"L'Afrique en marche", l'ouvrage qui donne des clés pour la croissance sur le continent

Ce livre est présenté à travers l'Afrique comme le guide pour redresser économiquement le continent. Au Maroc, sa version arabe a été présentée le 12 septembre par ses quatre auteurs, dont l'ancien président nigérian Olusegun Obansanjo. Extraits.

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Olesung Obasanjo a présenté le livre "L'Afrique en marche au président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Crédit : Présidence du Burkina Faso

« Making Africa Work », soit mettre « l’Afrique en marche ». L’ambition du livre coécrit par quatre auteurs dont l’ancien président nigérian Olusegun Obansanjo est grande. Alors que l’ouvrage est présenté à travers le continent comme le manuel pour redresser l’économie africaine de façon pratique, sa version arabe a été présentée le mardi 12 septembre à Rabat en présence de ses auteurs. Telquel.ma vous livre des passages et des extraits du livre qui évoque plusieurs fois le Maroc.

Lire aussi : Olusegun Obasanjo au Maroc pour présenter « L’Afrique en marche », le livre destiné aux leaders du continent

Tourisme, le secteur le plus prometteur

Les auteurs du livre expliquent clairement que « le secteur du service a une contribution importante à la croissance de tous les pays » du continent. « Il compense les emplois perdus dans l’agriculture et l’industrie« , poursuivent-ils, insistant sur le fait que « le tourisme est l’un des secteurs les plus prometteurs pour la plupart des pays africains, car il offre une possibilité de création d’emplois« .

Selon eux, « un emploi est créé pour chaque 10 touristes qui visitent un pays« . Ils listent alors toute une série de recommandations qui peuvent concerner le Maroc, qui avec l’Afrique du Sud, « reçoit 40% des touristes du continent« .

« Pour que le tourisme soit accessible, les pays africains doivent être desservis par des lignes aériennes qui sont viables et qui doivent délivrer autant de visiteurs que possible« , expliquent les auteurs. Ils prennent en exemple les cas de l’Éthiopie et aux Émirats Arabes Unis. Le CEO d’Ethiopian Airlines, Tewolde Gebre Mariam livre ses conseils :

D’abord, vous devez avoir une vision sur le long terme, et elle doit venir du gouvernement et pas seulement de la ligne aérienne puisque vous avez besoin d’une politique claire. Le gouvernement doit répondre à la question s’il considère la ligne aérienne comme un outil stratégique ou un simple business. Ensuite, vous avez besoin d’un management consistant (…) Bien qu’il y ait un marché international dans les salaires des pilotes, et que la compagnie aérienne a été contrainte à contrecœur d’ajuster à la hausse son offre pour conserver son équipe plus expérimentée, les employés sont un facteur clé des coûts. Les gouvernements doivent rendre les vols faciles, abordables et sécuritaires pour le public si ces pays veulent échanger avec les uns avec les autres.

Être plus actif dans la réglementation internationale

« L’avènement de la téléphonie mobile a permis d’améliorer radicalement l’accès à l’argent sur les principaux marchés africains. Par l’intermédiaire de M-Pesa, le Kenya compte la plus grande population en Afrique, avec 25,4 millions d’abonnés« , constatent les auteurs du manuel. Ils conseillent alors aux « pays financiers les plus sophistiqués« , dont le Maroc ou encore l’Afrique du Sud, la Namibie et Maurice, de « devenir plus actifs dans la réglementation internationale, de sorte que les règles mondiales soient plus sensibles aux besoins financiers des pays en développement« .

Malheureusement, les règles sont actuellement prises et faites à Bâle et à Washington pour faire face aux risques américains et européens. Dans les pays en développement, ces règles rendent les emprunts plus coûteux pour guérir une maladie (le résultat d’un trop grand effet de levier par les banques) que l’Afrique n’a pas encore. L’Afrique devrait chercher à utiliser des financements concessionnels (pour les banques de développement) afin d’élargir la finance privée, et non pas de la remplacer. Les contribuables (que ce soit dans les pays riches ou en Afrique) sont généralement disposés à prendre des tranches plus risquées et à plus long terme de dette (…). Cela rend le secteur privé capable de prêter aux mêmes projets.

