Rythmée par l’affrontement entre progressistes et islamistes, l’actualité tunisienne suscite au Maroc des parallèles hâtifs, des craintes fondées mais aussi de l’indignation à n’en plus finir. Serions-nous en train de vivre par procuration la montée de l’intégrisme ?
A lire sur le même thème : – « Une dictature d’Ennahda est inenvisageable », une interview d’Alain Gresh, spécialiste du monde arabe et directeur adjoint du Monde Diplomatique, sur http://bit.ly/15lapYJ
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Zineb, étudiante dans la vingtaine, se considère comme campée à gauche. Elle nous fait part de son désarroi : “J’ai suivi la révolution tunisienne assidûment et je trouvais ça fort. Puis, quand des salafistes ont attaqué l’ambassade américaine à Tunis, alors qu’à Casablanca, il y a juste eu un rassemblement pacifique, j’ai été contente, rassurée, plutôt fière que mon pays ne fasse pas la Une des journaux… Et quand ils ont tué Chokri Belaïd, j’ai pensé : là bas, c’est le chaos, la violence, ils vivent un problème grave d’intolérance. C’est ça les fruits d’une révolution ?” L’assassinat par balles d’un leader d’extrême gauche, Chokri Belaïd, le 6 février 2013, pas encore élucidé, mais attribué pour beaucoup aux islamistes, a définitivement exporté au-delà des frontières tunisiennes les questions de l’activisme islamiste sous sa forme salafiste et de la politique des conservateurs au gouvernement. Le site d’information tunisien nawaat.org le constatait en titrant : “Assassinat de Chokri Belaïd : onde de choc internationale”. Le Maroc officiel a condamné “vigoureusement l’acte terroriste” tandis que différentes organisations d’extrême gauche ont défilé devant l’ambassade tunisienne à Rabat pour saluer la mémoire de leur camarade. Au-delà de ces réactions attendues, l’évènement a révélé un malaise profond.
Un film, un assassinat…
Car si le décès de Belaïd a été une onde de choc internationale, bien ressentie au Maroc, depuis le début de la révolution, plusieurs évènements en Tunisie avaient déjà suscité différents sentiments dans le royaume, de l’effroi à l’indignation. Fin 2011, plusieurs Marocains signent, à l’unisson d’universitaires et de militants du monde entier, un “Appel pour soutenir les démocrates tunisiens”. Ledit appel circule pour dénoncer les agissements d’un “groupuscule d’étudiantes vêtues de niqabs et soutenues par des militants salafistes” empêchant la bonne conduite des cours dans une université tunisienne, la Manouba. Des heurts opposaient effectivement des étudiants sur la question du droit acté à s’asseoir sur les bancs de la fac en niqab. Les auteurs de l’appel ont beau rappeler eux-mêmes que les fauteurs de troubles ne sont qu’une dizaine de personnes tout au plus, ils n’en donnent pas moins un ton alarmiste à leur texte. En octobre 2011, lorsqu’éclate l’affaire Persepolis en Tunisie, la presse marocaine la relaie largement et le ton est à l’indignation. Des islamistes s’étaient en effet rassemblés devant les locaux de la chaîne tunisienne Nessma TV car cette dernière avait diffusé, en arabe dialectal, Persepolis, un film d’animation de la Franco-iranienne Marjane Satrapi, dans lequel on peut notamment voir une petite fille dialoguer avec Dieu, représenté sous les traits d’un homme immense et barbu. Qu’importe que le film ait été diffusé sciemment par une chaîne ouvertement anti-islamiste dans le but d’exciter son adversaire politique, à quelques jours des élections pour l’Assemblée constituante, et qu’au final cette tactique ait produit un effet exactement contraire à celui escompté, à savoir une augmentation de la popularité d’Ennahda. Peu de gens se sont attardés sur ces considérations et n’ont retenu que l’intolérance des manifestants. Et lorsque, au Maroc, le même dessin animé est déprogrammé d’un cycle de projections à la Cinémathèque de Tanger, sans plus d’explications, le parallèle avec la Tunisie est tout de suite dressé et certains lient les deux affaires pour fustiger “une montée de l’islamisme au Maghreb”.
