Dépenses royales. Maigres détails pour un gros budget

Pour justifier une manne de 2,5 milliards de dirhams, seuls quelques chiffres généralistes sont fournis aux parlementaires. Ils renseignent néanmoins sur l’organisation des différents départements du Palais.

Argent privé : 276,5 MDH

En plus de leur argent de poche, Mohammed VI et la famille royale puisent dans cette ligne de crédit, qui fait partie des dotations de souveraineté, pour les besoins des réceptions qu’ils organisent en l’honneur des invités du royaume. Les trophées, les récompenses et les prix qui portent leurs noms sont également financés à partir de cette enveloppe. Ce qui n’empêche pas d’autres compétitions en leur nom d’être organisées et financées par différents départements ministériels.

Listes civiles : 26,3 MDH

Le montant inclut le salaire du chef de l’Etat et de sa famille proche, ainsi que les pensions accordées aux Alaouites. Qui perçoit quoi au juste ? Cela reste un des secrets impénétrables du Palais. Dans le document fourni aux parlementaires, cette rubrique est décomposée en deux postes budgétaires qui ne dévoilent pas grand-chose : la liste civile à proprement parler (4,8 MDH) et les pensions accordées à la famille alaouite (21,5 MDH). Ce montant n’a pas bougé depuis des lustres, bien que la famille royale se soit agrandie…

Voyages du roi : 177,5 MDH

Pour les visites d’Etat ou de travail ainsi que pour ses déplacements à l’intérieur du pays, une ligne budgétaire est prévue dans les dotations de souveraineté pour couvrir les frais de déplacement du matériel, l’hébergement des accompagnateurs du souverain ainsi que leurs per diem. Quant aux escapades privées de Mohammed VI à l’étranger, on peut imaginer que le roi dépense sur sa caisse personnelle.

Secrétariats particuliers : 14,4 MDH

Mounir Majidi chapeaute tous les départements du sérail, en plus de gérer le patrimoine privé du monarque. Les frères et sœurs de Mohammed VI disposent également de secrétariats particuliers chargés de chapeauter leurs activités officielles et qui sont généralement dirigés par leurs anciens camarades de classe. A titre d’exemple, le secrétaire de Moulay Rachid, le plus connu d’entre eux, n’est autre que Khalid Sakhi, qui était avec lui au collège royal.

Services du palais : 1552 MDH

C’est la rubrique la plus budgétivore. Normal quand on sait qu’il existe une trentaine de palais ou de résidences royales éparpillés à travers le royaume. Le personnel travaillant dans les différents services du Palais est estimé à quelque 12 000 personnes et leurs salaires engloutissent près de 360 MDH. Les charges communes des services du sérail (téléphone, eau, électricité…) s’élèvent quant à elles à 166 MDH. Enfin, cette rubrique comprend une direction de sérail qui dépense environ 5 MDH.

La chancellerie : 34,2 MDH

Elle est nommée « ministère de la Maison royale, du Protocole et de la Chancellerie » dans la littérature officielle. A sa tête, depuis fin 2010, Jawad Belhaj, qui est aussi considéré comme le ministre représentant du roi et dont le salaire inscrit au budget s’élève à 673 000 dirhams. Ce service s’occupe généralement de l’organisation des réceptions officielles.

Aides royales : 63,2 MDH

En plus des dons versés chaque année aux confréries religieuses, le Palais peut accorder des aides ciblées ou prendre en charge certains frais. Quand le roi signe un chèque aux organisateurs du Boulevard des jeunes musiciens ou quand il prend en charge les frais d’inhumation de victimes d’un dramatique accident de circulation, l’argent provient théoriquement de cette enveloppe.

Institutions publiques : 146,1 MDH

L’Ircam, Al Wassit et le Corcas sont autant d’organismes publics dont les budgets sont comptabilisés dans les dépenses du Palais. Dans le détail, l’institut amazigh a droit à 70 MDH par an, alors que l’organisme Al Wassit (ancien Diwan Al Madalim) bénéficie de 26,1 MDH. Le conseil consultatif pour le Sahara, devenu une coquille vide, dispose toujours d’une enveloppe de 50 MDH. Son cas a même été soulevé au parlement

Cabinet royal : 65,9 MDH

Il est dirigé par Mohamed Rochdi Chraïbi qu’on ne voit que très rarement dans les cérémonies officielles. Mais le cabinet de Mohammed VI inclut une bonne dizaine de conseillers. Un cabinet qui semble de plus en plus agir comme un gouvernement parallèle depuis que d’anciens ministres l’ont rejoint, comme Taïeb Fassi Fihri ou encore le véritable boss de ce pavillon du sérail, Fouad Ali El Himma, pour ne citer qu’eux. Les conseillers du cabinet s’appuient sur une kyrielle de chargés de mission recrutés dans le secteur privé.

Le chambellan : 35,7 MDH

Brahim Frej vient à peine d’être mis à la retraite, bien qu’il se soit littéralement effacé depuis la disparition de Hassan II. Son remplaçant, Mohamed El Alaoui, n’est pas un étranger au sérail : il est lui-même fils de prince et princesse (voir p. 42). Sa connaissance des coutumes royales lui facilitera la tâche, qui consiste essentiellement à s’occuper des cérémonies traditionnelles du Palais (âkika, circoncisions et autres) relevant de la vie familiale des Alaouites.

Collège royal : 20,3 MDH

Cette manne est gérée par Aziz El Houcine, directeur de cet établissement qui compte deux classes : celle de Moulay El Hassan et celle de Lalla Khadija. Il s’en sert pour le fonctionnement du collège royal avec sa kyrielle d’enseignants marocains ou étrangers triés sur le volet. Mais aussi pour l’organisation de la fête de fin d’année, une cérémonie présidée par le roi et son épouse.

Cabinet militaire : 3,3 MDH

Etant le commandant en chef des armées, le roi dispose d’une sorte d’état-major à l’intérieur même du sérail, composé d’officiers de différents corps d’armée. Il dispose, ainsi que ses frères et sœurs (ils sont tous des galonnés des FAR), d’aides de camp militaires. Quelques-uns des membres de ce cabinet sont généralement mis au service de délégations étrangères.

Services de santé : 27,3 MDH

Un véritable réseau hospitalier est au service de la monarchie. En plus de la clinique du palais de Rabat, la plus connue, il y a d’autres établissements de santé réservés au Palais, notamment à Marrakech et Fès. Ce service est dirigé par le professeur Abdelaziz Maaouni, médecin personnel du souverain (sorti de sa réserve en 2009, pour annoncer une convalescence royale de cinq jours) et comprendrait des dizaines de médecins, militaires pour la plupart.

Mausolée Mohammed V : 3,9 MDH

Le tombeau situé sur l’esplanade de la tour Hassan est le seul symbole du règne des Alaouites qui est ouvert au public. Construit pendant les dix premières années de règne de Hassan II, il s’érige comme une véritable vitrine du savoir-faire marocain dans le domaine architectural. Il abrite chaque année une veillée religieuse pour commémorer la mémoire de Hassan II. C’est aussi une étape incontournable des visites de dignitaires étrangers.

Documentation royale : 7,1 MDH

Les budgets de la librairie hassanienne et de l’imprimerie royale (1,8 MDH chacune) sont compris dans ce montant, dont le plus gros est consacré au service de la documentation royale (3,5 MDH). Personne ne sait à quoi sert cette structure. En revanche, l’imprimerie royale édite régulièrement des recueils de documents frappés du sceau royal. Rien de très littéraire, uniquement les discours officiels et les messages de félicitations envoyés ou reçus. Bref, une sorte de beau livre de la MAP…

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