Le Maroc, un exemple en matière de technologie

Le Maroc est cité comme un exemple à suivre en termes de politique pour le développement de la technologie comme moteur de croissance et d’emplois. « À 10 kilomètres en dehors de Rabat, sur l’autoroute entre Casablanca et Tanger, se trouve Technopolis, un campus incubateur de start-ups« , commencent les auteurs de l’ouvrage qui rappellent que les 50 entreprises de cet écosystème sont « attirées par des loyers faibles, une bonne connectivité, l’accès à des financements pour étendre leurs activités, ainsi qu’au mentoring« .

Le livre mentionne aussi le Technopark de Casablanca ouvert en 2001 et celui de Tanger ouvert en 2015, ainsi que la zone franche Aéropole, à 30 kilomètres de Casablanca. Les auteurs évoquent aussi les politiques industrielles destinées aux secteurs de l’automobile et l’aéronautique, ainsi que la création de zones franches qui ont su attirer des entreprises internationales.

La croissance industrielle a été construite sur un nombre de facteurs comme la proximité avec les marchés européens, une main d’oeuvre relativement peu chère, un accord commercial de 1,5 milliard de dollars avec les États-Unis, l’UE, la Turquie et plusieurs pays d’Afrique du Nord, un système logistique efficace, ainsi que des taxes et autres incitations.

Les auteurs expliquent ainsi que le développement de la technologie résulte d’une politique de changement et d’une action gouvernementale. Ils mettent notamment en avant l’action d’Ahmed Chami, ancien ministre de l’Industrie, du Commerce et des nouvelles Technologies. « Le gouvernement s’est préoccupé d’améliorer l’infrastructure comme un secteur à lui seul, ce qui devrait à la fois booster la croissance et agir en tant que facilitateur« , relèvent-ils.

Jusque là, l’histoire tech du Maroc consiste à appliquer la technologie existante pour créer des opportunités d’affaires et à améliorer la gouvernance et la prestation des services. Aucun futuriste « back to the future » n’est essentiel. (…) Au lieu de cela, il faut des outils politiques et des leaders capables et dynamiques.

 À partir de l’exemple du Maroc, les auteurs de l’ouvrage livrent une liste de recommandations, adressées à tous les pays du continent:

Les incubateurs peuvent fournir des idées réalisables. Mais les tourner en business est beaucoup plus difficile. Dans l’ensemble, la politique autour de la technologie doit être orientée vers l’encouragement des petites et moyennes entreprises, qui représentent la grande majorité des emplois dans les pays à faible revenu. S’assurer que ces entités prospèrent nécessite, comme l’illustre le Maroc, un financement des start-ups, ainsi qu’un bon écosystème pour les efforts collaboratifs.

Les gouvernements doivent accepter le pouvoir du crédit. Ils doivent aussi accepter le rôle des chaînes de production mondiales dans la fabrication, comme être une des douzaines de fournisseurs de composants de l’iPhone d’Apple. Le besoin d’ouverture signifie encourager la migration vers l’intérieur des compétences, inclure l’éducation correcte, investir dans la recherche et le développement et stimuler l’innovation. Les gouvernements doivent apprécier les coûts de la variation réglementaire entre les pays et leur surcharge sur les entreprises.

Les outsiders, danger ou plus-value ?

« Avec l’aide de consultants, six priorités ont été identifiées: aéronautique, automobile, délocalisation, textile et vêtement, électronique et agro-industrie« , relèvent les auteurs au sujet du Maroc. De quoi montrer que « les outsiders peuvent ajouter une énorme valeur au business. À travers de courtes et tranchantes interventions, ils peuvent identifier les mesures pour réduire les coûts, restructurer une sélection de produits, sélectionner et promouvoir des produits, les processus et les coûts des fusions, des ventes et des acquisitions – tous les domaines où ils ont une expertise évidente et authentique« . 

McKinsey, a joué un rôle important dans les réformes de l’économie marocaine pour identifier les priorités sectorielles. Les facilitateurs peuvent aussi jouer un rôle important dans les idées. Et il est parfois utile d’obtenir une perspective extérieure, libre de toute contrainte institutionnelle, pour tester toute logique ou supposition. Mais il y a le danger que les consultants externes n’aient pas suffisamment d’intérêt, à part leur récompense financière immédiate. Il y a le risque (…) que leurs idées ne soient pas adaptables à la réalité du terrain.

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