Conservateurs vs modernistes
La vieille dichotomie démocratie contre autoritarisme aurait-elle disparue après le Printemps arabe, pour céder la place à l’opposition entre conservateurs et progressistes ? Selon le chercheur Mohamed Darif, le Printemps arabe a en effet permis d’opérer une clarification idéologique. Selon lui, “on voit actuellement s’affronter deux parties : les conservateurs et les modernistes, les premiers étant ceux qui ont le plus bénéficié du Printemps arabe. Avant, on parlait de démocrates et d’antidémocrates, aujourd’hui, on mobilise un nouveau vocabulaire pour parler de politique en Afrique du Nord”. De nombreux analystes et militants, de quelque bord que ce soit, nient que cette opposition soit la seule à subsister. Sarah Ben Hamadi, blogueuse et journaliste tunisienne, se dit “contre cette division progressistes/islamistes. La Tunisie a vécu des décennies sous la dictature. Une fois libres, nous nous sommes découverts différents, conservateurs, progressistes, islamistes, laïcs… Et nous devons exister ensemble”. Pourtant, au Maroc, les discussions et publications à propos de la Tunisie tournent quasi-exclusivement autour du sujet de l’islam politique et relèguent toutes les autres questions au rang de problèmes secondaires. La compliquée crise institutionnelle que vit en ce moment même la Tunisie ne semble pas intéresser outre mesure. On trouve peu d’informations à propos du recyclage d’anciens cadres de la dictature dans des partis “modernistes”, de l’inégalité de développement entre les régions, de la dette à l’égard de la France ou encore de la justice transitionnelle ; certaines de ces questions se posant pourtant chez nous. Et si les solidarités palpables et effectives entre Marocains et Tunisiens -notamment chez les militants de gauche- n’ont pas augmenté tant elles étaient déjà importantes sous Ben Ali, l’indignation et les solidarités “virtuelles”, elles, semblent exploser depuis l’arrivée au gouvernement des islamistes du parti Ennahda.
Et certains n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Sur la Toile marocaine, on retrouve nombre de déclarations hâtives à propos des islamistes tunisiens, qu’ils soient nahdaouis ou salafistes. “Dictature théologique”, “nouveaux ayatollahs”, “talibans”, lit-on ça et là, alors même que, pour le moment, rien ne prouve qu’Ennahda n’a pas pleinement accepté le jeu démocratique. Si beaucoup de Tunisiens ne pardonnent pas aux médias occidentaux l’entretien de peurs ou de fantasmes quant à l’islamisme, ils comprennent en revanche leurs voisins marocains. Bochra Bel Haj Hmida, féministe qui a démissionné du parti de gauche Ettakatol lorsque celui-ci a contracté un mariage de raison avec Ennahda, comprend “que des Marocains soient effrayés”. “Boukornine”, blogueur tunisien qui a vécu au Maroc il y a sept ans, abonde dans ce sens : “Je suppose que les Marocains sont tétanisés”, au regard de l’actualité tunisienne. Lui a manifesté durant la révolution, avec l’intégralité de l’opposition, y compris islamiste. Mais aujourd’hui, il accuse ces derniers d’attirer la société vers “des débats infertiles sur l’identité nationale”, de faire “de la bipolarisation de la société leur cheval de bataille, en l’absence de réel programme politique”.
