"Mossalaha", un nouveau programme de réinsertion des condamnés pour terrorisme

Le programme Mossalaha, dont la première phase a été mise en oeuvre entre mai et juin, a pour but de faciliter la réintégration des personnes condamnées pour terrorisme ou radicalisme.

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Détenus salafistes (photo d'illustration). Crédit: DR
Détenus salafistes (photo d'illustration). Crédit: DR

Le ministère de la Justice publiait le 19 août un communiqué dans lequel il annonçait que 415 personnes condamnées par la justice bénéficiaient de la grâce royale. Parmi elles, 13 personnes condamnées pour terrorisme et ayant pris part au programme « Mossalaha » (« réconciliation », ndlr). Un programme qui était alors inconnu de tous, jusqu’à ce jeudi 24 août, où il a été présenté par un communiqué de la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR).

Décrit comme « unique au monde » et préparé suivant les « directives royales« , le programme « Mossalaha » a été  élaboré par la DGAPR de concert avec la Rabita Mohammedia des Oulémas, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et des experts du radicalisme.

La première phase de ce programme, mise en oeuvre entre mai et juin 2017, s’est conclue avec « succès » selon la DGAPR qui indique qu’elle a été menée du 29 mai au 25 juin 2017 dans la prison d’El Arjat à Salé. Les personnes qui y ont participé sont des personnes condamnées pour terrorisme ou radicalisme représentant « différents profils ou courants » radicaux. L’ensemble des prisonniers ayant participé à ce programme l’ont fait sur la base du « volontariat« , précise le communiqué.

Dans le détail, le programme, dont la gestion a été déléguée à une équipe d’experts, se décline en quatre axes. Le premier concerne le volet religieux et a pour but d’assurer aux participants du programme « Mossalaha » une bonne « compréhension » et « assimilation » des textes sacrés.

Le deuxième axe, celui des droits de l’homme, a pour but d’inculquer aux participants  des connaissances sur le cadre juridique et légal régissant les interactions au sein de la société ainsi que leurs droits et obligations.

Le troisième axe est celui de la réhabilitation et de l’accompagnement psychologique. Selon la DGAPR, les détenus participant au programme ont traversé plusieurs épreuves psychologiques notamment lors de leur arrestation, leurs procès et leurs arrivées en prisons.

Le but de cet axe est donc de les accompagner psychologiquement afin également de leur permettre d’accéder à la réhabilitation socio-économique qui est l’objet du quatrième axe de ce programme. Celui-ci a pour but de faciliter la réintégration des détenus au sein de la société.

Témoignages de victimes

La DGAPR précise que les participants au programme « Mossalaha » ont visionné ou entendu des enregistrements de familles de victimes d’attaques terroristes. Ils ont également bénéficié d’une assistance psychologique à ce moment-là, pour éviter que cela ne complique leur réinsertion. La première phase de « Mossalaha » s’est conclue avec un test durant lequel les participants ont dû remettre en cause un discours extrémiste à travers les enseignements reçus dans le cadre du programme.

La délégation dirigée par Mohamed Salah  Tamek précise que le timing choisi pour communiqué sur ce programme n’est pas lié « à une conjoncture particulière« . Une référence à peine voilée  aux récents attentats de Barcelone et de Cambrils. La DGAPR annonce par ailleurs qu’elle évaluera la possibilité de lancer une deuxième phase de ce programme avec « d’autres partenaires« .

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