Décryptage. Où va le Maroc ?

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Signaux contradictoires, discours ambivalents… les soubresauts de l’actualité sont perturbants. Alors que le royaume s’engage dans la voie d’une réforme constitutionnelle, les hommes du pouvoir comme les troupes du Mouvement du 20 février marchent en rangs dispersés. Le point après l’attentat de Marrakech.

Vendredi 6 mai, à Rabat. Quelques dizaines de manifestants investissent l’une des scènes du festival Mawazine, sur la rive du Bouregreg. Ce sont les activistes qui réclament l’annulation du festival de musique, prévu du 20 au 28 mai. Les derniers d’une race en voie de disparition. Car, depuis leur appel, l’attentat de Marrakech a convaincu de la nécessité de maintenir l’événement, qui attire au royaume reines et rois des charts. D’un coup, Mawazine est l’occasion de redorer l’image du royaume à l’étranger, et les slogans contre “le gaspillage de l’argent public” se font tout petits. Dimanche 8 mai, à Marrakech, peu de slogans comme “flouss châab fin mchat, Mawazine wal hafalat” ou encore “bghina khoubz ou koumira, ach bghina b’Shakira”. Les décibels sont plutôt montés pour des slogans contre le terrorisme. Même topo à Derb Soltane à Casablanca, où les revendications de l’abrogation de la loi antiterroriste ou encore la fermeture du centre de détention de Témara ont disparu. Comme par magie. Résultat, les théories du complot, à coups de “à qui profite le crime ?”, ont le vent en poupe. Le choc de l’attentat du café Argana a remis une couche de méfiance sur le scepticisme latent dans la société. Si le complot est plausible pour beaucoup, c’est qu’ils ont perdu toute confiance dans le Makhzen et ses institutions. Bien à l’abri du bruit de la rue, annonces et décisions fusent de toutes parts. D’un côté, le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), par la voix de son président Driss El Yazami, promet de mener une enquête sur un présumé centre secret de la DST à Témara. Un signe encourageant. De l’autre, la justice se montre sévère à l’encontre du journaliste Rachid Niny : détention provisoire, sur la base du Code pénal. Un désastre. Le journaliste est même devenu le symbole de la liberté de la presse pour les manifestants du 20 février… Face à ces rebondissements, les acteurs politiques sont perplexes. “ça bouillonne de partout, mais on ne sait pas où cela va mener”, résume Khalid El Hariry, député USFP. Et pour cause, depuis trois mois, les repères volent en éclat. 

Mamfakinch
Au début de l’année, aucun parieur n’aurait misé sur la possibilité qu’un mouvement de contestation populaire contre l’absolutisme émerge au Maroc, sans répression ni dérapage. De Facebook à la rue, il n’y a qu’un pas que les jeunes du 20 février ont franchi. Né sur la Toile, le mouvement est clairement soufflé par les révolutions tunisienne et égyptienne, sans pour autant tomber dans le mimétisme arabe : ce n’est pas le chef de l’Etat que l’on veut déchoir, mais son gouvernement et ses institutions gangrenées. Dès le 20 février 2011, les slogans et les pancartes appellent à faire tomber, en vrac, Fouad Ali El Himma, Mounir Majidi ou encore Abbas El Fassi, à séparer le business du pouvoir, etc. Malgré des actes isolés de vandalisme, à Tanger, Marrakech ou Al Hoceïma, cette première occupation de l’espace public est un succès pacifique et populaire (238 000 marcheurs selon les organisateurs, 37 000 selon la police). Aux côtés des jeunes militants, il y a foule : Abdelhamid Amine et Khadija Ryadi de l’AMDH, l’homme d’affaires et militant associatif Karim Tazi, des membres du PSU et même Mustapha Ramid, le ténor islamiste qui défie le boycott de la marche voulu par le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane. Le mouvement impose son tempo à tous, véritable “marche ou crève !” avec son lot de mini-révolutions au PPS et à l’USFP, aussi, étalant la division entre les pro-20 et les partisans de la retenue. Au deuxième grand rendez-vous, le 20 mars, les slogans s’affinent : “Smaâ Sawt Chaâb”, non à l’article 19, etc. L’organisation est irréprochable : les manifestants forment des chaînes de sécurité devant les commerces et les édifices publics, et les forces de l’ordre sont discrètes, malgré la présence en force d’Al Adl Wal Ihsane. La troisième marche nationale, dimanche 24 avril, réunit encore des dizaines de milliers de participants dans tout le royaume. 

