Après Crédit du Maroc, le scandale des primes d'ancienneté éclabousse la BMCE et Attijariwafa Bank

Par effet de ricochet, le scandale des primes d’ancienneté du Crédit du Maroc touche désormais la BMCE et Attijariwafa Bank. Fin décembre, le Syndicat national des banques a appelé le personnel à se mobiliser pour faire respecter le Code du travail.

Par

Crédit : Toumi/Tniouni

L’affaire révélée par TelQuel le 1er décembre n’en finit pas de faire des vagues. Après être arrivée au parlement et avoir provoqué la réaction du président du directoire du Crédit du Maroc, Baldo Valverde, qui a annoncé une régularisation des primes d’ancienneté,  c’est au tour des autres banques d’être impactées.

Au problème spécifique à Crédit du Maroc (CDM), qui concerne l’assiette de salaire de base prise en compte pour le calcul, s’en ajoute un autre qui impacte plus largement le secteur bancaire et concerne le barème déterminant le pourcentage de prime.

Alors que les banques marocaines sont légalement obligées de se baser sur le barème du Code du travail qui est le plus avantageux pour calculer les primes d’ancienneté (voir infographie: barres en rouge), la BMCE et Attijariwafa Bank utilisent, à l’instar du CDM (barres en bleu), celui de la Convention collective du secteur bancaire qui date de 1956.

Cette dernière n’a pas été mise à jour après l’entrée en vigueur du Code du travail, et est moins avantageuse pour les salariés (barres en vert)Or, les écarts sont conséquents : de 2% entre 3 et 5 ans d’ancienneté, ils grimpent à 18,5% au-delà de 26 ans, toujours en défaveur de la convention.

graphique prime d'ancienneté CDM

(source: code du travail, convention collective de travail du personnel de banques du Maroc, fiche de paie de crédit du Maroc)

C’est contre cette irrégularité que le Syndicat national des banques (SNB), branche bancaire de la Confédération démocratique du travail, monte au créneau. « Nous avons été les premiers à revendiquer la normalisation et l’indexation de la prime d’ancienneté sur le Code du travail et non suivant une convention collective du 1er avril 1956, dépassée par la réglementation en vigueur et devenue obsolète. Une affaire portée au GPBM (Groupement professionnel des banques du Maroc) ainsi qu’aux présidents des banques en 2015« , s’indigne le syndicat dans deux communiqués, respectivement adressés au personnel de la BMCE le 25 décembre et à celui d’Attijariwafa Bank le 27 décembre.

Joint par téléphone, le secrétaire général du SNB, Abdelah Mansag, assure que le syndicat a envoyé une lettre en ce sens au GPBM en janvier 2015, dont il ne souhaite cependant pas nous donner copie. Il évoque également la situation des retraités du secteur bancaire: « ils sont aussi impactés par ces irrégularités au niveau du calcul de leur retraite par la CIMR« .

« Il est loin le temps où les salariés des banques faisaient partie des mieux payés. Malgré les chiffres records réalisés par la Banque, la situation matérielle et morale de son personnel ne cesse de se dégrader », considère le syndicat. Contactées par nos soins, la BMCE et Attijariwafa Bank n’ont pour l’heure pas réagi à ces communiqués.

Alors que le jugement de la Cour d’appel dans l’affaire du lanceur d’alerte Reda El Ouadi, ancien salarié de CDM,  prend en compte le barème du Code du travail de 2004 pour recalculer sa prime, la voie semble tracée pour des actions judiciaires des salariés de toutes les banques se basant sur le mauvais barème. Pour l’heure, une trentaine de dossiers d’anciens salariés et de retraités du Crédit du Maroc sont déposés devant la justice et de nombreux autres sont en cours de dépôt.

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer