La popularité d’Abdelilah Benkirane est en baisse. Les Marocains qui lui font confiance et sont satisfaits de lui sont de moins en moins nombreux au fil de son mandat. C’est ce qui ressort du baromètre TelQuel-Tizi-Averty. Mais aux yeux des personnes interrogées, Abdelilah Benkirane reste malgré tout le mieux placé pour gouverner, puisqu’à la question « Qui voyez-vous Chef du prochain gouvernement ? », c’est lui qui arrive en tête (44,9 %). En deuxième position arrive le nouveau patron du PAM, Ilyas El Omari. Celui que l’on présente comme le challenger d’Abdelilah Benkirane ne récolte que 15,3 % des réponses. Si Tizi fait remarquer qu’il ne s’agit pas d’intentions de vote (certaines personnes peuvent espérer voir une personne gouverner, mais ne la « voit » pas prochain Chef du gouvernement parce qu’elles savent qu’elle n’obtiendra pas les voix suffisantes pour), cela donne tout de même une tendance.
Nabila Mounib crée la surprise. 8 % des sondés la voient bien prochaine Chef du gouvernement. Elle dépasse ainsi Salaheddine Mezouar (5%), Nabil Benabdellah (3,5%) et Hamid Chabat (2%). Nabila Mounib est la seule femme chef de parti. « Elle incarne une certaine liberté de ton et s’est vu confier une mission diplomatique importante en Suède », remarque Tizi qui estime que « c’est plus sa personnalité que son programme qui semble attirer l’intérêt des sondés ». 73 % des sondés affirment déjà savoir pour qui voter aux prochaines élections, même si les Marocains interrogés ne font pas vraiment confiance au champ politique en général (41,3 % de confiance).
Benkirane convainc de plus en plus les riches
Presque la moitié des sondés voient Abdelilah Benkirane prochain Chef du gouvernement. En revanche, alors qu’il y a encore un an (lors du dernier baromètre), 62 % des sondés accordaient leur confiance à Abdelilah Benkirane, ils ne sont plus que 48,5 % aujourd’hui. Les chiffres sont similaires concernant la « satisfaction » du Chef du gouvernement (44,7 % contre 55,2 % en janvier 2015) et la confiance accordée au gouvernement dans son ensemble (48,4 % contre 57,8 % en janvier 2015).
Abdelilah Benkirane perd des points parmi les classes populaires (25 points en moins entre juillet 2013 et mars 2016). Parmi les explications données par les politologues consultés : la dégradation du pouvoir d’achat des CSP D et E, notamment à cause de la mauvaise activité agricole. C’est d’ailleurs dans la région rurale du centre qu’Abdelilah Benkirane rassure le moins (39,8 % de confiance).
À l’inverse, les populations aisées semblent davantage satisfaites du Chef du gouvernement et lui accordent de plus en plus leur confiance. « Les CSP +, qui ont finalement peu d’attente vis-à-vis du politique, si ce n’est la préservation de la stabilité politique et sociale pour préserver leurs privilèges, voient leur attente satisfaite puisque la stabilité politique et sociale a été préservée pendant tout le mandat », commente pour nous Tizi.
Ce sont les jeunes qu’Abdelilah Benkirane séduit le plus.
Les domaines dans lesquels les réalisations du gouvernement satisfont le plus sont la sécurité, le transport et la corruption. Emploi et pouvoir d’achat sont les domaines les moins bien notés.
L’opposition progresse sensiblement
Mais les Marocains voient-ils une alternative à Abdelilah Benkirane ? Alors que le Chef du gouvernement baisse dans les sondages, l’opposition progresse, mais n’arrive toujours pas à le rattraper. Elle n’obtient pas la moyenne, que ce soit en matière de visibilité, de crédibilité, d’efficacité ou de sérieux. Seuls 17 % des sondés lui font confiance.
En revanche, à la question « l’opposition ferait-elle mieux que le gouvernement actuel si elle était au pouvoir ? », 34,4 % répondent par l’affirmative. Un chiffre faible, mais en augmentation tout de même puisqu’en juillet 2013, il était établi à 17,8 %. Une différence qui correspond grossièrement à la baisse de popularité d’Abdelilah Benkirane. « C’est le balancier des démocraties : quand le parti élu ne satisfait pas, on vote pour le parti opposé, en espérant qu’il fasse mieux, même si on en est pas convaincu », commente Tizi, avant d’ajouter : « Mais en tout cas, le parti au pouvoir semble inspirer beaucoup plus confiance que les partis de l’opposition ».
Méthodologie. Baromètre TelQuel-Tizi-AvertyLe baromètre a été réalisé par l’institut de sondage Averty entre février et mars, par Internet, auprès de 1098 répondants, âgés d’au moins 18 ans, pouvant s’exprimer en arabe ou en français. Les sondés ont été choisis aléatoirement parmi un panel représentatif de la société marocaine. Les CSP A et B représentent ainsi 15 % des personnes interrogées. 33 % des sondés vivent dans la région de l’Atlantique, 21 % dans celle du centre, 23 % dans celle du nord et 23 % dans celle du sud. Averty explique que : « De nombreux contrôles de qualité assurent la représentativité et la fiabilité des sondages Averty conformément aux standards ESOMAR, l’association internationale des professionnels des études de marché dont Averty est membre Corporate. Les données finales du sondage ont été pondérées à l’aide des données de composition démographique du Maroc selon l’âge, le sexe et la répartition géographique de façon à garantir un échantillon représentatif de la population. Aux fins de comparaison, un échantillon probabiliste de 1 098 répondants auraient une marge d’erreur respective de +/- 3,1%, et ce, dans 19 cas sur 20 ». Tariq Ibnou Ziyad Initiative (Tizi) est un réseau citoyen qui se dit « indépendant, patriote et non partisan », issu de la société civile et porté par les jeunes, qui œuvre pour l’augmentation de la participation politique des jeunes et pour l’émergence de jeunes leaders, pour contribuer à une meilleure gouvernance au Maroc.[/encadre] Découvrez les autres résultats du baromètre TelQuel-Tizi-Averty, dans le numéro 713 de TelQuel en kiosque cette semaine. |
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