Il a commencé fonctionnaire pour devenir le patron le mieux payé du Maroc et de tout le Maghreb. Il a hérité d’un office dépérissant pour en faire le deuxième plus grand opérateur télécoms du continent. De Tiflet, où il a vu le jour, il a conquis Rabat, l’Afrique de l’Ouest et le CAC 40. Récit de l’incroyable histoire du président de Maroc Telecom.
“Ne comptez pas sur moi pour vous parler de ma modeste personne”. Modeste, c’est vite dit. Si Abdeslam Ahizoune est plutôt discret sur sa vie privée, son ego n’a d’égal que la dimension pharaonique atteinte par la méga-entreprise qu’il dirige : Maroc Telecom, la firme à laquelle il doit tout. Dans l’antre de ce monstre, aujourd’hui 2ème plus grand opérateur télécoms d’Afrique (après MTN Group en Afrique du Sud), il a décroché son premier job. En 33 ans de carrière, il a gravi les échelons pour se retrouver le président de ce mastodonte de 130 milliards de dirhams de capitalisation boursière. Son poste, il l’a obtenu par la force du travail et du mérite. Mais il a surtout su le conserver en négociant astucieusement les virages historiques et les zones de turbulence traversées par sa compagnie. Mieux encore, Ahizoune a su gérer son ascension jusqu’à se retrouver en orbite autour d’un véritable réseau d’influence. Réseau qui s’étend aujourd’hui de la société civile au sport, du sécuritaire à la diplomatie, sans parler du business et des médias. Parcours d’un fils de patelin devenu un “big boss” du Maghreb.
L’élève de Driss Benzekri
Le 20 avril 1955, des youyous s’élèvent dans une grande maison de Tiflet, une bourgade située à 60 kilomètres de Rabat. Chez Monsieur Aïssa Ahizoune, un notable de la tribu des Khessasna, on fête la naissance de Abdeslam, deuxième enfant d’une fratrie de trois garçons. “Sa famille est une des plus aisées de la région. Ce sont de grands propriétaires terriens de Sidi Abderrazak, la commune rurale présidée aujourd’hui par le petit frère d’Ahizoune, Abdelaziz, un dentiste de formation”, nous explique un originaire de la région.
De bonne naissance, Abdeslam a la chance, comme ses frères, d’être rapidement scolarisé. Tous les Ahizoune usent leurs culottes sur les bancs du collège Ibn Ajroum, l’établissement public de Tiflet. Une école devenue célèbre pour avoir accueilli un certain Driss Benzekri (président de l’Instance équité et réconciliation, IER, décédé en mai 2007) comme enseignant de français. “Le frère cadet de Benzekri était dans la même classe que Abdeslam Ahizoune, dans ce même collège”, précise notre source.
Le général l’aimait bien…
Ahizoune ne succombe pas au “militantisme scolaire” encadré, en cette fin des années 1960, par l’extrême gauche dans plusieurs écoles du royaume. A la distribution de tracts révolutionnaires, Abdeslam préfère résoudre les équations exponentielles à plusieurs variables. Avec sa tête de matheux, le jeune bachelier est tout naturellement destiné à une école d’ingénieurs. Il est alors admis à l’Ecole nationale supérieure des télécommunications de Paris qu’il intègre en 1972, sans penser qu’il sera, plus tard, aux avant-postes de la révolution que connaîtra ce secteur au Maroc. “Le choix des télécoms était un pur hasard. L’essentiel pour lui était d’intégrer une grande école”, poursuit un de ses proches.
A Paris aussi, Ahizoune reste loin de la politique et des réseaux de l’Union nationale des étudiants marocains (UNEM), très active dans les universités européennes. Il se concentre sur ses études et s’atèle à décrocher des bourses de mérite. A peine en troisième année, le ministère marocain des Postes et des Télécommunications (PTT) lui offre une bourse contre un contrat de travail à sa sortie d’école.
La suite coule de source : jeune ingénieur diplômé en 1977, Ahizoune n’a pas le temps de chômer. Il se paie un aller simple Paris-Rabat pour intégrer dès le lendemain les PTT. Il est reçu par le ministre de l’époque : un certain général Driss Benomar. “Ahizoune a été impressionné par le personnage. C’était son premier contact avec les hommes de pouvoir”, raconte notre source.
Aherdane et le scandale des PTT
Des ministres des PTT, Abdeslam Ahizoune en voit régulièrement défiler. En 1978, c’est Mahjoubi Aherdane qui prend en charge le département pendant trois ans. Sous son mandat, Ahizoune, ingénieur compétent à l’ADN amazigh, se voit promu au grade de directeur des lignes. Il passe directeur des télécommunications en 1983 alors que Mohand Laenser travaille sur la transformation de ce ministère en Office national des postes et télécommunications (ONPT).
Cette ascension fulgurante, doublée d’une proximité avec les leaders politiques amazighs, a aussi son retour de manivelle. Quand, en 1986, le pouvoir décide de régler ses comptes avec Mahjoubi Aherdane à la suite d’une énième crise au sein du Mouvement Populaire, c’est dans les placards de son ex-ministère que l’on cherche à déterrer des cadavres. Les méthodes d’investigation sont brutales. Une dizaine d’ingénieurs de l’Office sont alors raflés dans le cadre de la fameuse affaire dite des PTT. Dans le lot, Abdeslam Ahizoune.
Le jeune homme subit des interrogatoires musclés pour “balancer” au sujet des détournements supposés d’Aherdane. L’instruction du dossier n’aboutit à rien, mais cette parenthèse marquera à jamais la vie de Abdeslam Ahizoune. “Plusieurs de ses anciens camarades avaient demandé et obtenu réparation de l’IER. Ahizoune ne l’a jamais fait, nous confie un de ses intimes. En revanche, il a été très ému de recevoir une lettre de feu Driss Benzekri, une des dernières qu’il a signées, reconnaissant la responsabilité de l’Etat dans ce qu’il avait subi en 1986”. Ce n’est donc pas un hasard si Ahizoune est aujourd’hui membre de la Fondation Driss Benzekri.
Il a fait “le Marrakech” avec Hassan II
Blanchi en juin 1986, Ahizoune passera un an avant de se voir réhabilité. “Il était retiré chez lui quand on lui a proposé de réintégrer l’ONPT au même rang où il était”, raconte un de ses anciens collaborateurs. Reprenant du service, notre homme démontre rapidement l’étendue de son talent. Directeur des télécommunications, il est en front-office pour gérer avec les plus puissants du pays leurs tracas de télécommunications en cette période où l’on parlait de “pénurie de téléphone”. Efficace, dévoué, bosseur et même charmeur à l’occasion, Ahizoune se fait de plus en plus remarquer. Même le Palais sollicite parfois la technicité du jeune ingénieur qui ne compte pas ses heures de travail. Il est d’ailleurs, beau signe de reconnaissance, chargé des télécommunications sur le paquebot royal “Le Marrakech” quand le défunt Hassan II s’y embarque, en 1989, lors de son fameux voyage d’Etat en Libye.
L’enfant de Tiflet tape alors dans l’œil de Hassan II. Il passe depuis pour le petit génie des télécoms. Son “élévation” dans la nomenclature de l’establishment officiel n’est plus qu’une question de temps.
Le benjamin des technocrates
Proche désormais du premier cercle royal, Ahizoune affûte ses armes et attend tranquillement sa consécration. En août 1992, le Premier ministre Karim Lamrani est chargé par Hassan II de constituer une nouvelle équipe gouvernementale. Il a pour consigne de puiser dans la nouvelle génération de technocrates : des quadras aux têtes bien faites, issus des grandes écoles d’ingénieurs, capables de relever le défi du libéralisme économique.
Abdeslam Ahizoune est naturellement candidat. Il sait qu’il a le profil, mais il s’efforce de garder la tête froide. Pour éviter de se laisser emporter par de faux espoirs. “Il a été le premier surpris quand Ahmed Réda Guédira l’a convoqué pour lui annoncer la nouvelle. La veille encore, avec ses amis hauts fonctionnaires rbatis, il spéculait encore sur les noms des futurs ministres, sans forcément penser à lui-même”, rapporte un de ses amis de longue date. Cette fois, c’est la bonne. Ahizoune y est. A 37 ans, il devient un des plus jeunes ministres de Sa Majesté.