Le souffle, mon vieux !
Pourtant, l’impression de liesse populaire retombe… Si le Mouvement du 20 février a réussi à faire renaître la culture des manifestations au Maroc, il n’a pas d’identité unifiée ni de leadership, à la fois une force et une faiblesse. Pour faire court, c’est une plateforme, un ensemble de revendications et des actions. De 30 coordinations dans tout le royaume, le mouvement est passé à 115 entre le 20 février et le 24 avril, date de la dernière grande manifestation. “Chaque coordination fonctionne de manière autonome, décide de son assemblée générale, de ses ordres du jour et des actions de protestation à mettre en exergue”, explique Elabadila Chbihna Maaelaynine, activiste de la cellule de Rabat. “Nous fonctionnons comme une ruche. Notre reine, ce sont nos revendications”, poursuit-il. Parmi elles, la dissolution du parlement et la mise en place d’une nouvelle constitution où le roi règne mais ne gouverne pas et la justice sociale. En gros, le Mouvement du 20 février trace les grandes lignes d’un changement, sans apporter une vision détaillée du changement voulu. “Nous sommes une force de protestation, et non une force de proposition”, souligne très justement Elabadila. 
Cette intransigeance sur le cahier des doléances du mouvement permet en fait d’ajourner le débat sur les questions qui fâchent. Car il n’y a aucun accord de vues entre militants de gauche et ceux d’Al Adl Wal Ihsane sur l’égalité hommes-femmes, sur la laïcité, etc. En réalité, le Mouvement du 20 février privilégie une sorte de “réalisme de la rue”, où tous les moyens sont bons pour donner de la voix. Fricoter avec les barbus fait bien sûr peur dans les salons de la bourgeoisie, mais pas aux jeunes. Alors, essoufflement ? Pour Aadel Es-Saâdani, militant pour les droits culturels et pro-20 février, “le mouvement ne s’essouffle pas, il se propage de la rue vers les institutions, les partis, avec des slogans comme “Radi, dégage” ou “Abbas El Fassi, dégage”. Cet état d’esprit de combat a forgé un néologisme : la 20 févriérisation”. L’heure est à la surenchère, ou du moins à l’opportunisme. Abdellah, enseignant du secondaire, témoigne : “Aujourd’hui, dans nos négociations sociales avec le ministère, le ton a changé”. Son combat est pour la reconnaissance, pour les générations futures, celle de ses enfants d’abord. Et il prédit une extension du domaine de la lutte, “quand les choses se seront calmées en Libye et en Syrie”. Pour ce professeur, après 35 ans de fonction publique, il n’y a plus rien à espérer. “J’ai connu trop de déceptions pour croire que tout va être réglé par un simple discours”. 

The King’s speech
Face au joyeux bordel du Mouvement du 20 février – auberge espagnole pour les enthousiastes, mayonnaise ratée pour les sceptiques -, la réplique royale a été une métonymie de sa puissance politique et symbolique. Parce que son pouvoir est absolu, Mohammed VI ne pouvait répondre que par la force ou l’éclat. Par deux fois, depuis le 20 février, le monarque a marqué une “reprise en main”, sur le fond mais surtout dans la forme : la première fois par son discours du 9 mars, la deuxième par la grâce collective de prisonniers du 14 avril. Deux évènements qui renseignent sur la capacité du pouvoir à reprendre en main le temps politique. Avec l’annonce de la grâce royale accordée à 190 “détenus d’opinion”, il renoue avec le geste du bon roi. Mohammed VI fait d’une pierre plusieurs coups. La libération, parmi les bénéficiaires de cette grâce, de 95 détenus dits politiques (pêle-mêle indépendantistes, militants associatifs et islamistes, détenus salafistes) est bien sûr une réponse à une revendication ancienne, portée avec force par les manifestants du 20 février. C’est aussi un gage de bonne foi à destination du tout nouveau Conseil national des droits de l’homme, créé le 3 mars. Le timing de ce pardon royal, le 14 avril, à la veille de la présentation d’un rapport délicat du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara, est également un message dirigé à l’opinion internationale. Dans la tradition de la justice retenue, le roi se pose en ultime recours quand la justice des hommes faillit. Sauveur tout-puissant, le roi reste celui qui lie et qui délie. Quant au discours du 9 mars, son contenu, son ambition et ses suites continuent d’animer le paysage politique, plus de deux mois après. Encensé par habitude, le discours a été disséqué pour une fois. “Le roi a ouvert les portes, sans s’engager sur le contenu”, relève l’économiste Fouad Abdelmoumni. Avant d’ajouter : “En revanche, il s’est engagé sur un calendrier, sur lequel s’appuie aujourd’hui la revendication de changement”.

