La crise des enseignants stagiaires prend de l'ampleur

Le gouvernement a décidé de sévir contre les enseignants stagiaires en interdisant une manifestation prévue pour le 14 avril. Le front des enseignants est, pour sa part, morcelé et ne parvient pas à adopter une position commune.

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Enseignants stagiaires © Yassine Toumi

Le dossier des enseignants-stagiaires cristallise l’attention (et la tension) au sein du gouvernement. Celui-ci était en effet au cœur du dialogue social entre le gouvernement et les syndicats tenu le 12 avril. «La discussion sur la situation des enseignants-stagiaires s’est faite à l’initiative du Chef du gouvernement» nous confie une personne présente lors de la relance des discussions entre l’Exécutif et les syndicats. Une rencontre à l’issue de laquelle le Chef du gouvernement a appelé «les syndicats à jouer un rôle d’intermédiaire en tant qu’acteur social important» nous détaille notre source.

Quelques heures après ce nouveau round du dialogue social, qui était interrompu depuis juillet 2015,  la primature a publié un communiqué annonçant l’interdiction de la manifestation du 14 avril. Une annonce suivie, quelques minutes plus tard, d’un communiqué du ministère de l’Intérieur avertissant les éventuels participants à la manifestation prévue le 14 avril par le mouvement «qu’ils seront responsables […] de tout acte contraire à la loi.»

Interdits de mouvement

Un communiqué qui suscite diverses réactions chez les représentants des enseignants-stagiaires. D’un côté, la Commission nationale des enseignants stagiaires affirme que le communiqué du Chef du gouvernement annonçant l’interdiction de la manifestation du 14 avril ne «respecte pas l’esprit de la Constitution» et «met en péril le droit de manifester» affirme Rachid Oussaid, l’un des représentants du mouvement. Celui-ci n’abandonne pas l’idée d’un «rassemblement» sans pour autant parler de «manifestation». A noter que le gouverneur d’Ouarzazate a publié, dans la soirée du 12 avril, un arrêté dans lequel il interdit aux enseignants-stagiaires résidant dans sa juridiction de se déplacer en groupe ou individuellement à Rabat.

De l’autre côté, l’un des syndicats ayant participé au dialogue social a décidé de réagir vivement au communiqué du Chef du gouvernement. Dans un communiqué envoyé le 13 mars à Telquel.ma, l’Association nationale pour l’éducation, affiliée à la Confédération démocratique du travail, affiche «son soutien à la bataille des professeurs et appelle les enseignants à s’engager fermement dans ce combat pour défendre l’éducation publique.» La représentation syndicale s’est également dit «surprise par l’attitude d’un gouvernement qui affichait sa volonté de respecter les libertés individuelles lors du dialogue social.»

Un autre acteur, l’Initiative civile, une structure informelle composée d’ONG et de syndicats et qui s’est autoproclamée représentante du mouvement, a proposé un compromis composé de cinq points au wali de Rabat. Celui-ci prévoit la reprise immédiate des cours ; la conclusion de formation théorique des enseignants  au cours des mois de mai, juin et juillet; la conclusion de la formation pratique sera complétée en septembre, octobre et novembre 2016; la tenue de l’examen de fin d’études en décembre 2016; et Le recrutement de l’ensemble des candidats  ayant réussi l’examen en janvier 2017. Une proposition que le Chef du gouvernement s’est dit prêt à accepter lors d’une déclaration à la presse. De son côté la commission nationale des enseignants-stagiaires considère ce compromis «comme une base de négociation crédible avec le gouvernement » mais juge que l’Initiative civile ne peut en aucun cas « représenter le mouvement des enseignants stagiaires ».

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