L’inamovible Mister télécoms
Ahizoune se fait rapidement sa place parmi les nouveaux technocrates. Alors que des ministres comme Driss Benhima, Mourad Cherif ou Driss Jettou font le tour de différents départements au rythme des fréquents remaniements ministériels, Abdeslam Ahizoune campe littéralement aux télécoms. “Il avait une mission bien précise, relate un de ses anciens collègues du gouvernement. Il devait réformer le secteur des télécommunications en préparant une nouvelle loi”. C’est ainsi que le fils de Tiflet devient un des principaux artisans de la loi des télécoms de 1996, un texte réglementaire pionnier dans le processus de libéralisation économique. C’est ce même texte qui va permettre au royaume, des années plus tard, d’avoir la part belle dans le boom des télécoms.
Sa mission accomplie, Ahizoune quitte le gouvernement. Il revient à l’ONPT, mais cette fois-ci en tant que patron. C’est qu’on lui a confié une nouvelle mission. Il doit déblayer le terrain pour préparer l’éclatement de l’Office en deux établissements bien distincts : Barid Al-Maghrib et Itissalat Al-Maghrib, une des mesures phares de la nouvelle réglementation. Pour l’application de celle-ci, Ahizoune fait de nouveau un crochet au gouvernement, en 1997, le temps de parapher les décrets.
La scission entérinée, Ahizoune s’installe en janvier 1998 sur son fauteuil de patron d’Itissalat Al-Maghrib. Il commence par séparer le bon grain de l’ivraie. “Connaissant l’Office comme sa poche, il a su fédérer les meilleurs éléments et écarter les plus indomptables parmi les meneurs syndicalistes. La preuve, avec ses 11 000 salariés, Maroc Telecom n’a jamais connu de grands mouvements sociaux alors que Poste Maroc continue de vivre au rythme des grèves”, explique un ancien syndicaliste de l’ONPT. “Il faut admettre aussi que l’homme a réussi à merveilles des plans sociaux assez avantageux pour son personnel”, nuance un salarié de Maroc Telecom.
La bataille de la privatisation
En tout cas, les choix d’Ahizoune sont en ligne avec les attentes des pouvoirs publics. Itissalat Al-Maghrib est déjà sur la liste des entreprises à privatiser. Et Ahizoune est conscient que l’évolution de sa carrière est étroitement liée à la réussite de cette opération. Son job est alors d’embellir la mariée pour avoir la meilleure dot et faire profiter le royaume des cagnottes mobilisées par les plus grands opérateurs mondiaux des télécoms.
Le plan Ahizoune consiste à vendre-privatiser avant le lancement de la 2ème licence GSM, et donc l’arrivée de la concurrence. “Et il a bataillé dur pour cela”, se rappelle un de ses ex-collaborateurs. La bataille sera vaine. Mustapha Terrab, alors directeur de l’ANRT, préfère pour sa part ouvrir le marché, option qui sera finalement retenue. à?juste titre : l’appel d’offres pour l’attribution de la licence mobile (qui donnera naissance à Méditel en 1999) va rapporter 1,1 milliard de dirhams à l’Etat. En plus du chèque au montant stratosphérique, la transparence et l’exemplarité du processus, rares pour un pays émergent, font du Maroc un cas d’école dans la réussite de la libéralisation des télécoms.
Un monde nouveau vous appelle
Et voilà comment, en ce début de l’année 2000, Ahizoune est obligé de faire face à l’arrivée de la concurrence. Il adopte une stratégie offensive. Depuis des mois déjà, Maroc Telecom se montre plus agressive sur le marché du mobile. La société anticipe quasiment tous les futurs arguments commerciaux de son concurrent : offres de prépayé, subvention des terminaux, baisse des tarifs… Pas de soucis pour la boîte d’Ahizoune qui va, en plus, bénéficier d’un coup de pouce du marché international. L’éclatement de la bulle technologique à travers le monde sonne le glas de l’ère de la surenchère dans les licences télécoms.
Les pouvoirs publics marocains comprennent que la libéralisation du secteur n’est plus vraiment lucrative. Ils choisissent donc de retarder l’octroi de nouvelles licences. Mieux, ils se montrent assez protectionnistes vis-à-vis de Maroc Telecom, en passe d’être vendue.
