Même dans les maisons royales d’Europe, la fortune privée des familles régnantes reste un secret bien gardé qui suscite parfois la polémique. Tour d’horizon 
des salaires et du patrimoine 
des monarchies d’ailleurs.

Suède

Quand le roi perd en Bourse…

Le gouvernement a accordé 12,5 millions d’euros pour la liste civile (dont 6 millions pour l’entretien des bâtiments royaux), soit une ponction de 0,70 centimes d’euro par contribuable. Mais il arrive que la maison Bernadotte obtienne des rallonges exceptionnelles. Pour les noces de la princesse héritière Victoria, en juin 2010, le gouvernement a ainsi accordé 1 million d’euros pour les frais de cérémonie. La fortune du roi Carl XVI GustaF est estimée à quelque 15 millions d’euros, mais son portefeuille boursier aurait perdu près d’un million avec la crise des marchés financiers. Début 2010, les Suédois ont été choqués d’apprendre que le monarque, pour renflouer ses caisses, avait puisé dans les subventions européennes agricoles.

Belgique

Le milliard du monarque

Un projet de loi fixant la liste civile du nouveau roi Philippe a été adopté en septembre dernier par le parlement. Ce projet fixe les dotations de la famille royale à 11,55 millions d’euros (contre 13,8 millions auparavant). Cette loi apporte essentiellement deux nouveautés : la révision du montant de la liste civile s’opère désormais chaque année (contre tous les trois ans auparavant) pour l’ajuster au coût de la vie, et les bénéficiaires de cette manne publique se limitent à l’héritier et au conjoint du roi. Ces ajustements interviennent au lendemain de l’abdication du roi Albert II. La fin de règne de ce dernier avait été marquée par une polémique concernant son patrimoine. Un spécialiste avait avancé que la véritable fortune des « von Saxe-Coburg und Gotha », officiellement estimée à 12,4 millions d’euros, s’éleverait en fait à un milliard d’euros. Un chiffre qui tiendrait compte de l’importante fortune au Congo et des actions historiques au sein de la société Suez. Le Palais belge avait réagi en qualifiant cette estimation de fantaisiste.

Pays-Bas

Shell c’est lui

La reine Beatrix, qui a abdiqué en avril dernier en faveur de Willem-Alexander, s’est vu octroyer une dotation de 1,4 million d’euros par an. Le degré de détail des dépenses de la famille royale est assez impressionnant : le rapport présenté devant les élus inclut par exemple l’usage des avions et hélicoptères, pour raisons publiques et privées, avec le nombre d’heures de vol et le coût par heure. Ou encore le coût d’entretien du yacht royal… Au total, le salaire et le budget fonctionnel de la famille royale dépassent les 110 millions d’euros par an. La maison Orange-Nassau fait partie des familles les plus riches d’Europe, avec une fortune estimée à 5 milliards de dollars. Outre ses intérêts dans l’immobilier et dans des exploitations agricoles, en plus des investissements dans des collections d’art, son véritable trésor de guerre n’est autre que la multinationale Shell, dont elle est l’un des plus importants actionnaires. Le nom complet du géant pétrolier est d’ailleurs Royal Dutch Shell plc.

Grande-Bretagne

Pas d’augmentation pour la reine

La maison royale britannique dispose d’un site officiel où est publié chaque année un rapport volumineux détaillant les dépenses afférentes aux Windsor. Les modalités de calcul de ce budget ont été amendées en avril 2012. Le nouveau système dit « Souverain Grant » tient compte d’un pourcentage des revenus de la couronne. Pour l’année budgétaire 2012-2013, les occupants de Buckingham palace avaient droit à une dotation de 33,3 millions de livres (près de 510 millions de dirhams). Elizabeth II est par ailleurs la 214e fortune de son pays, selon un classement du Sunday Times. Le célèbre magazine Forbes estime son patrimoine à 450 millions de dollars, dont un portefeuille actions de 80 millions d’euros investis dans les valeurs vedettes du Footsie, l’indice boursier de la City. Mais il ne s’agit que du patrimoine personnel de la reine. La fortune des autres membres de la famille régnante dépasse le milliard de dollars.

Espagne

Le roi des indignés

Eclaboussée par les scandales à répétition, la famille royale s’est décidée à jouer la transparence pour reconquérir l’opinion publique. Le locataire du bucolique palais de la Zarzuela s’est contenté de révéler le montant du budget royal alloué par le gouvernement – près de 8 millions d’euros pour 2013 –, dédié aux dépenses courantes et aux salaires des employés du palais. Le renforcement du contrôle de la liste civile a fait l’objet d’une loi, bien que son montant ne cesse de baisser d’année en année. Eh oui, Juan Carlos n’échappe pas non plus au plan d’austérité voté par le parlement  espagnol. Mais il ne risque pas pour  autant de rejoindre le rang des indignés de la Puerta del sol. En 2002, la revue Eurobusiness évaluait la fortune du roi d’Espagne à 1,8 milliard d’euros, 
le plaçant comme la sixième tête 
couronnée la plus riche d’Europe et la quatrième grande fortune de son pays. Pourtant, Juan Carlos ne figure plus dans le classement Forbes des rois les plus riches au monde.

Danemark

Pauvre Margrethe

La liste civile de la reine Margrethe II est ajustée deux fois par an en fonction de l’indice des salaires du secteur public. Somme toute, la maison d’Oldenbourg perçoit des allocations annuelles de 97 millions de couronnes danoises (soit 145 millions de dirhams). Les princes et princesses sont assujettis à l’impôt sur la succession. Mais il faut dire qu’ils ne risquent pas de toucher un gros héritage. La revue Eurobusiness a estimé la fortune des Glücksbourg à quelque 12 millions d’euros placés dans un fonds d’investissement. Et encore, le Palais danois avait immédiatement réagi, estimant ce chiffre trop élevé.

Jordanie

La discrétion des pays arabes

Selon les documents des finances publiques jordaniens, le roi Abdallah a eu droit en 2010 à une dotation de 37,2 millions de dinars jordaniens (433 millions de dirhams). Aucune indication n’est disponible au sujet de sa fortune personnelle. Les autres monarques du Golfe et du Moyen-Orient sont en revanche plus connus pour leur richesse astronomique. Le roi d’Arabie Saoudite ou encore les émirs d’Abu Dhabi et Dubaï trônent généralement dans le top 5 des différents classements des têtes couronnées du monde. Et leurs patrimoines se confondent généralement avec l’argent public.