Fait inédit, quasi révolutionnaire : trois chercheurs marocains ont décidé de traîner la Banque Mondiale devant la justice, l’accusant de faux et usage de faux. En dehors du président de l’Equateur, personne n’avait jamais osé défier cette institution qui fait et défait les économies du tiers monde et qui vient de nous gratifier d’un méga-prêt de 4 milliards de dollars sur quatre ans.
Flash-back. Najib Akesbi, Mohamed Al Mahdi et Driss Benatia, trois experts agronomes, sont engagés en 2007 pour mener une étude nommée RuralStruck, sur la libéralisation du secteur agricole au Maroc. L’étude terminée, ils découvrent, à leur grande surprise, que les résultats de leurs travaux ont été « maquillés » à des fins de « swab » diplomatique. L’institution de Bretton Woods, qui voulait éviter à son gentil élève « Maroc » l’humiliation d’être classé derrière des pays comme le Mali ou Madagascar, a tout fait pour le placer sur le même pied d’égalité que le Mexique.
L’histoire aurait pu en rester là, mais c’était compter sans l’idéalisme romantique d’Akesbi et de son équipe, épaulés par l’avocat Abderrahim Jamaï. La procédure, lancée il y a deux ans, n’a d’abord pas été prise au sérieux par le bureau marocain de la banque, qui s’est caché derrière son immunité diplomatique. Mais nos chercheurs ont fini par avoir gain de cause : le représentant de la banque comparaîtra devant le Tribunal de première instance de Rabat dès janvier. Quel que soit le verdict, l’événement est en soi une victoire. Un précédent que les mouvements altermondialistes des quatre coins de la planète pourront désormais invoquer dans leur lutte Sud-Nord. Un tabou mondial est tombé.
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