Laboratoire politique expérimental
Au Maroc, les islamistes sont largement neutralisés par la monarchie via le statut de Commandeur des croyants de Mohammed VI. Difficile alors de savoir dans ce cas quel est leur programme réel. Mais la Tunisie nous permet de vivre “l’empowerment” islamiste par procuration. Hisham Almiraat, blogueur actif sur différents réseaux d’information citoyenne, n’est pas étonné par l’intérêt que suscite l’actualité tunisienne au Maroc. Selon lui, ce qui se passe là-bas “a un impact psychologique fort chez nous”. Et il enchaîne : “La Tunisie est à l’avant-garde, nous nous projetons dans ce que les Tunisiens vivent”. Ahmed Assid, chercheur mais aussi militant démocrate et laïc, concède que l’impact psychologique est fort chez les intellectuels, les artistes et les personnalités de la société civile, et que lui-même, “reçoit un nombre incroyable de communiqués à propos de la Tunisie, preuve que les gens s’y intéressent et que certains ont peur, se demandant si ce qui arrive là-bas peut arriver chez nous”. Samy Ghorbal, auteur, journaliste tunisien et militant progressiste, rappelle que le Maghreb “a une histoire commune et que les destins des pays sont liés”. Lui aussi comprend donc que les Marocains se questionnent sur l’avenir de la Tunisie. Et il se remémore un certain 14 janvier 2011, jour du départ de Ben Ali : “Je suis resté au téléphone plus d’une heure avec un ami marocain qui vivait déjà les évènements avec plus de passion que moi, ou presque”. Et pour certains, il n’est pas juste question d’impact inconscient mais de questions clairement posées. C’est le cas au Parti socialiste unifié (PSU), dont la secrétaire générale, Nabila Mounib, explique : “Pour nous, la Tunisie est une sorte de laboratoire expérimental et son actualité nous pousse à débattre de questions fondamentales”.
En effet, si on peut regretter que l’affrontement politique entre islamistes et modernistes occulte d’autres problématiques, l’expérience tunisienne n’en a pas moins remis sur la table, au Maroc, des débats de fond. La définition même de la démocratie est notamment rediscutée. Fouzia Assouli, féministe et présidente de la Ligue démocratique des droits de la femme (LDDF), avoue que l’actualité tunisienne et les débats autour de la place de la femme dans la société et de son statut légal a fait renaître chez elle les démons de l’année 2000, lorsque des milliers de personnes descendaient manifester contre la réforme de la Moudawana. Et elle assène : “Ce qui se passe en Tunisie rappelle à notre mémoire que la démocratie ne se cantonne pas au suffrage universel mais s’élargit à des principes comme l’égalité, le droit des minorités…” Et Mohamed Darif abonde dans ce sens : “Les modernistes de gauche ne peuvent plus se permettre, devant l’exemple tunisien, d’oublier que la démocratie n’est pas juste une procédure mais un système de valeurs”.
“Le Makhzen garant des libertés !”
L’auteur est un jeune Marocain, Fadel Abdellaoui, actif sur la “twittoma”, et la sentence n’est qu’un tweet. Et pourtant, elle est lourde de sens, car lâchée alors que les réseaux sociaux s’enflamment à propos de l’assassinat de Belaïd : “Ce qui me fait mal au cœur, c’est que beaucoup veulent l’échec des Tunisiens, pour prouver que nous, au Maroc, on avait raison”. Et il est vrai que, mise en vogue lors de l’adoption de la nouvelle Constitution, la fameuse expression, frisant le pléonasme, d’“exception marocaine” a retrouvé un regain de jeunesse dans la presse internationale et sur le Net. Pour certains, une fois de plus, le Maroc s’achemine en douceur là où les autres pratiquent le saut quantique au risque de se crasher. Ahmed Assid, qui n’adhère aucunement à l’idée d’une “exception marocaine”, n’en est pas moins certain que “le régime marocain, souple et flexible, apparaît comme un bon gestionnaire, par exemple sur le dossier salafiste où la répression a laissé place à une intégration”. Résultat, de nombreux salafistes marocains sont allés jusqu’à remonter les bretelles de leurs comparses tunisiens, les incitant à abandonner au plus vite l’action violente.
Youssef Belal, politologue et militant de gauche, affirme en effet qu’“il est un argument que l’on a déjà entendu après la révolution iranienne ou la guerre en Algérie et qui opère un retour : celui consistant à dire que le Makhzen est une sorte de garant de nos libertés individuelles et que, par conséquent, il faut le conserver et ne pas en diminuer la force. C’est un discours qui marche dans une bonne partie de la gauche, dans des partis comme le PAM et chez certains intellectuels”. Pour le chercheur, il n’est pas impossible que l’on revive d’ici peu “un retour de l’anti-islamisme éradicateur”, une ambiance similaire à celle de l’époque du procès Belliraj, les plus opposés aux islamistes trouvant dans l’actualité matière à communiquer. Mohamed Darif remarque aussi que si ce qu’il appelle “la violence matérielle” épargne le Maroc là où elle frappe la Tunisie, en revanche, la “violence symbolique” existe chez nous aussi, “au risque de voir éclore des discours éradicateurs de part et d’autre”.
