Malgré ses efforts, le Maroc reste toujours en proie au trafic humain

Pour le département d'État américain, le Maroc reste, malgré ses efforts, un pays émetteur, récepteur et de transit pour des personnes sujettes aux travaux forcés et au trafic humain.

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Une femme mendie dans la rue avec son bébé. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Le département d’État américain a publié le 1er juillet son rapport sur le trafic d’êtres humains pour l’année 2016. Se référant à une étude du gouvernement marocain menée conjointement avec une organisation internationale, le rapport revient sur des points déjà soulevé l’année dernière, relatifs au fait qu’« au Maroc, des enfants sont utilisés pour les travaux forcés, les travaux domestiques, la prostitution et la mendicité. »

« Malgré le fait que le travail des enfants ait régressé depuis 2005, l’on remarque toutefois que des filles sont recrutées dans la campagne pour travailler dans les maisons et dans les villes et deviennent ainsi victimes des travaux forcés », note le rapport.

Le document explique que « certains garçons sont exploités et endurent les travaux forcés dans l’industrie de l’artisanat et de la construction ainsi que chez les mécaniciens ». Certaines filles sont également victimes de prostitution car « des membres de leurs familles et de leur entourage les forcent à se prostituer. »

Le département d’ État précise aussi que « des hommes, femmes et enfants marocains sont victimes de travaux forcés et de trafic sexuel, essentiellement en Europe et au Moyen-Orient ». Pour les femmes qui partent au Moyen-Orient, certaines d’entre elles « sont obligées de se prostituer ».  Les hommes subissent aussi la pression dans la mesure où « certains recruteurs du Golfe qui offrent des emplois à des hommes marocains les accueillent en confisquant leur passeport et en leur bandant les yeux à l’aéroport. »

L’exploitation que subissent ces Marocains existe aussi dans le Vieux continent. « En Europe, des hommes et garçons marocains sont obligés d’effecteur des travaux frauduleux et de vendre la drogue. Des étrangers, particulièrement Espagnols et Français, engagent des enfants marocains pour faire du tourisme sexuel », explique le rapport.

« Le Maroc fournit de grands efforts pour en finir avec le trafic humain »

« Des réseaux criminels opérant à Oujda, à Nador et au bord de la frontière algérienne forcent les femmes migrantes à la prostitution et à la mendicité au même titre que leurs enfants, si elles en ont », révèle le rapport, ajoutant que « la plupart des femmes subsahariennes qui se prostituent pour transiter vers l’Europe dans cette zone sont nigérianes ». Le rapport cite d’autres ONG qui avancent la même conclusion : « Des enfants non-accompagnés et des femmes provenant de la Côte d’Ivoire, de la République démocratique du Congo, du Sénégal, du Nigeria et du Cameroun sont hautement vulnérables au trafic sexuel et aux travaux forcés. »

À noter qu’en février 2015, le ministère de l’Intérieur s’est attaqué à la problématique du trafic humain en démantelant un campement de la forêt de Gourougou situé à Nador procédant à l’arrestation 1200 personnes. Selon le ministère, cette opération « a permis la libération de plusieurs migrants, notamment des femmes et enfants, qui étaient contraints de vivre au sein de cette forêt par les réseaux de passeurs et de traite des êtres humains. »

Le rapport américain s’intéresse également à la problématique des travailleuses provenant de l’Asie. « Certaines femmes des Philippines et de l’Indonésie sont recrutées pour effectuer des tâches domestiques. Une fois arrivées au Maroc, certaines sont sujettes aux travaux forcés, au non-paiement, à la confiscation de leurs passeports ou encore à des abus physiques de la part de leurs employés », constate le département d’État américain.

Même s’il révèle des faits alarmants, le département d’État américain nuance en affirmant que le gouvernement marocain, même s’il n’a pas atteint encore « le standard minimum » pour éliminer le trafic d’être humains, fournit de grands efforts pour éradiquer ce phénomène. Pour cette institution, le Maroc « continue ses efforts en matière de prévention contre le trafic humain et l’exploitation sexuelle des enfants. »

En matière de juridiction, il est toutefois constaté que « la loi marocaine n’interdit pas toutes les formes de trafic humain. Ce manque de clarté pousse même les officiels à confondre trafic humain, contrebande et immigration clandestine », ajoute le document.

 

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