et les coups de sifflet de la FIFA qui ont suivi l’élection de Faouzi Lakjaâ à la tête de la fédération peuvent sonner pour lui comme une aubaine. Milieu de terrain, il peut profiter du capharnaüm pour galoper le long des lignes de touche et passer de nouveau à l’attaque.
Karim Alem
Il est toujours là !
A l’époque où le général Housni Benslimane dirigeait encore la fédération, il l’avait quittée dans des conditions que l’on disait houleuses. Et aujourd’hui encore, les rumeurs vont bon train sur le peu de considération qu’auraient de nombreux professionnels à l’égard de ce membre fédéral qualifié d’omnipotent et peu respectueux des clubs (voir p.56). Mais Karim Alem n’en avait sûrement cure lorsque le Raja a planté son troisième but. Et au coup de sifflet final, il devait jubiler. Le directeur du tournoi avait sûrement besoin d’un moment de répit, et les Verts le lui ont offert sur un plateau. A ses yeux, la réussite de l’évènement Coupe du monde des clubs est l’argument phare du Maroc pour les dossiers d’accueil du Mondial 2026. Et si c’était aussi le gage de son maintien dans le staff de la fédé ?
Moncef Belkhayat
Retour de hors-jeu
Alors, content ? A ceux qui oublient le rôle joué par l’ancien ministre des Sports, rappelons que c’est lui qui a déposé, durant son mandat, la candidature du Maroc pour l’organisation de la Coupe du monde des clubs. Les réactions suscitées en 2011 par sa demande variaient entre « gaspillage des fonds publics » et « surestimation de l’infrastructure du Maroc ». Lui répondait que « le Maroc dispose de tous les atouts pour organiser le Mondial des clubs de football ». Aujourd’hui, certains de ses détracteurs se disent fiers d’accueillir une telle manifestation. Moncef Belkhayat, qui voit en la réussite de cette coupe une passerelle pour se remettre en selle dans le sport-business, déclare « ne pas prendre la victoire du Raja comme une revanche sur les critiques de l’époque ». Il se contente de remarquer que « l’affiche Bayern-Raja, c’est un rêve. Je suis en train de rêver et je crois que tout le Maroc rêve. Après ça, je peux mourir heureux ». Ou rebondir.
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