Dans ce processus de privatisation, Ahizoune ne se contente pas du simple rôle du gestionnaire spectateur. Il fait tout pour garder la main, quitte à ce que ses interventions soient perçues comme ingérences. “Rachid Filali, alors ministre de la Privatisation, n’a pas apprécié que Abdeslam Ahizoune mandate derrière son dos une autre banque d’affaires pour une contre-évaluation de Maroc Telecom”, raconte ainsi un ancien fonctionnaire du ministère de la Privatisation.
Président un jour, président toujours ?
Malgré les luttes de pouvoir et les nombreux reports qui ont rythmé l’année 2000, l’appel d’offres pour la cession de 35% d’Itissalat Al-Maghrib a fini par aboutir le 21 décembre. Vivendi Universal, candidat unique, se paie cette participation pour 23,3 milliards de dirhams. Au-delà des zones d’ombre de ce processus (qui livrera bien des secrets plus tard), une question taraude, à l’époque, tous les observateurs : qu’adviendra-t-il de Abdeslam Ahizoune ? Le suspense va durer deux mois, jusqu’au jour où le chèque est remis au gouvernement marocain. Le 20 février 2001, Jean-Marie Messier lève le doute : il confirme Abdeslam Ahizoune dans sa fonction de président du directoire.
La surprise est d’autant plus grande que le pacte d’actionnaires prévoit que la nomination du président du directoire relève des prérogatives du groupe français. Les détracteurs d’Ahizoune n’y voient qu’une situation temporaire. “Vivendi avait besoin d’un Marocain pour assurer la transition dans cette nouvelle filiale. Le premier mandat d’Ahizoune ne durait d’ailleurs que deux ans”, explique un professionnel du secteur. Mais c’est sans compter sur la capacité d’adaptation de Si Abdeslam. Au fil des années, l’homme saura se rendre indispensable.
Makhzen connexion
A la fois haut commis de l’Etat, mais aussi patron nommé par un groupe privé étranger, acteur de taille dans un secteur à la fois juteux et névralgique, Ahizoune se révèle un excellent équilibriste. “Il ne cherche pas forcément à se faire des amis parmi les puissants, analyse une de ses connaissances. Mais il est prêt à tout pour ne pas se faire des ennemis”.
Avec l’administration, il se montre toujours aussi dévoué que du temps où il était simple fonctionnaire. Quand il s’agit d’accompagner les élections 2002 via un site Internet dédié, toute l’expertise de Maroc Telecom est mise à la disposition du ministère de l’Intérieur. Même quand il a fallu bloquer l’accès au site censé donner les résultats du scrutin en temps réel au cours de la soirée électorale. La légende raconte aussi que l’entreprise de Abdeslam Ahizoune aurait activement collaboré à l’installation d’un centre d’écoute téléphonique de dernière génération au profit de la Direction de surveillance du territoire (DST).
Avec la nouvelle garde des businessmen proches du Palais, Ahizoune est toujours prêt à rendre service. Ainsi, quand GSM Al-Maghrib, une petite société de distribution, accueille dans son tour de table Mounir Majidi, le secrétaire particulier du roi, Ahizoune ne se fait pas prier pour réorienter toute la politique de distribution de Maroc Telecom autour de cette filiale. Et quand les affaires tournent mal, il n’hésite pas à la racheter entièrement pour la liquider, abandonnant au passage une créance de quelque 189 millions de dirhams. Plus récemment encore quand il a fallu sauver la nouvelle chaîne Medi 1 Sat de la banqueroute, c’est Ahizoune qui a accouru pour dégainer le chéquier de Maroc Telecom.
Merci Vivendi, merci Ahizoune
En parallèle, Si Abdeslam n’oublie pas de renvoyer l’ascenseur à son actionnaire étranger, alors en proie à de grandes difficultés financières. Son entreprise marche. Elle aligne les bonnes performances avec des indicateurs se chiffrant, en forte croissance, en milliards de dirhams. Les scores réalisés par Maroc Telecom sont alors du meilleur effet pour les comptes de Vivendi, en train de péricliter. Jean-René Fourtou, qui a pris la tête du groupe français après le départ fracassant de Jean-Marie Messier, trouve en plus dans Ahizoune un allié de taille pour régler en douceur certaines difficultés avec le royaume : cas, notamment, de la crise née de l’option d’achat sur 16% supplémentaires du capital, longtemps tenue au secret.