Acheter du temps
Oui, le roi a frappé un grand coup. En prenant de court partis et institutions, il a placé la barre très haut. Pour tout le monde, y compris pour lui-même. Certes, le discours est une rupture en soi. Bien sûr, le contexte régional a joué. Face à la folie de destruction que déchaîne le colonel Kadhafi contre la population libyenne, l’initiative de Mohammed VI sonne comme un appel de la raison. Avant même sa concrétisation, c’est le signal d’ouverture que tout le monde attendait et chacun y trouve son compte. Les progressistes y voient une première victoire de leur engagement en faveur de la démocratie, quand les “loyalistes” préfèrent noter, encore une fois, l’exception marocaine et la clairvoyance royale. Une Commission consultative de révision de la Constitution (CCRC) est créée le 10 mars. Présidée par Abdeltif Menouni, un constitutionnaliste classé à gauche, elle compte 19 membres, en majorité des universitaires. La CCRC a, depuis, reçu une multitude de memoranda, notamment ceux des partis politiques, mais pas seulement.
“Nous travaillons dans la sérénité, confie ce membre de la Commission. Notre communication est discrète, mais nous avançons. Nous venons de recevoir les recommandations d’une plateforme de 800 associations. Il y a des personnes qui y croient”. Car il y a eu des refus de rencontrer la Commission Menouni, notamment de la part des jeunes du 20 février. Pour Abdelmoumni, il est important de maintenir la pression : “Le roi s’est enfermé dans son agenda. S’il ne lâche pas sur le caractère despotique de son pouvoir (l’article 19), il se retrouvera avec une contestation plus forte”. Il faut croire que l’allocution royale ne règle rien, elle prend date. Le roi est monté au filet et sa position est celle du volleyeur, en attente. Risque maximum et peut-être, dès l’été, la possibilité de marquer le point. Impossible de pronostiquer l’issue du bras-de-fer engagé entre la rue et le roi, tant les rapports de forces sont incertains, et les partis hors du coup. A moins d’un coup de théâtre…

Le temps du doute
Jeudi 28 avril à 11h. La nouvelle d’un attentat perpétré dans un café de la place Jamâa El Fna à Marrakech fait l’effet d’une bombe. Au sens propre. 17 morts (dont une douzaine de touristes), 24 blessés… Le bilan humain est lourd. Très vite pourtant, l’évènement suscite des questions politiques. On peut toutes les résumer en une seule : le processus de réformes sera-t-il pris en otage par l’aile dure du régime ? Le doute s’installe au sein du Mouvement du 20 février, de plus en plus méfiant. Surtout que ce sentiment de doute est alimenté, depuis le premier souffle du printemps marocain, par un discours ambivalent, une approche hésitante et des mesures parfois contradictoires. Exemple : les autorités tolèrent, depuis le 20 février, des marches non autorisées, mais de nombreux rassemblements pacifiques ont été dispersés par les forces de l’ordre. La répression, le 13 mars, du sit-in devant le siège du PSU à Casablanca est sans doute le cas le plus emblématique de cet arbitraire qui perdure. Dans plusieurs autres villes du royaume, les manifestants ont goûté au gourdin dans la nouvelle ère, post-9 mars. C’est ce manque de confiance qui justifie le refus du Mouvement du 20 février de rencontrer la CCRC. “Le changement comme on l’entend peut prendre deux ans, mais sûrement pas deux mois”, ironise Elabadila. Ce militant, comme beaucoup d’autres, rejette la légitimité de la commission chargée de présenter une proposition de nouvelle constitution, pour la mi-juin. Pour Elabadila, “il ne s’agit pas de nous recevoir et de nous écouter à propos de points déterminés à l’avance, mais que le peuple marocain mette sa vision sur la table. C’est à partir de cette vision que les axes du changement seront enfin déterminés”.
Sans chef de file ni projet dans le sens opérationnel du terme, le Mouvement du 20 février donne l’impression, aujourd’hui, de s’être essoufflé, banalisé. Pourtant, il draine de plus en plus de convaincus et fait sortir des milliers de personnes dans les rues. “En l’espace de deux mois, nous sommes vite passés à une petite crise de maturité”, explique Elabadila. Pour lui comme pour d’autres, l’essoufflement se ressent depuis la nomination de la CCRC. “Le mouvement peut connaître un flux et reflux, nuance Youssef Belal, membre du bureau politique du PPS et pro-20 février. Mais dans les moments cruciaux, la mobilisation sera au rendez-vous”. Un avis que partage le porte-parole d’Al Adl Wal Ihsane, Fathallah Arsalane : “Si le pouvoir compte jouer la montre pour affaiblir le mouvement et laisser les choses se calmer, il se trompe éperdument. Cette logique ne fonctionne plus avec cette nouvelle génération qui n’a plus peur”.

