Mauvaise passe financière pour Suez, les déboires de Sita à Casablanca en cause

Après avoir annoncé une chute de 45 millions d'euros de son résultat d'exploitation, le groupe français Suez a vu son cours baisser de 16,6% à la bourse de Paris. Cela s'explique notamment par l'arrêt du contrat de gestion déléguée des déchets qui liait sa filiale Sita à la ville de Casablanca.

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Avant la présentation officielle des résultats 2017 du groupe français Suez Environnement dans quelques semaines, la direction a fait connaître ses estimations le 23 janvier dans un communiqué, attribuant ses résultats décevants aux performances de sa filiale Sita: « Suez devrait atteindre ses objectifs 2017 de croissance organique de chiffre d’affaires, de génération de Free Cash-Flow et de levier financier. En revanche, l’EBIT a été affecté au quatrième trimestre à hauteur de 45 millions d’euros par des dépenses spécifiques. Elles sont essentiellement provoquées par la situation particulière en Espagne et des coûts associés à la décision de mettre un terme à deux contrats de services, au Maroc et en Inde, suite à des difficultés opérationnelles« .

Le lendemain, le groupe a payé cher cette annonce sur le marché, révèlent nos confrères des Inspirations Eco dans leur édition du 29 janvier, accusant un plongeon de 16,6% à la Bourse de Paris, sa pire chute boursière depuis sa cotation en 2008. Il affichait jusque-là une rentabilité croissante sur le marché.

Le sort de la filiale Sita, qui assurait la gestion des déchets sur une partie de la ville de Casablanca depuis 2004, n’est donc pas étranger à ces mauvais résultats. En octobre dernier, un accord de résiliation par « consentement mutuel » avait été signé entre le Conseil de la Ville et le gestionnaire des ordures ménagères.

La résiliation avait pourtant été poussée par les élus de la ville. D’après l’adjoint au maire Mohamed Haddadi, cette décision avait été ordonnée par « la nécessité de mettre fin à la dégradation de la propreté » dans la capitale économique. Il dénonçait « plus de 200 infractions sont relevées quotidiennement à cause du non-respect du cahier des charges« .

Le Conseil de la ville avait également pointé les manquements au sujet du marché de gros, le renouvellement des camions-bennes et « le refus de coopérer » avec l’autorité délégante. Les pénalités infligées à la société Sita à cause de ces négligences avaient atteint, de janvier à août dernier, 30 millions de dirhams. Mohamed Haddadi déplorait que ces pénalités n’aient fait « qu’accentuer les pertes matérielles« .

De son côté, Sita, qui avait demandé en février 2017 une révision du contrat afin d’augmenter les tarifs, estimait en septembre que le contrat n’était plus « rentable« . Depuis octobre dernier, la collecte des déchets a été provisoirement confiée à Casa Prestations, société semi-publique mandatée par le Conseil de la ville pour accompagner ce dernier dans l’élaboration du nouveau cahier des charges.

S’il faut donc s’attendre à un repli des résultats opérationnels annoncés d’ici quelques semaines, les prévisions de croissance pour 2018 devraient permettre au groupe français de renouer avec la croissance.

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