Suite logique des choses : dès 2003, Abdeslam Ahizoune commence à toucher des bonus considérables. Normal, il passe désormais pour le patron de la plus performante des filiales d’un groupe du CAC 40. Une correspondance de Jean-René Fourtou datée de 2004 énumère ainsi des virements pour 200 000 euros au profit de Abdeslam Ahizoune. Son salaire fixe en tant que directeur de Maroc Telecom culmine déjà à 1 million de dirhams et il jouit d’une prime de 70 000 dirhams en tant que conseiller du groupe pour l’Afrique, une fonction par laquelle il était sous contrat de travail partiel avec le groupe Vivendi. On est loin, très loin, des 50 000 dirhams mensuels que percevait, quelques années auparavant, le directeur d’Office avec rang de secrétaire d’Etat. Et ce n’est qu’un début…
Dans la cour des grands
L’ascension de Monsieur télécoms a pris une dimension plus impressionnante depuis le succès phénoménal de l’introduction en Bourse (9 milliards de dirhams levés auprès de 120 000 souscripteurs) et l’ouverture réussie sur le marché africain. S’il fallait une confirmation, en voilà une : Abdeslam Ahizoune, qui personnifie parfaitement ces succès, a logiquement intégré le prestigieux directoire du groupe français avec des émoluments encore plus avantageux (voir encadré).
L’étoile de l’enfant de Tiflet n’a pas seulement brillé dans les milieux d’affaires. Elle a fini par déteindre sur l’associatif. Car l’homme est devenu un modèle. Les fondations royales et les institutions prestigieuses lui ouvrent les portes de leurs conseils d’administration, les unes après les autres. Parfois sous recommandation des hommes du Méchouar. “A la constitution du conseil d’administration de l’IRCAM, le nom d’Ahizoune avait été proposé par le Palais”, nous confie Ahmed Assid, membre de l’Institut royal de la culture amazighe. Et de poursuivre : “Nous avons découvert une personne très agréable. Il prend au sérieux son mandat en assistant à toutes les réunions. Généralement, il parle peu, mais quand il le fait, c’est pour parler juste. C’est surtout un homme d’action. Depuis qu’il est à l’Ircam, Maroc Telecom a lancé des téléphones en tifinagh et produit des spots en amazigh”.
L’enfant du bled
Dirigeant actif de l’Ircam, président de la fédération d’athlétisme, etc. La touche Ahizoune se ressent partout où l’homme passe. Ses contempteurs lui reprochent une nouvelle tendance à la mégalomanie et citent le projet du futur siège de Maroc Telecom, une méga-tour de 21 étages. Mais ses partisans restent plus convaincants. Ils mettent en avant le sérieux et la simplicité de Si Abdeslam, un bosseur avant tout. Ses employés sont les premiers surpris de le voir passer le plus clair de son temps à travailler. “Quand il n’est pas en déplacement, il est le premier arrivé pour sortir le dernier”, témoigne un de ses collaborateurs. “Il a une capacité de travail impressionnante, surenchérit un autre. Il est capable de s’éclipser une heure d’une réunion du directoire, pour briefer un journaliste dans son petit bureau à côté, régler un problème relatif à l’athlétisme dans le couloir et revenir juste à temps pour trancher une décision et lancer une visioconférence avec Paris”. L’homme redouble aujourd’hui d’efforts pour conserver la suprématie de son entreprise sur le marché marocain, surtout après l’arrivée de France Telecom.
Avec un agenda professionnel aussi rempli, il lui reste évidemment peu de temps pour sa famille. “Ses trois enfants viennent souvent déjeuner avec lui dans un restaurant en face du siège”, explique un de ses collaborateurs. Sinon, quand il décide de se reposer, quand il n’est pas en mission ou en déplacement quelconque, Ahizoune choisit de passer des week-ends paisibles dans son fief natal, entre Tiflet et Sidi Abderrazak. Sa manière, sans doute, de se rappeler d’où il vient et de contempler, non sans satisfaction, tout le chemin parcouru.
Salaire. Un fonctionnaire au CAC 40 [/encadre]
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