Saidia: deux nouveaux hôtels et de nombreux défis

Deux nouveaux hôtels ouvriront leurs portes l’été prochain à Saidia. Gérés par l’Espagnol Melia, ces deux établissements devront faire face à l’inertie d’une station qui a fait fuir d’autres gestionnaires.

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Saidia tient bon, malgré un contexte délicat. Deux nouveaux établissements hôteliers ouvriront cet été dans la station balnéaire. Un troisième est prévu pour 2018. Portées par la CDG et confiées en gestion à la célèbre chaîne espagnole Melia Hotels International – qui pose pour la première fois ses valises au Maroc – les trois unités totalisent quelque 2.000 lits.

La particularité du nouveau venu: « Melia Hotels ouvrira ses hôtels 9 mois sur 12 », promettait Gabriel El Escarrer, patron et fondateur du groupe espagnol. « Les erreurs des projets précédents, c’est qu’ils partaient avec un concept saisonnier [ne fonctionnant que quatre mois sur douze, NDLR]. Là, il y a un changement, car on essaie de faire sortir la station de sa saisonnalité« , analyse Youssef Zaki, président du Conseil régional du tourisme de l’Oriental. De quoi donner un coup de fouet à une station moribonde ?

Un espoir pour une station moribonde

Un hôtel club de 150 chambres niché sur un parcours de golf, un « beach hotel » de 396 chambres, et une résidence hôtelière de 190 unités en front de mer, le tout pour un investissement d’un milliard de dirhams. Voilà en substance le projet annoncé en 2014 par Melia Hotels et la SDS, société détenue par la CDG et le FMDT – devenu un fonds souverain baptisé Ithmar. Aux journalistes sceptiques qui l’interrogeaient sur le choix de Saidia, dont la rentabilité laisse à désirer, Gabriel El Escarrer répondait, lors d’une conférence de presse en février 2014 que « la station n’a pas encore atteint sa masse critique, d’où son manque de rentabilité. Mais les opportunités qu’elle offre sont prometteuses« . 

Exemple d’opportunités: « Il n’y a pas que le soleil à Saidia. Les activités nautiques et les conférences permettront de faire connaître la destination auprès du marché européen « , argumentait le patron de Melia Hotels. La chaîne mise surtout sur l’accueil des clients neuf mois sur douze, alors que la station ne fonctionne depuis son lancement que quatre mois par an. Un pari bien difficile qui avait poussé d’autres gestionnaires de la perle de l’Oriental à jeter l’éponge.

Exemple d’un échec

Construit sur une superficie de 15 hectares, Oriental Bay Beach à Saidia, propriété de H-partners, le fonds d’investissement de la SNI, a coûté la coquette somme de 600 millions de dirhams. Le luxueux hôtel, qui compte pas moins de 1.200 lits, soit la moitié de la capacité de la station balnéaire, peine à trouver un gestionnaire depuis 2013. Le jugeant peu rentable, l’opérateur espagnol Barcelo a plié bagage en 2012. Il condamnait alors le fleuron hôtelier de Saidia à la fermeture.

Mis devant le fait accompli, le propriétaire des murs confie la gestion de l’Oriental Bay Beach à Atlas Hospitality, chaîne hôtelière qui appartient elle-même à H-Partners. « Nous avons été les seuls à ouvrir l’hôtel tout l’hiver dans une station qui ne fonctionne qu’en été, mais ça n’a pas marché », regrette un cadre d’Atlas. Résultat : la chaîne hôtelière jette l’éponge à son tour en 2013.

« L’établissement est fermé depuis fin 2013, car aucun gestionnaire n’a voulu reprendre le flambeau« , nous expliquait en février dernier Youssef Zaki. « On n’arrive pas à trouver une solution satisfaisante pour l’hôtel de Saidia. On avait exploré un certain nombre de pistes, mais aucune n’a abouti. D’ailleurs toute la station est sinistrée », nous expliquait récemment Khalid Cheddadi, patron de la CIMR, qui fait partie du tour de table depuis la création de H-Partners en 2007.

Selon nos informations, le fonds d’investissement a tenté de céder l’établissement en le bradant à 300 millions de dirhams (soit la moitié de son coût d’investissement), sans succès. En résumé huit après son inauguration, la station censée servir de fer-de-lance au Plan Azur n’a vu l’ouverture que de trois hôtels dont l’un est fermé depuis quatre ans.

En attendant les autres

« On doit renforcer la capacité litière pour attirer des voyagistes », suggère le président du conseil régional du tourisme. C’est aussi l’objectif de la SDS. Après l’arrivée de Melia Hotels, la filiale de la CDG a lancé fin 2016 un appel à manifestation d’intérêt international pour séduire de nouveaux investisseurs. « Dans le cadre de la poursuite du développement de la station, SDS souhaite à présent sélectionner un ou plusieurs développeurs hôteliers pour le développement de 3 parcelles de terrain aménagées. Ces lots de terrain se situent en front de mer et sont destinés à accueillir des unités hôtelières de catégorie 4 ou 5 étoiles, gérées par des enseignes de gestion de renommée internationale », indique le document. Le résultat de l’appel n’a pas été communiqué. Contactée par Telquel.ma, la SDS n’a pas donné suite à notre appel.

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