Une partie du mouvement amazigh rejoint le Parti du renouveau et de l’équité

Plusieurs têtes d’affiche du mouvement amazigh viennent de faire leur entrée dans le parti de renouveau de l’équité (PRE).

Par et

Après les salafistes qui ont rejoint le Mouvement démocratique et social (MDS) de l’ancien commissaire Archane, le mouvement amazigh vient de faire son entrée dans le Parti du renouveau et de l’équité (PRE) de Chakir Achehbar. Plusieurs personnalités dudit mouvement ont rejoint ce petit parti qui dispose de deux députés à la première Chambre.

Parmi les personnalités les plus en vue figurent, entre autres, Ahmed Dgharni, Mounir Kejji et Abdelouahed Driouch. Ils sont parmi les treize personnes à avoir intégré le bureau politique du PRE, composé de 26 membres. Ahmed Arehmouch, un autre militant amazigh, a intégré, quant à lui, le conseil national parmi 47 autres militants amazighs. Ce qui laisse penser que les militants amazighs ont bien négocié leur entrée dans ce parti. Ainsi, dans le bureau politique, quatre postes de vice-président du parti ont été créés, tous occupés par les nouveaux arrivants. De plus, le parti a désigné deux porte-parole, une femme et un homme, dont un s’exprimera en arabe et en amazigh tandis que l’autre se manifestera en français et en anglais. Contacté par Telquel.ma, Chakir Achehbar, qui se félicite du changement de cap, considère que cet événement «est tout a fait normal vu l’historique de l’engagement du parti pour la cause amazighe».

Think different

Le parti a annoncé la tenue d’un congrès extraordinaire le 28 mai. Ordre du jour : acter la désignation de ces membres dans ces postes, ainsi que le changement du nom du «Parti du renouveau et de l’équité» à «Tamunt pour le renouveau» (L’union pour le renouveau en amazigh). Le logo du parti, actuellement représenté par une pomme, sera changé.

Ce mouvement qui a rejoint le PRE se compose de personnalités du Parti démocrate amazigh marocain (PDAM) et d’autres initiatives de la société civile. Pour rappel, le PDAM avait été interdit par le ministère de l’Intérieur en 2007 et a été dissous par le tribunal administratif de Rabat en 2008 pour non conformité avec les lois régissant les partis politiques, qui bannit la création des partis sur des bases ethniques. Mounir Kejji, nouveau membre du bureau politique du PRE, nous explique que les nouveaux arrivants«considèrent cette entrée comme une continuité non seulement du PDAM, mais de tous les projets politiques amazighs». Ahmed Dgharni, secrétaire général du PDAM dissout, avance prudemment : «On est en train d’essayer de travailler de l’intérieur de ce parti, on verra ce que ça va donner». En tout cas, nous explique-t-il, «l’affaire du PDAM est actuellement en instance et n’a pas encore été portée devant la cour de cassation». Une façon pour lui de laisser la porte ouverte si cette intégration au PRE s’avère non concluante.

Le parti compte se présenter aux prochaines élections législatives car «on veut être présents au sein des institutions», souligne Abdelouahed Driouch. Cette envie puise sa raison dans une «volonté de promouvoir la question amazighe que ce gouvernement a laissé de côté, faute de volonté». Le parti qui a soutenu en 2011 le gouvernement de Benkirane, se dit aujourd’hui «démocrate et moderniste défendant l’égalité et les libertés individuelles et combattant la pensée obscurantiste», à en croire le nouveau membre du bureau politique Driouch. Sans pour autant passer à l’opposition, ce parti a pris ses distances par rapport au gouvernement à en croire son président Achehbar. «Ce gouvernement a échoué à combattre ce dont pourquoi il a été élu, c’est-à-dire la corruption et l’absolutisme. Il a préféré cohabiter avec ces fléaux», conclut Achehbar. Une première pomme de discorde ?

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