Au Maroc, on a souvent l’impression que les ministres ne font que de la figuration, sans détenir le moindre pouvoir de décision sur les questions essentielles. Exemple de l’Avis à tiers détenteur, cette fameuse procédure de recouvrement défendue par le trésorier général du royaume. Noureddine Bensouda s’en sert pour saisir les sommes dues directement sur le compte bancaire du contribuable, sans notification ni avis préalable. Une procédure qui sème la terreur dans le monde des affaires. Elle a surtout contribué à la migration de l’épargne bancaire vers les coffres-forts, grippant au passage toute la machine de financement de l’économie.
Cette procédure qui date d’un autre temps, Abdelilah Benkirane a promis d’y mettre fin. Car elle consacre de la plus belle manière la « hogra » fiscale. La promesse a été faite à l’ouverture des Assises de la fiscalité à Skhirate, en avril dernier, devant une centaine de décideurs économiques et politiques tout ouïe. L’annonce, qui a failli faire exploser l’applaudimètre de la grande salle du Palais des congrès, était alors interprétée comme une gifle à Bensouda et donc une reprise en main du politique sur la chose publique. Que nenni ! Sept mois plus tard, aucune action n’a été menée et le très attendu amendement du Code de recouvrement, qui donne une légitimité à l’action du trésorier du royaume, n’a même pas eu droit de cité dans l’actuel projet de Loi de Finances. La main lourde de Bensouda continuera donc de sévir. Et l’on sait désormais qu’il ne faut pas prendre toutes les annonces de notre Chef du gouvernement au sérieux. Car le pouvoir, le vrai, est ailleurs, entre les mains de hauts fonctionnaires, souvent nommés par le roi, et qui ne rendent de comptes, en toute logique, qu’à celui qui les a nommés.
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