Un camp démocrate en refonte ?
Mustapha Moâtassim est enseignant et leader du parti non reconnu Al Badil Al Hadari. Il se dit “islamo-démocrate” et a fait de l’alliance entre islamistes et progressistes de gauche une condition sine qua non à l’éclosion d’un mouvement démocratique marocain. Croyant encore et toujours à ce programme, il se veut avant tout rassurant. Pour lui qui connaît nombre de militants de gauche et islamistes tunisiens, le pays vit “une période grise, somme toute logique après une révolution”. Mais il reste persuadé que chacun saura bientôt trouver un terrain d’entente. Puis, timidement, il concède craindre, au Maroc, une désunion entre démocrates conservateurs et progressistes. Il redoute aussi que certains parmi ces derniers, “effrayés par ce qui se passe en Tunisie, ne fassent appel à des solutions autoritaires pour éviter une montée de l’islamisme”. Impossible de faire des projections mais une défiance s’est visiblement installée. Nabila Mounib nous explique : “L’assassinat de Chokri Belaïd a marqué un tournant. Nous sommes obligés de clarifier notre projet et de choisir nos partenaires et nos alliés dans la lutte démocratique. A un moment donné, il y a eu quelques ambiguïtés dans la rue, mais maintenant, nous devons nous efforcer à rassembler un front démocratique distinct des islamistes”. Et Youssef, un jeune étudiant casablancais d’une vingtaine d’années, qui se dit “de gauche” et qui a manifesté à Rabat et à Casablanca avec le Mouvement du 20 février, avoue : “Si des manifestations similaires avaient de nouveau lieu, je serais beaucoup plus sceptique sur une quelconque alliance avec les islamistes. Quand je vois qu’en Tunisie, dès qu’ils ont eu un peu de pouvoir, ils se sont radicalisés, ont commencé à tenir des discours haineux, je commence à me poser des questions sur nos islamistes qui assurent être de vrais démocrates, partisans d’un Etat civil…” Et d’enfoncer le clou : “Pas mal d’amis à moi, un peu moins politisés, l’avouent tout de go : ils préfèrent des autorités corrompues à de vrais durs contre lesquels on a l’impression de ne rien pouvoir faire !”.
Anti-islamisme. Une rhétorique dangereuse ? L’anti-islamisme était un refrain, une rengaine du régime de Zine El Abidine Ben Ali. Il légitimait, du moins justifiait, auprès des Tunisiens et à l’international, tous les abus, de la torture à de ridicules “campagnes de dévoilement”. Après la chute du régime, la rhétorique anti-islamiste n’a pas disparu, au contraire. Quelques partis dits “modernistes” n’ont eu de cesse de s’attaquer, parfois grossièrement, au parti Ennahda. Une stratégie visiblement peu payante étant donné que c’est ce dernier qui récolte le meilleur score lors des premières élections libres de Tunisie, en octobre 2011. Et certains observateurs et militants de gauche tunisiens ont un discours très dur à l’encontre des “modernistes” du centre dont le plus gros parti est Nidaa Tounes, dirigé par Béji Caïd Essebsi, qui fut ministre sous Bourguiba et président de la Chambre des députés sous Ben Ali. Selon eux, les tranchées idéologiques épousent les formes des strates sociales : lesdits “modernistes”, cramponnés à la “laïcité” ou du moins à une certaine forme de sécularisme, sont largement issus de la bourgeoisie et ont pour la plupart accepté de se taire sous Ben Ali pour cette seule valeur. Le peuple, lui, après des années de dictature, est bien content de vivre enfin sa foi et de l’exprimer librement. Ce discours est à peu de choses près celui du président Moncef Marzouki et des militants de son parti, le Congrès pour la république (CPR). “Il faut accepter qu’une partie conservatrice de la société demande à jouer un rôle”, disait-il au journaliste Pierre Puchot, dans son ouvrage, La Révolution Confisquée. Pour le président, diaboliser l’islamisme c’est “une guerre idéologique transposée de l’idéologie franco-française… La Tunisie et le monde arabe sont capables d’être gouvernés au centre par des laïcs modérés et des islamistes modérés”. L’assassinat de Chokri Belaïd a malgré tout changé le discours et les postures politiques dans le