“Maintenir la pression”
Favorable au Mouvement du 20 février, Khalid El Hariry a été l’un des premiers à se déclarer au sein de l’USFP. Aujourd’hui, ce député invite les jeunes à ne pas se laisser diluer. Pour lui, “ce genre de mouvement est difficile à maintenir sur le long terme. Il gagnerait désormais à renforcer ses liens avec les partis qui respectent sa diversité. C’est d’ailleurs l’approche de la jeunesse socialiste”. Est-ce au Mouvement du 20 février de proposer un projet politique ? Pas pour l’instant, répondent la plupart de ses militants. “Ce qui est sûr, c’est que nous maintiendrons la pression tant que nous n’obtiendrons pas de réponses à toutes nos revendications”, affirme le jeune militant Nizar Bennamate. Comprenez, même après la publication du projet de constitution. La logique de la rue est exclusive, rien ne l’arrête. Ignorez ses revendications, elle criera au scandale. Lâchez du lest, elle dénoncera la manipulation tactique. Implacable. Fathallah Arsalane, porte- parole de la Jamaâ, pointe le “double jeu” du pouvoir : “La grâce des détenus politiques a surtout concerné des prisonniers qui avaient quasiment purgé leur peine. Al Adl Wal Ihsane est exclu des médias publics alors que l’on prétend libérer la parole”. Partagée par le citoyen moyennement sceptique, cette méfiance est aussi légitimée par des acteurs politiques de tous horizons. “Si le doute fait avancer la science, sachez que nous, Marocains, sommes encore plus soupçonneux que les scientifiques, nous explique Lahcen Daoudi, secrétaire général adjoint du PJD. Nous avons vécu des expériences amères par le passé, de nombreuses promesses n’ont pas été tenues. Il est difficile alors de donner du crédit à la volonté de réforme tant qu’il n’y a pas eu de mesures palpables”. Pire, certaines décisions prennent le contre-pied des réformes affichées. Celle de placer en détention Rachid Niny est vécue par sa corporation, où il ne compte pourtant pas que des amis, comme un véritable attentat contre la liberté de la presse. 

Guerre froide ?
Un recul ou un coup d’arrêt qui laisserait penser que les pilotes de l’avion Maroc ne sont pas totalement d’accord sur la direction à prendre. “à l’intérieur même du pouvoir, les avis divergent. Et en fonction des cas, une aile peut prendre le dessus sur l’autre”, analyse Khalid El Hariry. Même son de cloche du côté de Youssef Belal : “Le degré de réformes et d’ouverture ne fait pas l’unanimité au sein du premier cercle du pouvoir. Il y a des luttes internes au sein du système”, surenchérit le militant progressiste. L’idée d’un pouvoir divisé gagne du terrain. Pour schématiser, une tranchée se dessine entre faucons et colombes, à l’intérieur même du régime marocain. Une simplification qui donne le beau rôle à la monarchie. Tel un arbitre au-dessus des passions, le roi serait le gardien rêvé de ces équilibres. Or, pour tentante qu’elle soit, cette théorie ne convainc pas les forces en mouvement. Car le 20 février a introduit un nouvel acteur dans l’arène politique : la rue. Du poids des jeunes et de leur capacité à maintenir la pression, dépendra le résultat des prochains mois. “Le mouvement n’est peut-être pas impressionnant dans l’opérationnel, mais il a un fort potentiel”, rassure Fouad Abdelmoumni, soutien optimiste des revendications du Mouvement du 20 février. “La pérennité de la mobilisation reste la principale garantie pour la poursuite des réformes”, estime Youssef Belal. Vigie citoyenne, le Mouvement veut jouer aussi un rôle de garde-fou. Un contrepoids populaire qui ne s’est jamais manifesté durablement dans le Maroc de Hassan II, puis de Mohammed VI. On peut espérer que la vigilance de la rue a été déterminante dans la série de décisions qui ont suivi l’attentat du café Argana. Aucune arrestation injustifiée, plus de transparence dans l’enquête de police… le tour de vis sécuritaire tant décrié après le 16 mai 2003 n’a pas (encore) eu lieu.

 

Projection. Un agenda (presque) parfait.
Dans quelques semaines, le calendrier politique risque de se transformer en un long couloir de rendez-vous, plein de rebondissements. Agenda prospectif, pour ne rien manquer des prochaines échéances.