camp progressiste désuni. Le journaliste Samy Ghorbal rappelle que l’extrême gauche, se méfiant ouvertement des partis modernistes du centre, a manifesté avec eux après le triste évènement. Autre marqueur révélateur : des reportages sur des chaînes françaises sur la montée en puissance de l’islamisme en Tunisie avaient suscité l’ire des Tunisiens, tous bords confondus. Les militants de la gauche tunisienne, soucieux de ne pas se voir répéter certains schémas, rappellent que si la Tunisie souffre aujourd’hui de la volonté hégémonique des islamistes, c’est aussi la faute à des années de tentatives d’imposition d’une laïcité éradicatrice, violente et autoritaire. |
Femmes. Résistance au féminin Sana Ben Achour, tête connue du mouvement féministe tunisien, nous expliquait déjà en août 2012 que si les islamistes devaient se casser les dents, ce serait sur la question du statut de la femme. Et ce même mois, en effet, lorsque les islamistes proposent un projet d’article pour la Constitution parlant de “complémentarité” et non d’égalité des sexes, des centaines de milliers d’hommes et de femmes se rassemblent dans la capitale. L’association phare du mouvement féministe tunisien est l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD). Née en 1989, elle est, durant les années de dictature, malgré l’interdiction de se rassembler publiquement, dans l’impossibilité de recevoir des dons, publics ou privés. Mais malgré les écoutes et la surveillance policière, elle a continué à militer. Le régime Ben Ali ne pouvait décemment pas lui retirer son visa, après avoir fait du respect des droits des femmes un argument de propagande. Bochra Bel Haj Hmida, qui fut présidente de l’ATFD de 1996 à 2001, s’attriste de remarquer que “l’ouverture démocratique n’a pas garanti un meilleur statut pour les femmes, et ce alors qu’en Tunisie le mouvement des femmes a toujours été un allié du mouvement démocratique et du mouvement social”. Au Maroc, l’ATFD travaille de près avec l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) et la Ligue démocratique des droits de la femme (LDDF), bien que les problématiques et les tactiques divergent parfois. La présidente de la LDDF, Fouzia Assouli, nous confie ainsi qu’elle organisera une rencontre fin février avec ses comparses tunisiennes en vue d’élaborer des pistes de réflexion communes. Bel Haj Hmida est convaincue : “Au Maroc comme en Tunisie, le mouvement des femmes joue aussi un rôle d’avant-garde dans la société. Il permettra à l’avenir d’éviter des régressions”.
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Rencontre internationale. Des débats pour des sociétés ouvertes Pour la première fois depuis le premier Forum social mondial (FSM), il y a douze ans à Porto Alegre (Brésil), l’évènement annuel, qui se propose de formuler des alternatives à la mondialisation capitaliste, aura lieu dans un pays du Maghreb. à Tunis, du 26 au 30 mars 2013, des centaines d’associations et des milliers de militants du monde entier seront réunis. Plus de cent associations marocaines sont attendues, les partis politiques ne pouvant s’enregistrer officiellement. Citons l’Association de lutte contre le sida (ALCS), ATTAC Maroc, l’Organisation démocratique du travail (ODT), Transparency Maroc et l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH). Si les questions économiques sont toujours au centre des discussions lors de chaque forum, impossible de ne pas aborder des questions sociétales. Dans un texte mis en ligne sur le site du FSM, on lit : “Dans la région Maghreb-Machrek, les contradictions vont s’amplifier entre les tentatives de régimes conservateurs et les nouveaux mouvements sociaux et citoyens. (…) La présence réelle des mouvements est confrontée à l’émergence de forces politiques se référant à l’islam”. De nombreux débats sont déjà programmés, qui permettront aux militants maghrébins d’esquisser les contours de sociétés inclusives, tolérantes et égalitaires. Islamophobie, laïcité, droit des femmes, droit des migrants et questions de genres sont au menu. |
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