20 mai. The show must go on ?
Le lancement de la 10ème édition de Mawazine sera-t-il l’occasion d’un coup médiatique des anti-Mawazine, qui ont érigé le festival en totem du favoritisme et du gaspillage ? Après l’attentat de Marrakech, pas sûr qu’on les laisse faire…

22 mai. La marche du dimanche
Depuis le 20 février, la marche organisée l’avant-dernier dimanche du mois atteint des pics de mobilisation populaire. C’est le baromètre par excellence pour juger de la capacité d’attraction du Mouvement et de l’évolution de ses slogans.

Mi-juin. Rendu des copies !
C’est l’échéance fixée par Mohammed VI dans son discours du 9 mars à la Commission consultative pour la révision de la Constitution. En coulisses, on susurre que ce délai a été avancé à fin mai. En tout cas, la copie transmise au souverain sera lue et corrigée avant d’être rendue publique.

30 juillet. 30 minutes pour convaincre
A moins d’une allocution exceptionnelle, le roi devrait profiter du traditionnel discours du trône pour dévoiler le contenu du projet de constitution. Moment délicat, puisque le texte sera soumis à référendum dans la foulée. Les listes électorales devront avoir été auparavant actualisées.

20 août. Oui ou non ?
Le roi pourrait profiter du discours commémoratif de la révolution du roi et du peuple pour annoncer la date du référendum constitutionnel. “Lya lyakin chaâbya al aziz anak satousawitou binaâm” (je suis certain cher peuple que tu voteras oui), avait pour coutume de dire Hassan II en pareilles circonstances.

Fin septembre. Test électoral
Après le référendum (plébiscite ?), Mohammed VI dissoudrait l’actuel parlement pour convoquer des législatives anticipées. Passage de la théorie à la pratique, ce premier scrutin législatif serait un test des nouvelles institutions et de l’adhésion qu’elles suscitent. 

7 Octobre. Parlement, nous voilà
A l’ouverture de la session d’automne du parlement, les nouveaux se congratulent pour leurs victoires électorales. Le roi, invité à accueillir la nouvelle législature, annonce que le Premier ministre (PJD ? USFP ? RNI ?) a toute sa confiance pour former un gouvernement de coalition

 

Finances publiques Y a plus de sous !
Les dernières statistiques publiées par Bank Al-Maghrib tirent la sonnette d’alarme. “A fin février, le déficit ressort à 13,9 milliards de dirhams contre 4,9 milliards un an auparavant”, nous apprend la dernière “Revue de la conjoncture” publiée par la banque centrale. Le niveau actuel du déficit dépasse donc déjà les prévisions de la Loi de Finances 2011. En seulement deux mois, le gouvernement n’a théoriquement plus de marge de manœuvre, alors que depuis la mi-février, Abbas El Fassi et son argentier Salaheddine Mezouar dépensent sans compter pour acheter une fragile paix sociale. Outre la rallonge de 15 milliards de dirhams pour subventionner les produits alimentaires et le carburant, l’embauche de 4300 diplômés chômeurs dans la fonction publique, la facture du dialogue social 2011 sera salée. Très salée, après les récentes promesses de relever les salaires et les pensions de retraite des fonctionnaires. “Le ministère des Finances est en train de réaliser les estimations, en ce moment. Le coût des promesses faites aux syndicats devrait avoisiner les 8,5 milliards de dirhams”, nous confie Khalid El Hariry, député USFP. Or, les caisses de l’Etat sont déjà vides. Où trouver alors l’argent ? “C’est tout le drame de la gestion des finances publiques. On prend des décisions sans penser aux sources de financement. Pour cette année, il va falloir couper dans les budgets d’investissements et de fonctionnement”, nous explique le député socialiste. Ce ne sera pas suffisant. Reste le recours à l’endettement public, avec les risques de hausse des taux d’intérêts. Un signe qui ne trompe pas : le Trésor vient d’annoncer des besoins se situant à 10 milliards de dirhams pour le mois de mai, alors qu’à la même période de l’année dernière, le Trésor levait un (petit) milliard de dirhams. “Les liquidités bancaires vont finir par s’épuiser, anticipe Lahcen Daoudi, l’économiste du PJD. à un moment ou un autre, il faudra forcément se tourner vers l’international”. Une autre (et dernière) piste, en tout cas sérieusement explorée par le département des Finances, serait le recours à d’importantes opérations de privatisation pour séduire des investisseurs étrangers. à défaut de vider les bas de laine, le gouvernement braderait les bijoux de famille pour payer ses chers fonctionnaires.

 

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